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Téhéran affirme qu'une « véritable guerre régionale » avec Israël est en cours et rejette les pourparlers avec les États-Unis

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Esmaïl Baghaï, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères. ©IRIB

La conférence de presse de cette semaine du porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a porté sur divers sujets, dont et surtout l’évolution de la sécurité régionale.

Il ne fait aucun doute pour les pays de la région que la principale menace provient du régime sioniste, a déclaré Esmaïl Baghaï dans son intervention devant les journalistes, ce lundi 3 novembre à Téhéran. « La situation dans notre région évolue rapidement et de façon imprévisible, et nous assistons toujours à la poursuite du génocide et de l’occupation dans la région. »

La région est actuellement en proie à « une véritable guerre ». Il est allé plus loin, en déclarant : « L’utilisation du mot “menace” n’est pas tout à fait exacte, car nous sommes engagés dans une véritable guerre régionale contre le régime sioniste. »

Une menace implique une action future potentielle, alors que depuis plus de deux ans, on assiste à un « massacre impitoyable » de la population palestinienne, à des attaques contre plusieurs pays de la région et à une occupation en cours, a-t-il fait remarquer.

Un consensus régional clair s’est formé sur deux points : le régime israélien constitue la principale menace, et les pays de la région ont besoin d’une compréhension et d’un accord mutuels pour assurer leur sécurité.

Le porte-parole de la diplomatie iranienne a aussi évoqué le récent cessez-le-feu négocié par les États-Unis à Gaza : « Si on utilise désormais le terme de “violation du cessez-le-feu”, en réalité on assiste à la poursuite du génocide des Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie. »

Depuis le début des négociations, les garants de la trêve sont responsables de la mort de plus de 200 Palestiniens et de plus de 600 blessés, a-t-il estimé.

Le bilan sans précédent de journalistes tués à Gaza - environ 270 - indique à lui seul que ce qui se passe n’est pas une guerre, mais un « génocide à grande échelle ».

« L’inertie accablante du Conseil de sécurité de l’ONU et des principaux soutiens du régime a enhardi Israël, ce régime agit en toute impunité et transgresse constamment les droits de l’homme. »

« Aucun message officiel des États-Unis »

Concernant les négociations avec les États-Unis, M. Baghaï a précisé qu’aucun message officiel n’avait été reçu de la partie américaine via Oman. Même si les intermédiaires poursuivent leurs efforts pour échanger des messages, cela « ne signifie absolument pas le début d’un processus de négociation entre l’Iran et les États-Unis ».

« L’Iran a été agressé alors qu’il menait des négociations diplomatiques. Le peuple iranien ne l’oubliera jamais », a-t-il souligné, faisant allusion aux frappes américano-israéliennes de juin 2025 qui a coûté la vie à de nombreux hauts gradés militaires, scientifiques nucléaires et civils.

« Les États-Unis ont prouvé qu’ils ne respectent pas les principes d’une négociation raisonnable ; or des pourparlers ne pourront être envisagés que lorsque les parties seront capables de respecter les intérêts de la partie adversaire. »

Le diplomate iranien a qualifié les positions des États-Unis et d’autres puissances occidentales de « regrettables » et d’« hypocrites » sur les questions nucléaires, les accusant de violer leurs propres engagements au titre du Traité de non-prolifération (TNP) tout en faisant pression sur le programme pacifique de l’Iran.

Par la suite, il a fait référence à une déclaration du président américain Donald Trump qui, en février, a proposé un sommet tripartite avec ses homologues chinois, Xi Jinping, et russe, Vladimir Poutine. « Il n’y a aucune raison pour que nous construisions de nouvelles armes nucléaires. Nous en avons déjà tellement que nous pourrions détruire le monde 50 fois, voire 100 fois », avait-il alors déclaré aux journalistes.

Concernant l’hostilité des États-Unis envers l’Iran, il a fait allusion à une récente réunion régionale au cours de laquelle la directrice du renseignement national américain, Tulsi Gabbard, a admis que Washington menait depuis des décennies une politique d’intervention dans les affaires intérieures d’autres pays, ayant « finalement intensifié l’hostilité, la division et le terrorisme dans le monde entier ».

Il a déploré que certains politiciens américains n’aient « pas tiré les leçons de ces expériences amères » et a exprimé l’espoir que « les atrocités et les tragédies humaines qui se déroulent dans notre région » seraient enfin abordées au niveau international.

Il a cité les récents développements en Syrie, la crise en cours au Soudan et la situation chaotique en Libye comme exemples de la façon dont ces interventions n’ont fait que « propager l’instabilité et le désordre ».

Plus tôt cette semaine, les Forces de soutien rapide (FSR) du Soudan ont massacré au moins 2 000 personnes à El-Fasher, dans l’ouest du Darfour.

Des témoignages font état d’exécutions sommaires, de violences sexuelles, d’attaques contre des travailleurs humanitaires, de pillages et d’enlèvements. Le sang des victimes est visible depuis l’espace.

Les FSR sont en guerre contre les Forces armées soudanaises (SAF, selon le sigle anglais) depuis plus de deux ans.

Israël, le Royaume-Uni, la France, le Canada et les États-Unis font l’objet d’un examen minutieux concernant leurs ventes d’armes et leur couverture diplomatique.

Malgré les démentis, les Émirats arabes unis sont apparus comme un important soutien des FSR, leur fournissant des armes et un soutien logistique en échange d’or soudanais.

La guerre a fait plus de 150 000 morts, déplacé 12 millions de personnes et plongé près de 25 millions de personnes dans une situation de famine aiguë.

L’utilisation de la lutte contre la criminalité comme « prétexte » pour violer la souveraineté n’est pas autorisée

Concernant la position de l’Iran envers les menaces américaines contre les pays d’Amérique du Sud, le ministère iranien des Affaires étrangères a fermement condamné les agissements militaires des USA dans les Caraïbes et en Amérique latine.

Le « prétexte de la lutte contre le trafic de drogue » a déjà été abordé à maintes reprises et il « manque de légitimité juridique du point de vue du droit international ».

« Aucun pays n’est autorisé à violer l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale d’une autre nation sous le seul prétexte de lutter contre la criminalité transnationale organisée, qu’il s’agisse de trafic de drogue ou d’autres infractions », a-t-il souligné.

Cette présence militaire a alimenté les craintes d’une déstabilisation du Venezuela. Le commandement Sud des États-Unis a mené au moins 15 assauts dans les Caraïbes ou le Pacifique oriental depuis début septembre, tuant pas moins de 62 personnes.

Le 24 octobre dernier, le président vénézuélien Nicolás Maduro a déclaré à la radio nationale que l’administration du président Donald Trump « fabriquait une nouvelle guerre éternelle » alors que le porte-avions USS Gerald R. Ford, qui peut accueillir jusqu’à 90 avions et hélicoptères d’attaque, se rapprochait du Venezuela.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV