Emmanuel Macron a présenté, le mardi 26 septembre, son projet pour relancer l’Europe devant environ 800 étudiants français et étrangers réunis dans le grand amphithéâtre de l’université de Paris-Sorbonne. Un long discours où Emmanuel Macron a cherché à mobiliser ses partenaires européens en agitant la menace des extrêmes.
Emmanuel Macron gardait un air posé lorsqu’il a égrené ses propositions, mais a presque crié en appelant ses homologues européens, au sursaut, à « prendre leurs responsabilités ».
À la Sorbonne, le président français s’est montré offensif, volontariste, quitte à bousculer ses partenaires. Son argument est en réalité une mise en garde : si nous ne faisons rien, les extrêmes continueront de s’agrandir avant d’arriver au pouvoir. « Nous avons oublié de défendre l’Europe, nous avons laissé s’installer le doute », a-t-il lancé.
Pendant plus d’une heure et demie de discours et trois quarts d’heure de questions-réponses avec la salle, le président français a insisté sur le fait qu’il faut avancer vite. Et il compte toujours, pour ce faire, sur l’aide son allié allemand. Emmanuel Macron est tellement serein sur l’avenir de l’axe Paris-Berlin, et Angela Merkel le suivra, quelle que soit sa future coalition. Il est certain d’être dans le sens de l’histoire et se place en exemple : « si les Français n’avaient pas voulu plus d’Europe, ils auraient voté pour Marine Le Pen ».
Parmi les premiers à réagir, Jean-Claude Juncker a salué le discours « très européen ». « L’Europe a besoin de courage. Merci pour votre soutien aux institutions européennes », a tweeté le président de la Commission européenne.
Dans le même ordre d’idées, plusieurs commissaires européens ont souligné que l’une ou l’autre proposition d’Emmanuel Macron allait donner une nouvelle impulsion à un projet déjà en cours comme l’Agence de l’innovation numérique qui rejoindrait le Conseil européen de l’innovation ; ou bien une nouvelle impulsion à des projets dans l’impasse comme la taxe sur les transactions financières ; à des projets oubliés comme le corps européen de protection civile ; ou encore des propositions qui vont encore plus loin que des efforts en cours, par exemple l’harmonisation de l’impôt sur les sociétés.
« Macron peut compter sur nous », a assuré le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel. « Nous devons maintenant saisir cette ouverture en faveur d’initiatives franco-allemandes pour rendre l’Europe plus démocratique, impliquer les citoyens et la préparer pour l’avenir », a-t-il déclaré.
À l’inverse, les réactions en France ont été plus contrastées. Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a ainsi critiqué sur Facebook ce projet européen consistant à « défaire la France pour mettre une Europe en pièces avec des morceaux s’éparpillant dans tous les sens. Une Europe de la défense agressive et patchwork, une Europe vouée au marché unique où la France abandonne son industrie, son école, son indépendance politique ».
« Il veut une Europe fédérale, il veut plus d’intégration européenne, il veut que nous abandonnions encore plus de souveraineté », a dénoncé de son côté la présidente du FN Marine Le Pen. Un avis partagé par son ancien vice-président Florian Philippot. « Il aurait pu nous épargner deux heures de notre temps en disant clairement et carrément qu’il voulait un État européen et qu’il voulait être président de la République européenne ou chef d’État européen, parce que ça y ressemble vraiment », a persiflé le député européen dans une vidéo publiée sur Facebook.
Une posture qui inquiète Olivier Faure. « L’Union européenne, ce n’est pas : "tout le monde derrière la France, tout le monde derrière Jupiter" », prévient le chef de file du groupe Nouvelle Gauche à l’Assemblée nationale qui redoute un échec. « En exprimant ses propositions en France, devant un public essentiellement français, avec une vision française de l’Europe, le président de la République a péché par orgueil », a estimé dans un communiqué le député Les Républicains Damien Abad.
Avec RFI