Un conseiller de haut rang du Leader de la Révolution islamique, l'Ayatollah Seyyed Ali Khamenei, a adressé un message clair à Washington, avertissant que le recours à la force par l'administration Trump ne contraindrait jamais l'Iran à changer de cap.
« S’il [Donald Trump] adopte une approche constructive, il verra la même chose de la part de l’Iran. Pour ce faire, ils doivent s’abstenir de tout recours à la force contre l’Iran. Ils l’ont déjà tentée et savent désormais que la force est inefficace », a déclaré Kamal Kharrazi, conseiller de haut rang du Leader de la Révolution islamique, lors d'une interview détaillée accordée à CNN mardi.
Il a fait référence à des décennies de recours à des mesures économiques coercitives contre l’Iran notamment sous l’administration Trump pour dérouter la RII de son chemin légitime.
Le responsable a affirmé que l'étendue des dégâts était encore en cours d'évaluation mais que les activités essentielles, notamment dans le secteur médical, se poursuivaient.
Kharrazi a ensuite souligné que la République islamique est capable de répondre à toute confrontation, que ce soit avec les États-Unis ou le régime israélien.
Il a toutefois rappelé dans le même temps que la République islamique restait également ouverte à la diplomatie sur la base du respect mutuel, de l'égalité et d'un programme convenu au préalable, conditions que les États-Unis n'étaient pas encore prêts à remplir.
« Nous avons toujours été prêts au dialogue diplomatique », a-t-il déclaré. « Mais le président Trump ne croit pas à la diplomatie et préfère le recours à la force pour atteindre ses objectifs. »
Le conseiller a exhorté l'administration Trump à « adopter une approche positive » envers l'Iran, affirmant que toute mesure constructive recevrait une réponse positive de Téhéran, mais seulement si Washington renonçait aux menaces et aux pressions.
Le responsable a ajouté que toute initiative en faveur d'un dialogue renouvelé devait venir des États-Unis, qui doivent d'abord démontrer leur volonté d'abandonner les tactiques coercitives. « Ils doivent faire le premier pas pour montrer qu'ils sont prêts à dialoguer avec nous et aux conditions que nous posons. »
En ce qui concerne la question nucléaire, le conseiller du Leader a souligné que le programme nucléaire civil iranien est un projet national et ne peut être éliminé manu militari. « Ce programme repose sur le savoir-faire et les compétences de nos scientifiques et ingénieurs. Par conséquent, la seule voie possible est de négocier afin de parvenir à de nouveaux accords avec eux », a fait remarquer le conseiller du Leader.
« Nous devons poursuivre l'enrichissement de l'uranium puisque nous avons besoin de produire du combustible pour les centrales électriques et pour nos activités médicales. Nous ne pouvons donc pas arrêter d'enrichir l'uranium. Bien entendu, le degré d'enrichissement fait l'objet de négociations » a ajouté Kharrazi, faisant référence aux lignes rouges de l’Iran.
Le diplomate a, en même temps, évoqué la fatwa (décret religieux) de l'Ayatollah Khamenei interdisant les armes nucléaires, pour rappeler qu'elle « ne peut être modifiée ».
Ces derniers commentaires faisaient suite aux tentatives de l'Occident et de ses alliés d'accuser l'Iran de « détourner » ses activités nucléaires, ce qui a été réfuté par plus d'une douzaine de rapports de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Évoquant les capacités de missiles balistiques défensifs de la République islamique, M. Kharrazi a souligné que le programme se développerait pour la sauvegarde de la sécurité nationale.
« Nous ne négligerons aucun aspect de notre production de missiles. C’est ainsi que nous nous défendons. »
Il a clairement indiqué que si Téhéran était prêt à négocier sur les questions nucléaires il ne discuterait de ses capacités de défense avec aucune puissance étrangère.
Concernant la question palestinienne, il a réitéré la position de longue date de l'Iran, affirmant que Téhéran soutiendrait toute décision prise collectivement par le peuple palestinien quant à son avenir.
Si les Palestiniens parvenaient à une décision unifiée sur la création d'un État indépendant, la République islamique ne s'opposerait pas à leur choix, a déclaré M. Kharrazi.
Il a toutefois souligné que l'Iran ne reconnaîtrait pas le régime israélien, le décrivant comme une entité fondée sur l'occupation.