L’ambassadeur du Soudan à Téhéran, Abdulaziz Hassan Saleh, a déclaré que le drame survenu dans la ville d’El Fasher représente « l’un des chapitres les plus tragiques de l’histoire moderne du Soudan », appelant la communauté internationale à prendre des mesures efficaces pour mettre fin aux atrocités.
Abdulaziz Hassan Saleh a affirmé que les Forces de soutien rapide (FSR) affament délibérément les habitants afin de les affaiblir et de préparer le terrain à des massacres organisés, ce qui constitue des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et un génocide.
M. Saleh a critiqué aussi l’inaction de la communauté internationale face à cette situation, exhortant les instances internationales, les organisations de défense des droits de l’homme et les médias à ne pas se contenter de simples déclarations, mais à prendre des mesures concrètes pour faire cesser les hostilités et garantir l’accès humanitaire.
« Malheureusement, le silence ou la lenteur de la réaction d’une partie de la communauté internationale et des institutions régionales ont largement contribué à encourager ces forces rebelles », a-t-il déploré.
L’ambassadeur soudanais a réaffirmé le ferme engagement de son gouvernement à « préserver l’unité du pays et à utiliser tous les moyens légitimes pour vaincre ces groupes rebelles ».
Il a appelé à la poursuite en justice de tous ceux qui soutiennent, financent ou appuient ces forces, y compris les gouvernements, les individus et les organisations, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Soudan.
El Fasher est maintenant au centre de l’attention internationale à la suite d’une grave escalade de la crise soudanaise, qui est entrée dans une nouvelle phase de violence, provoquant de déplacements forcés de population.
Mardi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, a exprimé sa préoccupation face aux affrontements armés à El Fasher, chef-lieu de l’État du Nord-Darfour, et a condamné la destruction des infrastructures et la tuerie de civils innocents dans la ville.
Il a mis en garde contre certaines manœuvres dangereuses visant à la désintégration du Soudan et a souligné la nécessité de respecter la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de ce pays.
Après avoir assiégé quelque 1,2 million de personnes pendant 18 mois, les FSR ont affirmé avoir pris le dernier bastion des Forces armées soudanaises (SAF) à El Fasher, dans le nord du Darfour, dimanche, alors que les Nations unies lançaient un avertissement sévère concernant les informations faisant état d’atrocités commises par les FSR.
Le Conseil de sécurité de l’ONU avait précédemment adopté la résolution 2736 en juin 2024, exigeant la levée du siège d’El Fasher et l’accès humanitaire aux civils, mais n’est pas parvenu à garantir la pleine application de cette résolution. Selon des rapports du Réseau des médecins soudanais (SDN) et d’autres sources, les Forces de soutien rapide (RSF) seraient responsables d’exécutions sommaires, de massacres – notamment l’attaque présumée contre des patients et du personnel au sein de l’hôpital saoudien – et de violences sexuelles contre des femmes et des filles.
Quelque 2 000 personnes ont été tuées mercredi 29 octobre, selon les Forces armées soudanaises.
Par ailleurs, plus de 26 000 personnes ont fui El Fasher en seulement deux jours, a indiqué l’ONU. Celles qui tentent de fuir seraient poursuivies et tuées par les forces des RSF, qui contrôlent les accès à la ville.
Avec l’analyse d’images satellites et de données de télédétection, le Laboratoire de recherche humanitaire de Yale (HRL) a constaté la présence de regroupements d’objets et de taches au sol, preuves de la présence de cadavres et de flaques de sang. Ces regroupements et ces taches étaient absents des images prises avant l’invasion des RSF, précise le rapport.