« Au cas où l’Allemagne et la Russie poursuivent la construction et l’exploitation du gazoduc Nord Stream 2, destiné à transférer le gaz russe en Europe, elles se heurteront aux sanctions américaines », a averti le gouvernement américain.
Sandra Oudkirk, vice-secrétaire adjointe du département d’État des États-Unis, citée par Sputnik, a déclaré que les États-Unis avaient considéré la possibilité d’introduire des sanctions contre le projet Nord Stream 2, en soulignant qu’il mettrait en péril la sécurité énergétique européenne.
« Nous utiliserons toutes nos capacités de persuasion. Nous serons ravis si ce projet ne voit pas le jour », a-t-elle déclaré jeudi.
S’exprimant devant un parterre de journalistes à Berlin, elle a souligné que l’application de ce projet pourrait être visée par la loi des sanctions du Congrès adoptée en août 2017. En vertu de cette loi, le gouvernement américain est autorisé à intervenir contre des projets énergétiques liés à la Russie. Ladite loi a été adoptée sous prétexte de l’implication de Moscou dans la crise ukrainienne et son « ingérence » présumée dans les élections présidentielles américaines.
Washington a des préoccupations d’ordre sécuritaire, puisque l’application de ce projet de gazoduc permettra à Moscou de se procurer des équipements de supervision sous-marine dans la mer Baltique, ce qui est très important pour les États-Unis. Il y a un autre point qui inquiète Washington : l’exécution de ce projet pourrait contourner l’Ukraine, qui était un lieu de transit du gaz russe vers l’Europe, et la priver du revenu.
« La Russie a toujours considéré Nord Stream 2 comme un projet purement économique et indépendant de tout processus politique. La position américaine sur Nord Stream 2 est connue depuis longtemps. Donald Trump défend les intérêts commerciaux américains », a déclaré le président russe Poutine à l’issue de ses négociations avec Angela Merkel vendredi à Sotchi.
Il est à noter que lors du déplacement d’Angela Merkel en avril à Washington, le président américain lui a demandé de renoncer à son appui au projet Nord Stream 2. En échange, il lui a proposé d’entamer des négociations sur un nouvel accord commercial transatlantique.
Fin mars, l’Allemagne a donné son feu vert à la construction et à l’exploitation du gazoduc dans sa zone économique exclusive. Auparavant, Angela Merkel avait déclaré que son pays considérait Nord Stream 2 comme un projet économique qui ne constituerait pas « une menace à la diversification des sources d’approvisionnement ».
Le gazoduc Nord Stream 2 traversera la mer Baltique, reliant les fournisseurs russes aux consommateurs européens sur plus de 1 200 km. Le pipeline aura un débit de 55 milliards de mètres cubes de gaz par an. Le projet a un coût estimé à près de 10 milliards d’euros. Les partenaires de Gazprom dans le projet sont Engie, OMV, Shell et deux sociétés allemandes, BASF et Uniper.