Une plainte a été déposée contre le géant technologique américain « Microsoft », l’accusant d’être complice dans les crimes israéliens pour avoir dissimulé des données de surveillance liées à l’armée israélienne concernant les données personnelles des Palestiniens.
Le Conseil irlandais pour les libertés civiles (CILC), une association de défense des droits humains, a déposé une plainte jeudi 4 décembre, s’appuyant sur les témoignages d’employés affirmant que Microsoft avait facilité la suppression de preuves relatives à la surveillance généralisée pratiquée par l’occupation israélienne contre les Palestiniens, depuis des centres de données situées en Irlande, selon les informations relayées par Bloomberg News.
Le CILC estime que ces actions constituent une violation de la loi européenne sur la protection des données.
La plainte demande à la Commission de protection des données (DPC) d’Irlande d’examiner la manière dont Microsoft gère les données relatives à l’armée et au régime israélien et, si des irrégularités sont constatées, d’ordonner l’arrêt immédiat de ces traitements. La plaine a été déposée en Irlande, où se situe le siège européen de Microsoft. Les autorités irlandaises sont chargées de l’application du règlement européen sur la protection des données (RGPD).
Le dossier repose également sur des informations fournies par des lanceurs d’alerte, avec le soutien du groupe Eko, qui milite pour la responsabilité sociale des grandes entreprises technologiques.
Selon la plainte, ces transferts de données compromettent la capacité de l’Irlande à superviser des informations classées sensibles au titre du RGPD, l’une des législations les plus strictes au monde en matière de vie privée.
Microsoft avait annoncé en août l’ouverture d’une enquête externe après des révélations selon lesquelles l’armée israélienne avait utilisé la plateforme Azure pour enregistrer des appels téléphoniques de millions de Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie, en violation de ses conditions de service.
Cette dernière enquête fait suite à une enquête menée par le journal britannique The Guardian avec +972 Magazine et Local Call, qui révélait que l’unité 8200 du service d’espionnage militaire israélien, avait utilisé la plateforme électronique Microsoft Azure pour stocker les enregistrements des appels téléphoniques de citoyens palestiniens.
Selon The Guardian, Microsoft a prétendu que toute utilisation d’Azure « pour stocker des données téléphoniques interceptées par le biais d’une surveillance de masse ou à grande échelle de civils à Gaza et en Cisjordanie » est interdite par ses conditions d’utilisation. L’enquête sera menée par une équipe d’avocats du cabinet américain Covington & Burling.
Le géant technologique américain est confronté à une pression croissante de la part de groupes d’employés et de militants, notamment la campagne « Pas d’Azure pour l’apartheid », qui accuse l’entreprise de « complicité dans le génocide et l’apartheid » et exige qu’elle rompe tous ses liens avec l’armée israélienne et rende publiques ces informations.