TV
Infos   /   A La Une   /   Asie   /   L’INFO EN CONTINU

Important déploiement naval chinois près de Taïwan dans un contexte de présence militaire croissante du Japon

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le destroyer lance-missiles Tangshan appareille du port de Qingdao, dans la province du Shandong (est de la Chine), le 11 octobre 2025. ©Xinhua

La Chine a déployé son plus important contingent naval à ce jour dans les eaux d’Asie orientale, ce qui coïncide avec l’accélération de la militarisation par le Japon de l’archipel des Ryukyu, exacerbant les tensions dans la région sur fond de nouvelles inquiétudes concernant Taïwan.

Selon des responsables régionaux et des évaluations des services de renseignement, la Chine a déployé ce qu’ils ont décrit comme sa « plus importante démonstration de force maritime à ce jour », avec plus de 100 navires de guerre et des garde-côtes opérant de la mer Jaune au Pacifique occidental.

Bien que Pékin n’ait annoncé aucun exercice officiel, les analystes ont décrit cette activité comme une potentielle démonstration de puissance maritime dans un contexte politique délicat.

Cette intensification des activités maritimes intervient dans un contexte de tensions politiques avec Tokyo. Des propos tenus fin novembre par la Première ministre japonaise, Sanae Takaichi, ont été largement interprétés comme laissant entendre que Tokyo pourrait envisager une action militaire si la Chine attaquait Taïwan. « La situation concernant Taïwan est devenue si grave que nous devons envisager le scénario du pire », avait ajouté Sanae Takaichi.

Sa position marquait une rupture avec l’adhésion traditionnelle du Japon à la politique d’une seule Chine et a suscité une condamnation immédiate et ferme de la part de Pékin.

Le Japon, de son côté, redéfinit son dispositif de défense dans les îles du sud-ouest. Selon un reportage de la chaîne d’information chinoise CGTN diffusé mercredi, Tokyo a consacré plus d’une décennie à transformer les îles Ryukyu en ce que les stratèges militaires considèrent comme la ligne de front dans tout scénario lié à Taïwan.

Le ministre japonais de la Défense, Shinjiro Koizumi, s’est rendu à Ishigaki et à Yonaguni le 23 novembre pour inspecter le progrès des déploiements, notamment une nouvelle unité équipée du système de missiles sol-air à moyenne portée Type-03 à Yonaguni, à seulement 110 kilomètres de Taïwan.

Ce système fait partie d’un réseau en expansion d’installations de défense aérienne, anti-navires et de guerre électronique dans le sud-ouest du pays.

Les habitants de la petite île de Yonaguni restent toutefois inquiets. Nombre d’entre eux s’opposent depuis des années au déploiement de missiles, arguant que la militarisation fait de leur île une cible potentielle plutôt que d’améliorer la sécurité. Certains craignent que cette expansion ne précipite la région dans un conflit.

Le virage stratégique du Japon a débuté en 2010, lorsque Tokyo a réorienté ses priorités de défense vers la mobilité et la réactivité dans les îles Ryukyu. Depuis, des unités de missiles ont été déployées sur les îles Amami Oshima et Miyako, et une unité de surveillance côtière a été mise en place sur l’île de Yonaguni en 2016.

Une nouvelle base a ouvert ses portes à Ishigaki l’année dernière, et le déploiement des missiles sur Yonaguni devrait être achevé en 2026. D’ici 2027, la 15e brigade d’Okinawa sera transformée en division de 4 000 hommes, son mandat passant de la défense locale aux opérations insulaires.

Dans ce contexte, les responsables ont proposé des interprétations divergentes des activités navales de la Chine.

L’un d’eux a décrit ce déploiement comme sans précédent, affirmant que certains navires — appuyés par des aéronefs — simulaient des attaques contre des navires étrangers et s’entraînaient à des missions de déni d’accès destinées à empêcher toute intervention extérieure lors d’un conflit potentiel.

Deux autres sources, cependant, ont considéré ces manœuvres comme une opération saisonnière de grande envergure, mais de routine et ont indiqué que le nombre de navires chinois près de Taïwan n’avait pas augmenté de manière significative.

La position de longue date de la Chine selon laquelle Taïwan fait partie de son territoire souverain est reconnue par la quasi-totalité des pays relevant de la politique d’une seule Chine.

Pékin a maintes fois affirmé que cette question constituait une ligne rouge pour le gouvernement et le peuple chinois. Or les récentes initiatives du Japon et de Taïwan – notamment l’approbation par Taipei d’un budget supplémentaire de 40 milliards de dollars pour la défense – ont introduit de nouveaux facteurs dans un contexte géopolitique déjà tendu.

Washington est également intervenu. Reuters a noté que le président américain Donald Trump a exhorté Takaichi à apaiser les tensions après ses déclarations, affirmant qu’une réduction des frictions avec Pékin contribuerait à maintenir une trêve commerciale fragile.

Ce message faisait suite à l’appel téléphonique de Trump avec le président Xi Jinping, qui a réaffirmé la position de la Chine selon laquelle l’avenir de Taïwan se trouve au sein de la Chine continentale.

Pékin n’a pas commenté officiellement les dernières opérations maritimes signalées.

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV