Amine Maalouf s’interroge sur la notion d’identité, sur les passions qu’elle suscite, sur ses dérives meurtrières. Y aurait-il une loi de la nature ou une loi de l’Histoire qui condamne les hommes à s’entre-tuer au nom de leur identité?
Dans le même ordre, il écrit dans son ouvrage «Les désorientés», "je m’inspire très largement de ma propre jeunesse. Je l’ai passée avec des amis qui croyaient en un monde meilleur."
Le dérèglement du monde selon Amine Maalouf
Tout naturellement, en tant que témoin de son siècle, il réagit au désenchantement du monde. Il écrit: «En ces premières années du XXIe siècle, le monde présente de nombreux signes de dérèglement. Dérèglement intellectuel, caractérisé par un déchaînement des affirmations identitaires qui rend difficiles toute coexistence harmonieuse et tout véritable débat. Dérèglement économique et financier, qui entraîne la planète entière dans une zone de turbulences aux conséquences imprévisibles, et qui est lui-même le symptôme d’une perturbation de notre système de valeurs. Dérèglement climatique, qui résulte d’une longue pratique de l’irresponsabilité Pour lui, le dérèglement du monde tient moins à la guerre des civilisations «qu’à l’épuisement simultané des civilisations, l’humanité ayant atteint en quelque sorte son «seuil d’incompétence morale».
Pour Amine Maalouf, l’Occident «est infidèle à ses propres valeurs», ce qui le disqualifie auprès des peuples qu’il prétend acculturer à la démocratie. Sa tentation: préserver par la supériorité militaire ce que ne lui assure plus sa supériorité économique ni son autorité morale.
Bien avant Amin Maalouf, l’Emir Abdelkader dans «El Maoukef» écrivait à propos de la défaite de la pensée en Occident: «Plutôt que d’interroger, nous nous interrogeons sur l’avenir de l’homme en général et de l’Occident en particulier puisque c’est lui qui dominera le monde matériel. Cet Occident est malade de son intelligence. Il a beau être savant, il n’arrive pas à saisir une vérité essentielle tant il est vrai qu’il est assoiffé de conquête et de pouvoir, aveuglé par l’illusion de sa puissance, prônant l’argent pour Dieu.» Le philosophe René Guénon, à son tour, dans les années 1920 du siècle dernier, avait pointé du doigt l’inanité d’un Occident pétri de certitudes. «Comme ces causes sont précisément en même temps, celles qui empêchent toute entente entre l’Orient et l’Occident, on peut retirer de leurs connaissances un double bénéfice: travailler et préparer cette entente, c’est aussi s’efforcer de détourner les catastrophes dont l’Occident est menacé par sa propre faute.» (...)
Professeur Chems Eddine Chitour
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