Un minutieux plan B alors que les États-Unis et la Turquie ont créé leur zone tampon dans le nord de la Syrie placée sous commandement militaire conjoint USA/Turquie : le Pentagone compte éliminer « en apparence » le facteur kurde pour contrer les réticences turques. On fait donc appel à Riyad afin de mobiliser les tribus arabes pour remplacer les Kurdes de Syrie. Mais cette énième tentative réussira-t-elle ?
Un opposant syrien a révélé, dans un enregistrement audio, que les États-Unis et l’Arabie saoudite visaient à aménager l’est de l’Euphrate à leur profit, par l’intermédiaire des tribus arabes.
Selon le journal arabophone Rai Al-Youm, un membre de la coalition d’opposition syrienne Michel Kilo a révélé que les États-Unis et l’Arabie saoudite avaient commencé à mettre en place un Conseil tribal dans toute la Syrie avec un budget pour deux ans.
Dans une nouvelle fuite d’un enregistrement audio, Michel Kilo a parlé des projets et du destin de l’est de l’Euphrate, notamment Idlib. Il a posé une question à son interlocuteur à l’autre bout de la ligne : qu’est ce que cela signifie politiquement ? Kilo a répondu à sa propre question en disant que la délégation de Genève était complètement dissolue et que la Russie affirme clairement que « si le cessez-le-feu est rétabli » et que « nous commençons la reconstruction de la Syrie », c’est la paix. Et dans ce cas, il n’y aura plus de révolution.
Citant des responsables russes, l’opposant syrien souligne ensuite que « le processus d’Astana est la seule voie de négociation qui a réussi et que donc Genève était une initiative ratée. Ainsi, les choses évolueront vers un nouveau processus d’Astana, ou un processus de Genève modifié ou une nouvelle formulation entre les deux ».
Rai Al-Youm, citant Michel Kilo, a écrit que le processus de Genève souffrait de la négligence internationale, de la faiblesse des Nations unies et du manque d’entente russo-américaine.
Kilo a déclaré que le Conseil tribal avait vu le jour suite au refus des États-Unis d’approuver le projet politique kurde.
Kilo a révélé que les Américains et les Saoudiens, lors de leur visite, ne sont pas venus directement dans la région kurde, mais ont atterri dans une région arabe. Pour ce dernier, cela est porteur d’un « message clair » de la part des États-Unis aux Kurdes : « Vous n’êtes pas la référence de la région. »
Michel Kilo a précisé que « les Américains et les Saoudiens cherchent à aménager la région de l’est de la Syrie à leur avantage pour former une réalité politique dominée par les tribus arabes ».
Des sources ont annoncé qu’à la mi-juin 2019, le ministre délégué saoudien pour les pays du golfe Persique, Thamer al-Sabhan, le sous-secrétaire d’État américain Joel Robin et l’ancien ambassadeur des États-Unis à Bahreïn sont arrivés à Deir ez-Zor à l’est de la Syrie et ont tenu une réunion avec des personnalités tribales de la région. Lors de la même réunion, apparemment, les préparatifs de la formation de ce Conseil tribal ont été examinés.
Bien que les États-Unis aient à plusieurs lâché les Kurdes, Riad Darar, le président du Conseil démocratique syrien, a annoncé qu’il avait pleinement mis en œuvre l’accord sur la « zone sûre » ; l’accord signé entre les États-Unis et la Turquie que le gouvernement syrien considère comme une violation de sa souveraineté.
Selon un rapport du New York Times, le Pentagone se prépare à envoyer environ 150 soldats dans le nord-est de la Syrie pour effectuer des patrouilles terrestres avec les forces turques, annulant au moins temporairement le retrait de la Syrie ordonné par le président Trump en décembre dernier.
Le nouveau déploiement de troupes, qui n’a pas encore été signalé, fait partie d’une série de mesures militaires et diplomatiques entreprises par les États-Unis ces dernières semaines pour désamorcer les tensions avec la Turquie, alliée de l’OTAN, après le soutien américain aux miliciens kurdes syriens.
Selon le New York Times, les États-Unis comptent actuellement un peu moins de 1 000 soldats en Syrie.
La Turquie a déclaré dans un communiqué en août dernier qu’elle avait convenu avec les États-Unis de mettre en place un centre d’opérations conjoint en Turquie afin de coordonner les affaires liées à l’établissement d’une zone de sécurité.
Les médias turcs avaient précédemment rapporté qu’Ankara cherchait à établir une zone sécurisée de 32 km dans le nord de la Syrie et insistait pour que les Unités de protection du peuple (YPG) soient débarrassées de ces zones.
Le gouvernement syrien a fermement condamné cet accord et le considère comme une violation flagrante de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.