L’armée soudanaise a repris le contrôle de deux zones dans l’État du Nord-Kordofan après de violents affrontements avec les Forces de soutien rapide (FSR). À El-Fasher, dans le Darfour-Nord, toujours sous le contrôle des FSR, un responsable de l’ONU appelle à une « action immédiate et décisive » pour protéger les civils.
Samedi 15 novembre, les forces armées soudanaises ont reconquis Umm Dham Haj Ahmad et Kazgil, infligeant de lourdes pertes humaines et matérielles aux miliciens des FSR.
Malgré aucune confirmation dans l’immédiate ni de la part de l’armée ni des FSR, des images diffusées sur les réseaux sociaux témoignent de la présence des troupes soudanaises dans ces deux localités qui avaient été capturées le mois dernier par les miliciens des FSR.
🔴 Des sources fiables ont signalé de violents affrontements entre l'armée soudanaise et les milices des Forces de soutien rapide dans plusieurs villes du Kordofan.
— Press TV Français (@fr_presstv) November 15, 2025
🔴 Selon les dernières informations, une zone du nord du Kordofan est également passée sous le contrôle de l'armée pic.twitter.com/MfwZfAX8Mq
À la suite des affrontements entre l’armée et les FSR, des milliers de civils ont fui les trois États du Kordofan ces dernières semaines. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), près de 40 000 personnes ont été déplacées depuis le 26 octobre dans les zones de Bara, Sheikan, Rahad, Um Rawaba et Umm Dham Haj Ahmad, au Nord-Kordofan.
Sur les 18 États du Soudan, les FSR contrôlent actuellement les cinq États de la région du Darfour, tandis que l’armée en détient la majeure partie des 13 autres États, y compris la capitale Khartoum. Le mois dernier, les FSR ont pris le contrôle d’El-Fasher, capitale de l’État du Darfour-Nord, provoquant des massacres contre les civils.
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Turk, a mis en garde vendredi contre l’escalade des atrocités à El-Fasher et a appelé la communauté internationale à une « action immédiate et décisive » pour protéger les civils piégés par des mois d'affrontements armés.
Lors de la 38e session spéciale du Conseil des droits de l’homme consacrée au Soudan, Turk a déclaré que les violences qui ravagent la ville comptent parmi « les crimes les plus graves imaginables », citant des preuves croissantes de famine massive, violences sexuelles, exécutions ciblées et destruction de services essentiels.
« Nous avons documenté des schémas d’étranglement, d’affamement, de massacres, de violences sexuelles généralisées et de déplacements forcés », a-t-il affirmé, ajoutant que des civils en étaient réduits à manger des feuilles, de la nourriture pour animaux et des coques d’arachides pour survivre.
Turk a dénoncé le blocage délibéré de l’acheminement de l’aide humanitaire et condamné les attaques contre les structures médicales, les travailleurs humanitaires et les infrastructures essentielles.
Selon lui, des images satellites et des témoignages indiquent une « campagne délibérée de cruauté visant à soumettre et contrôler les civils ».
Qualifiant la situation d’« étalage de brutalité à l’état pur », il a appelé les États membres de l’ONU à garantir un accès humanitaire immédiat, à imposer des mesures ciblées contre les individus et réseaux finançant ou facilitant les violences et à faire pression pour un cessez-le-feu urgent.
« La communauté internationale publie des déclarations depuis trop longtemps, avec bien trop peu d’actions concrètes », a-t-il déploré.
Les affrontements entre l’armée soudanaise et les FSR, déclenchés en avril 2023, a fait au moins 40 000 morts et déplacé 12 millions de personnes, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).