Plusieurs groupes d'agriculteurs se sont rassemblés ce mercredi 19 novembre aux abords d’Arras (Pas-de-Calais) pour dénoncer l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et les pays du Mercosur, au moment même où le président Emmanuel Macron était présent dans la ville pour un débat avec des citoyens sur les enjeux démocratiques à l’ère numérique.
Dans plusieurs déclarations publiques, les représentants de la Coordination rurale et de la FDSEA ont alerté sur les conséquences de l’accord pour l’agriculture française. Cité par la presse locale, Stéphane Bleuzé, de la Coordination rurale du Nord, a dénoncé l’arrivée de produits « qui ne seront pas aux normes », estimant que les exploitants français subiraient une concurrence inéquitable. « On est complètement démunis, abandonnés, il n’y a pas de direction », a pour sa part déploré Benoît Gilbert.
La tension est renforcée par le fait qu’aucune rencontre avec les agriculteurs ne figure à l’agenda présidentiel. La FDSEA du Pas-de-Calais juge cette absence de dialogue « inadmissible », pointant une déconnexion croissante entre le gouvernement et le monde agricole.
Plusieurs convois de tracteurs ont pris position autour d’Arras dès 14 heures locales, notamment sur des ronds-points stratégiques, dans une volonté d’accentuer la pression à quelques semaines d’une possible validation de l’accord à Bruxelles.
À l’échelle européenne, la Commission vise une finalisation de l’accord UE-Mercosur avant le 20 décembre. Ce traité de libre-échange avec quatre pays sud-américains (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), discuté depuis plus de 20 ans, prévoit une ouverture réciproque des marchés agricoles et industriels. Mais il fait l’objet d’une opposition croissante dans plusieurs États membres, notamment en France, en raison de préoccupations liées aux normes environnementales, au bien-être animal et à la souveraineté alimentaire.
Le gouvernement français continue d’afficher ses réticences. « Cet accord n'est toujours pas acceptable en l’état », a déclaré Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement, à l’issue du Conseil des ministres, ce mercredi. Paris exige des garanties plus strictes avant d’envisager un feu vert.