Le Niger annonce vouloir porter plainte contre le groupe français Orano après la découverte d’éléments radioactifs à Madaoulela, dans le nord du pays. Le Niger et Orano s'opposent déjà depuis plusieurs mois autour de l'uranium de la Somaïr, nationalisée en juin.
L'annonce a été faite par le ministre nigérien de la Justice, Alio Daouda, lors d'un point de presse tenu mardi 2 décembre.
« Orano s'arroge le droit de poser des actes attentatoires à la souveraineté et à l'intégrité de notre pays », a indiqué M. Daouda, évoquant la découverte de « 400 tonneaux contenant de la carotte radioactive » sur un ancien site d'exploitation de l'uranium abandonné par Orano dans le département d'Arlit situé dans le nord du Niger.
« Cette société a porté et continue de porter atteinte à la santé des populations nigériennes par la planification des crimes de masse caractérisés par l’emploi de substances radioactives, de mise en danger de la vie d’autrui et de dégradations de l’environnement se refusant même d’obtempérer à des décisions de justice rendues par nos tribunaux qui lui enjoignaient de procéder à l’enlèvement sinon au traitement de plusieurs millions de tonnes des déchets radioactifs laissés à l’air libre avec toutes les conséquences que le monde de la science connaît et que nos communautés vivent horriblement » a ajouté le ministre nigérien.
« Les mesures de doses effectuées sur ces matières révèlent une toxicité dont le taux varie entre 7 et 10 microsieverts par heure alors que la dose normale est de 0,5 micro sievert », a-t-il indiqué, précisant que « les échantillons prélevés ont mis en évidence l'association de deux produits, à savoir le bismuth 207 et le chrome X ».
Pour le ministre Alio Daouda « il est à craindre que des actes non découverts à ce jour produisent des conséquences beaucoup plus importantes que le simple bon sens aurait incité Orano à assumer plutôt qu'à vouloir éluder sa responsabilité dans le désastre écologique et social qu'elle a créé ».
Le ministre nigérien de la Justice a déclaré que « l'État du Niger a pris toutes les dispositions pour poursuivre Orano et obtenir réparation de tous les préjudices » causés au Niger.
Entreprise détenue par l'État français, Orano a remplacé l'ancienne Areva qui détenait le monopole de l'exploitation de l'uranium nigérien pendant plus d'un demi-siècle. À la suite d'un coup d'État militaire du 26 juillet 2023, les nouvelles autorités nigériennes ont rompu tous les accords liant le Niger et la France, dont celui sur l'exploitation de l'uranium par Orano.