Les embargos sur les armes contre Israël depuis le déclenchement de la guerre génocidaire à Gaza en 2023, ont imposé des mesures d’interdiction ou de restriction totale ou partielle, des exportations militaires au régime. Des mesures que de plus en plus de pays ont adaptées sauf les principaux fournisseurs d’armes au régime, avec en tête les États-Unis.
Ce sont aujourd’hui, au moins 24 pays qui ont adopté ces embargos à mesure que l’indignation mondiale contre les atrocités du régime contre la population de Gaza s’intensifiait. Au cours de l’année écoulée, le nombre de restrictions n’a cessé de croître, reflétant la pression politique et morale croissante exercée sur les gouvernements pour qu’ils se distancient de la machine de guerre israélienne.
L’armée du régime israélien dépend largement, il faut le dire, des avions, des bombes guidées et des missiles importés pour mener ses attaques. Les livraisons d’armes par les États-Unis et dans une moindre mesure par l’Allemagne ont été déterminantes pour Israël, lui permettant de poursuivre l’une des campagnes militaires les plus meurtrières et les plus destructrices de l’histoire.
Au moment où le cessez-le-feu actuel est entré en vigueur, six pays avaient déjà imposé une interdiction totale des transferts d’armements, marquant une escalade significative des efforts internationaux visant à tenir Israël responsable de ses crimes à Gaza.
L’Espagne est le dernier pays à avoir adopté une interdiction générale : un vote parlementaire la semaine dernière interdit la vente d’armements, d’équipements militaires ou de technologies connexes à Israël. D’autres gouvernements ont opté pour des mesures plus restrictives, limitant les exportations liées aux attaques à Gaza plutôt qu’un embargo total.
Ces restrictions ont été associées au génocide du peuple palestinien à Gaza par une commission indépendante de l’ONU, une association de spécialistes du génocide et plusieurs groupes israéliens et internationaux de défense des droits de l’homme.
Israël a naturellement rejeté ces conclusions qualifiant le mois dernier le rapport de l’ONU de « faux » et fondé sur des « mensonges ».
Pourtant à en croire le Washington Post, malgré la pression diplomatique croissante, il est peu probable que ces restrictions altèrent de manière significative les avoirs militaires d’Israël.
Pourquoi l’impact est-il limité
L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) qui surveille les transferts mondiaux d’armements, rapporte que 99 % des importations israéliennes d’« armes conventionnelles majeures » proviennent des États-Unis et de l’Allemagne, l’Italie arrivant loin derrière. En pratique, cela signifie que la plupart des nouvelles interdictions, émanant souvent de petits fournisseurs, n’affectent pas de manière significative les principales sources d’approvisionnement en armes lourdes d’Israël.
L’Allemagne et l’Italie ont imposé des restrictions partielles, mais de hauts responsables allemands ont déjà demandé un assouplissement des restrictions maintenant que le cessez-le-feu est en vigueur, selon Politico. Les États-Unis, quant à eux, n’ont montré aucun signe de vouloir restreindre leurs ventes d’armements à Israël.
Ce que le SIPRI compte et ce qu’il ne compte pas
Les données du SIPRI couvrent les grands systèmes d’armement conventionnels tels que les avions militaires, les véhicules blindés, les navires de guerre, les munitions majeures (missiles guidés, torpilles, bombes guidées), les radars aériens, les systèmes de défense aérienne, ainsi que les pièces d’artillerie de calibre supérieur à 100 mm.
Il transfère les enregistrements de bases de données des ventes ou des subventions légitimes de ces systèmes entre les États, les groupes armés et les organisations internationales.
Les armes conventionnelles de petit calibre, les mitrailleuses, les munitions pour armes légères et certaines munitions sont exclues, tout comme les drones, que les forces d’occupation israéliennes ont largement utilisés à Gaza et en Cisjordanie occupée. Cette omission est significative compte tenu du rôle central des drones dans les opérations récentes.
Les premiers acteurs, les blocs plus larges
Plusieurs pays, dont la Turquie, l’Afrique du Sud et l’Irlande, avaient précédemment réduit leurs liens avec Israël en matière d’armement avant sa guerre contre Gaza. La Turquie, premier État à majorité musulmane à reconnaître Israël, a déclaré à son Parlement en août qu’elle avait « totalement rompu » les échanges commerciaux avec Israël et fermé son espace aérien aux vols militaires israéliens ou transportant des armes.
Pendant ce temps, l’industrie de l’armement israélienne a signalé des revenus d’exportation records après le 7 octobre 2023.
Le ministère israélien de la « Sécurité » a déclaré que les exportations ont totalisé 14,8 milliards de dollars l’année dernière, dont plus de la moitié était destinée aux acheteurs européens.
Les limites de la politique d’embargo
Toutes ces mesures témoignent d’un isolement international croissant et d’une condamnation morale de la campagne israélienne à Gaza.
Toutefois, comme l’approvisionnement en systèmes sophistiqués est principalement contrôlé par une poignée de pays, l’impact sur l’arsenal principal d’Israël semble limité, à moins que Washington ou Berlin ne prennent des mesures plus fermes.
Pendant ce temps, les exportateurs d’armements israéliens continuent de trouver des marchés à l’étranger; les exclusions dans les données du SIPRI, notamment concernant les drones et les armes plus petites, signifient que l’image complète du commerce militaire et de ses impacts opérationnels reste complexe.