Le coût du transport maritime à travers la mer Noire a fortement augmenté à mesure que le conflit ukrainien s’étend aux voies maritimes.
En effet, le coût du transport de marchandises à travers la mer Noire a augmenté lundi après que des drones navals ukrainiens ont frappé deux pétroliers se dirigeant vers un port russe, alimentant les craintes de nouvelles attaques et faisant grimper les primes d’assurance contre les risques de guerre, ont indiqué des sources du secteur.
La mer Noire joue un rôle essentiel dans l’acheminement des céréales, du pétrole et des produits pétroliers. Ses eaux sont partagées par la Bulgarie, la Géorgie, la Roumanie et la Turquie, ainsi que par la Russie et l’Ukraine.
Les taux d’assurance contre les risques de guerre pour une période de navigation typique de sept jours, fixés par chaque assureur en fonction de la valeur du navire, sont passés à 0,5 % pour les escales dans les ports ukrainiens, contre 0,4 % il y a un peu plus d’une semaine, selon des sources du transport maritime et de l’assurance.
L’assurance contre les risques de guerre pour les ports russes de la mer Noire, habituellement plus élevée, était cotée entre 0,65 et 0,8 % contre environ 0,6 % la semaine dernière, ont ajouté ces mêmes sources.
Les deux pétroliers, sous sanctions occidentales, ont été attaqués par des drones navals alors qu’ils étaient à vide et faisaient route vers Novorossiïsk, un important terminal pétrolier russe de la mer Noire, a indiqué à Reuters un responsable du Service de sécurité ukrainien.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré lundi que les attaques contre des navires commerciaux en mer Noire étaient inacceptables, lançant un avertissement à « toutes les parties concernées ».
La compagnie maritime turque Besiktas Shipping, dont le siège est à Istanbul, a déclaré dans un communiqué qu’elle interrompait toutes ses opérations avec la Russie pour des raisons sécuritaires.
« Après une évaluation approfondie, nous avons conclu que les risques pour nos navires et nos équipages sont devenus inacceptables. [...] La sécurité de notre personnel et de nos biens étant notre priorité absolue, nous cessons toutes ces opérations », indique le communiqué.
Besiktas Shipping possède le pétrolier Mersin, qui a été touché par quatre explosions externes la semaine dernière alors qu’il était ancré près de Dakar sous pavillon panaméen. Le navire a subi de graves dommages, mais on ne sait pas qui est à l’origine de l’attaque. Ce pétrolier a fait escale dans les ports russes de Novorossiïsk et de Taman à plusieurs reprises depuis le début du conflit russo-ukrainien.
Selon Andrii Ryzhenko, analyste du transport naval et ancien chef d’état-major adjoint de la marine ukrainienne, les récents incidents en mer Noire constituent les premières attaques contre des navires non militaires et non battant pavillon russe dans les eaux internationales.
Ryzhenko estime qu’il est peu probable que la Russie riposte en visant des navires marchands se dirigeant vers l’Ukraine lorsqu’ils se trouvent dans les eaux territoriales de la Turquie, de la Bulgarie ou de la Roumanie, car cela constituerait une attaque contre un territoire de l’OTAN.
Pourtant, le président russe Vladimir Poutine a menacé mardi de couper l’accès de l’Ukraine à la mer en représailles aux récentes attaques contre des pétroliers liés à la Russie, et a averti que les navires des pays soutenant l’Ukraine pourraient devenir des cibles.
Cette situation a réduit l’écart de prix entre les assurances maritimes des ports russes et ukrainiens ; alors qu’auparavant, les tarifs étaient plus élevés pour les ports russes.
Selon des sources de sécurité maritime, au moins sept explosions ont été recensées sur des pétroliers ayant fait escale dans des ports russes depuis décembre 2024, y compris en Méditerranée. L’Ukraine est soupçonnée d’en être à l’origine.