Toute demande de négociations émanant de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sera examinée par le Conseil suprême de la sécurité nationale de la République islamique d’Iran (CSSN), a fait savoir le secrétaire général de la plus haute instance sécuritaire iranienne Ali Larijani, à l’issue de sa rencontre avec le conseiller à la sécurité nationale irakien, Qassim al-Araji, qui s’est tenue ce lundi 20 octobre à Téhéran.
Ces remarques tombent alors que la récente tentative de la troïka européenne — Allemagne, France et Royaume-Uni — de déclencher le mécanisme de retour automatique des sanctions internationales à l’encontre de l’Iran, dit snapback, a mis à mal l’accord de coopération entre Téhéran et l’AIEA.
Avant le rétablissement des sanctions déjà levées dans le cadre de l’accord nucléaire de 2015, l’Iran a à maintes reprises averti que la démarche du trio européen rendrait nul et non avenu l’accord signé avec l’AIEA au Caire, en Égypte, le 9 septembre, sur les modalités pratiques de reprise de la coopération.
Interrogé par des journalistes sur la possibilité de futures discussions entre l’Iran et l’AIEA, M. Larijani a rappelé que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, « avait annoncé après le sommet du Caire que si le snapback était déclenché, les négociations seraient considérées comme nulles et non avenues ».
« Si l’agence soumet une demande à ce sujet, celle-ci devra être examinée par un comité au sein du Conseil suprême de la sécurité nationale », a-t-il affirmé.
Cette position a été prise après que la République islamique a suspendu toute coopération avec l’AIEA à la suite de l’agression israélo-américaine du mois de juin contre le pays, dénonçant les résolutions politiquement motivées de l’Agence et son incapacité à condamner les actes terroristes.
En ce qui concerne la position du directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, M. Larijani a indiqué que ses rapports n’auront désormais plus aucun impact.
Selon ses mots, les Européens ont abusé du snapback et commis « un acte illégal », malgré le respect par l’Iran du Plan global d’action commun (PGAC) au cours des dix dernières années.
Ailleurs dans ses remarques, Ali Larijani a précisé que la Chine et la Russie refusent de reconnaître la réimposition des sanctions contre l’Iran, car la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui avait entériné le PGAC, est désormais expirée.
Le secrétaire général du CSSN a qualifié d’« important » le déplacement de M. Araji à Téhéran, exprimant l’espoir que cette visite renforcera davantage les relations entre les deux pays voisins.
Il a remercié l’Irak pour sa position pendant la guerre des 12 jours contre l’Iran et salué l’attitude de Bagdad dans les instances internationales sur les questions politiques.
Faisant référence aux violations du territoire irakien par les États-Unis et Israël pendant leurs actes d’agression, M. Larijani a annoncé que ce dossier est suivi par les responsables irakiens.
« L’Irak est un pays indépendant qui a préservé son autonomie depuis la chute de la dictature [Saddam Hussein], mais les États-Unis et le régime sioniste ne permettent pas à cette indépendance de perdurer », a-t-il précisé.
À son tour, Qassim al-Araji a déclaré que l’Irak avait à plusieurs reprises affirmé qu’il ne permet pas que son espace aérien soit utilisé contre l’Iran, avant de préciser que Bagdad n’autorisera aucun parti ou groupe à menacer la sécurité iranienne depuis le territoire irakien.
« La sécurité de l’Iran fait partie de celle de l’Irak », a-t-il ajouté, avertissant qu’une nouvelle guerre ne profiterait à personne dans la région.
M. Al-Araji a souligné que l’Irak s’oppose à l’instrumentalisation des sanctions pour exercer des pressions, ajoutant qu’il privilégie toujours le dialogue et la diplomatie.
« Chaque pays du monde a le droit d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, et tout différend, y compris la question nucléaire iranienne, doit être résolu par le dialogue et non par la coercition », a-t-il conclu.