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Israël utilise l'eau comme une arme silencieuse pour dominer le golfe Persique (rapport)

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De l'eau saumâtre se déverse dans la mer Méditerranée après son passage dans une usine de dessalement de la ville côtière d'Hadera, le 16 mai 2010. ©Reuters

La société israélienne IDE Technologies profite des projets de dessalement et des technologies de l’eau comme instruments secrets pour étendre discrètement son influence stratégique dans le golfe Persique.

Selon un article publié le 30 octobre par The Cradle, l’objectif à long terme d'Israël serait de normaliser les relations, d’obtenir une domination technologique et de lier les États arabes aux infrastructures et à la dépendance israélienne pendant les décennies à venir, tout en renforçant la position stratégique de Tel Aviv dans le golfe Persique.

Le rapport révèle que la société israélienne IDE Technologies a systématiquement contourné le boycott de longue date du monde arabe et musulman par le biais d'une société écran suisse, Swiss Water, qui a soumissionné pour d'importants projets de dessalement tout en dissimulant l'identité et le rôle israéliens d'IDE.

Grâce à cet arrangement, Swiss Water a permis à IDE d'opérer dans des « pays sous embargo » tels que le Qatar, le Koweït, l'Arabie saoudite, le Yémen, la Libye, l'Algérie, la Tunisie, l'Afghanistan et le Pakistan, ainsi que dans des pays n'entretenant pas de relations diplomatiques officielles avec Israël avant les accords d'Abraham de 2020, comme Bahreïn, le Soudan, Oman, le Maroc et les Émirats arabes unis.

Grâce à ces partenariats clandestins, la technologie israélienne s'est discrètement infiltrée dans les infrastructures d'États qui rejettent publiquement la normalisation.

Swiss Water aurait signé des contrats d'une valeur de plusieurs dizaines de millions de dollars par projet, tandis qu'IDE fournissait la technologie de dessalement de base et prenait en charge la construction.

Aujourd'hui, IDE opère plus ouvertement depuis son siège régional à Dubaï, connu sous le nom d'IDE Meyah Water Solutions, marquant ainsi la première implantation commerciale permanente d'Israël dans le secteur crucial de l'eau du golfe persique.

Parmi les projets majeurs figurent l'usine de dessalement de la mer Rouge en Arabie saoudite, le projet de la Grande Mer d'Arabie au Pakistan, ainsi que de multiples installations au Koweït et à Oman.

Chaque projet renforce la dépendance de la région à l'égard de l'innovation et des infrastructures israéliennes, conférant à Tel-Aviv un pouvoir de négociation considérable sur la ressource la plus essentielle du golfe Persique : l'eau.

« Alors que les gros titres se concentrent sur les accords politiques, c’est par le biais des usines de dessalement et des systèmes d’osmose inverse qu’Israël s’intègre au cœur du mécanisme de survie du monde arabe », indique le rapport.

« Au carrefour de la soif perpétuelle du golfe Persique et de l’avance technologique d’Israël, un nouvel Asie de l'Ouest se dessine, de plus en plus façonnée par le contrôle de l’eau exercé par Tel-Aviv. »

Les analystes avertissent que cette expansion discrète s'inscrit dans la stratégie historique d'Israël consistant à instrumentaliser l'eau pour asseoir sa domination. Depuis sa création, Israël a mené des guerres pour contrôler les sources d'eau le long de ses frontières avec la Jordanie, la Syrie et le Liban, et a même envisagé de détourner le Nil.

Israël exporte désormais ce mécanisme de contrôle à l'étranger, en ancrant son influence au cœur même des infrastructures arabes.

Malgré leur opposition publique à la normalisation, l'Arabie saoudite et le Koweït ont autorisé des entreprises liées à Israël à obtenir des contrats stratégiques par le biais d'appels d'offres multinationaux.

« Il s’agit d’une alliance entre capitaux arabes et savoir-faire israélien, facilitée non par la politique, mais par des besoins urgents en eau », constate le rapport. « Et à mesure que la dépendance s’accroît, l’influence d’Israël se renforce. »

L’enquête met également en lumière une campagne parallèle de normalisation douce, autorisant des hommes d’affaires liés à Israël à entrer dans les États du golfe Persique avec des passeports alternatifs, ouvrant l’espace aérien et adoucissant le discours médiatique et religieux.

Ces changements progressifs visent à préparer les sociétés du golfe Persique à une normalisation ouverte et éventuelle, rendant le processus irréversible une fois les liens économiques et infrastructurels solidement établis.

Les experts avertissent qu'en Asie de l’Ouest, l'une des régions les plus arides du monde, la sécurité de l'eau est une question de sécurité nationale. En continuant de sous-traiter l'approvisionnement en eau, leur ressource la plus vitale, à des entreprises israéliennes, les gouvernements arabes risquent de perdre non seulement leur indépendance économique, mais aussi leur souveraineté politique.

« L’eau provenant des usines liées à IDE en Arabie saoudite et au Koweït témoigne d’un changement plus profond qui s’opère dans le golfe Persique, sans cérémonie ni sommets, mais qui se forge discrètement par le biais de contrats, d’infrastructures et d’une dépendance accrue », indique le rapport.

Par le dessalement, Israël transforme la ressource vitale du monde arabe en l'édifice de sa propre domination régionale.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV