Alors qu’il recevait Mahmoud Abbas, le président français Emmanuel Macron a exprimé une « volonté de neutralité » au sein du dialogue israélo-palestinien sur le statut de la sainte Qods. Alors, c’en est fini du soutien de la France à un État indépendant palestinien ?
« Il n’y aura pas de reconnaissance de l’État de Palestine par la France, ni initiative française ou européenne pour sortir de l’impasse le conflit israélo-palestinien », a déclaré Macron vendredi lors d’une conférence de presse commune avec Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, à l’issue de leur entretien à l’Élysée.
« Décider unilatéralement de reconnaître la Palestine est-il efficace ? Je ne crois pas. Car ce serait une réaction » à la décision américaine « qui a provoqué des troubles dans la région », a développé Emmanuel Macron. « Je répliquerais une erreur d’un type pareil », a-t-il estimé, ajoutant qu’il n’allait « pas construire le choix de la France en réaction » à la politique américaine.
La récente décision américaine de reconnaître la ville sainte de Qods comme capitale des territoires occupés a effectivement provoqué de vives réactions internationales qui ont débouché jeudi sur une large condamnation par l’Assemblée générale de l’ONU.
Malgré cet appel du pied, et tout en reconnaissant que « les Américains se sont marginalisés » après la décision de Donald Trump, Emmanuel Macron « ne veut pas prendre de risques en avançant des idées ou une initiative, dont la concrétisation serait plus qu’aléatoire », commente Le Figaro. Mais est-ce la prudence à l’origine de cette décision ? Certains commentaires y voient surtout la manifestation d’un changement de cap de Paris dans le dossier palestinien.
Car la position de l’actuel patron de l’Élysée ne va pas dans la continuité de celle de ses prédécesseurs. Macron dit attendre connaître le contenu de l’initiative de paix américaine, censée accompagner la récente décision de Donald Trump. Ce qui revient à dire que la France de Macron veut accorder ses violons avec Washington, balayant d’un revers de main l’indépendance qui caractérisait pendant très longtemps la politique palestinienne de Paris.
En 2014, Assemblée et Sénat avaient adopté à large majorité la proposition de résolution PS sur la reconnaissance de l’État palestinien.