L’ambassadeur permanent de l’Iran auprès des Nations Unies a fustigé la politisation du contrôle nucléaire ainsi que l’inaction de la communauté internationale face aux attaques sans précédent du tandem américano-israélien en juin contre les installations nucléaires iraniennes protégées.
S'exprimant lors de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies consacrée au dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur l’Iran, vendredi 14 novembre, Amir Saïd Iravani a déclaré que l’AIEA devait demeurer « professionnelle, objective et indépendante de toute influence politique ». La crédibilité de l’AIEA, a-t-il souligné, repose sur une stricte impartialité.
M. Iravani a ajouté que l’énergie nucléaire était indispensable au développement national et que l’accès à la technologie nucléaire pacifique, en vertu de l’article IV du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), constituait un « droit inaliénable » qui ne devait être restreint sous aucun prétexte.
Le diplomate iranien a précisé que les garanties de l'AIEA étaient destinées à permettre les activités nucléaires pacifiques, et non à les entraver. Il a condamné le double standard profondément enraciné qui restreint les pays en voie de développement, tout en accordant une couverture politique, militaire et nucléaire au régime israélien, une entité non signataire du TNP possédant un arsenal non déclaré d'armes de destruction massive.
« Ces pratiques ne protègent pas la non-prolifération », a-t-il déclaré. « Elles la compromettent et sapent fondamentalement le mandat de coopération technique de l'Agence. »
L'ambassadeur permanent de l’Iran auprès de l’ONU a, par ailleurs, évoqué les frappes israélo-américaines non provoquées et illégales contre les installations nucléaires iraniennes protégées entre le 13 et le 25 juin, ce qui constituait « un acte d'agression sans précédent ».
« Le régime israélien, quelques heures seulement après une résolution à motivation politique du Conseil des gouverneurs de l'AIEA, a lancé des frappes militaires massives » contre des installations pleinement surveillées de l'Iran, tuant et blessant des milliers d'Iraniens.
Le 22 juin, les États-Unis se sont joints à l'offensive, ciblant directement des sites supervisés par l'AIEA, en violation flagrante de la Charte des Nations Unies, du droit international, du Statut de l'AIEA et de la résolution 487 du Conseil de sécurité de l'ONU.
« Il ne s'agissait pas simplement d'une attaque contre l'Iran. C'était une atteinte à l'autorité des Nations Unies et à l'intégrité même du système de garanties », a-t-il martelé.
M. Iravani a critiqué à la fois les responsables de l'Agence et le Conseil de sécurité pour leur inaction face aux attaques, malgré de nombreuses résolutions adoptées depuis des décennies par la Conférence générale stipulant que les installations nucléaires ne doivent jamais être prises pour cible en aucune circonstance.
Réaffirmant l'engagement de longue date de la République islamique d’Iran envers le TNP, il a rejeté les allégations occidentales mettant en cause le respect par l'Iran de ses obligations. Il a déclaré que les États-Unis et la troïka européenne E3 (Royaume-Uni, France et Allemagne) avaient relayé à maintes reprises les « mensonges du régime israélien » concernant le programme nucléaire pacifique de la République islamique d'Iran, tout en ignorant l'arsenal nucléaire du régime de Tel-Aviv et son refus de se soumettre au contrôle international.
Il a souligné qu'en plus de respecter pleinement le TNP et ses obligations en matière de garanties, l'Iran n'a jamais violé le Plan global d'action commun (PGAC), l'accord nucléaire de 2015 conclu entre la République islamique d'Iran et les grandes puissances, dont les États-Unis et le groupe E3.
En allusion aux propres rapports de l'AIEA, il a indiqué que la suspension temporaire de la coopération de Téhéran avec l'Agence était uniquement due aux frappes militaires. Il a appelé à la mise en place d'un nouveau cadre international pour protéger les installations et le personnel nucléaires contre les attaques armées, soulignant que la crédibilité de l'ensemble du système mondial de garanties dépendait de telles protections.
Par ailleurs, M. Iravani a rappelé que la République islamique d'Iran et l'AIEA avaient réalisé des progrès grâce au mémorandum d'entente signé au Caire le 9 septembre, qui établissait des procédures pour la reprise de la coopération après les attaques.
Néanmoins, a-t-il déclaré, ces progrès étaient compromis par l'hostilité renouvelée des États-Unis et de l'Europe, notamment la tentative du groupe E3 de déclencher le mécanisme de l'établissement automatique des sanctions (snapback), contre le pays. Téhéran considère que cette mesure est juridiquement nulle à la suite de l'expiration, le 18 octobre, de la résolution 2231 qui avait entériné l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien (PGAC).
L'ambassadeur a tenu ces propos alors que l'AIEA s'apprête à présenter un nouveau rapport visant à estimer les stocks d'uranium enrichi de l'Iran à partir de données antérieures à l'attaque, tout en évitant de porter un jugement sur les frappes israélo-américaines ou les assassinats de scientifiques nucléaires iraniens lors de l'agression de juin.
Le rapport omet également d'aborder le rôle de l'Agence dans la facilitation de l'attaque israélo-américaine par le biais d'une résolution antérieure de son Conseil des gouverneurs, et ne fait aucune mention de la tentative illégale du groupe E3 d'invoquer le snapback.