Face aux nouvelles exigences des États-Unis en matière de visa pour les Maliens, le ministère des Affaires étrangères du Mali, tout en déplorant cette « décision unilatérale » a annoncé un « programme de visa identique » pour les ressortissants américains souhaitant se rendre au Mali.
Selon le ministère, la décision d’imposer une caution de visa aux ressortissants maliens « porte atteinte aux dispositions de l’Accord relatif à l’institution du visa de longue durée à entrées multiples entre les deux États, entré en vigueur le 14 avril 2005. »
Washington a en effet mis en place un programme pilote de Visa Bond visant spécifiquement les voyageurs maliens, un dispositif qui a suscité de vives réactions à Bamako puisqu’il impose aux candidats au visa une caution financière.
Selon un communiqué officiel de l’ambassade des États-Unis à Bamako, le programme de caution de visa concerne les demandeurs de visas B-1/B-2 (affaires et tourisme). Ces derniers devront désormais verser une caution allant de 5 000 à 15 000 dollars, somme qui leur sera restituée à leur retour au Mali dans les délais autorisés. L’objectif affiché par les autorités américaines est de dissuader les dépassements de séjour, notamment en provenance des pays présentant un taux élevé de non-retour. Le Mali figure parmi les pays ciblés par cette mesure, en raison d’un taux de dépassement de séjour supérieur à la moyenne, selon les données du Département de la sécurité intérieure (DHS) des États-Unis.
Face à cette décision jugée discriminatoire, les autorités maliennes n’ont pas tardé à réagir. Dans un communiqué publié avant-hier, samedi, le ministère malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a qualifié cette mesure d’« injuste » et non conforme à l’esprit de coopération bilatérale. En guise donc de réciprocité, le gouvernement malien a annoncé l’instauration d’une caution identique pour les ressortissants américains sollicitant un visa pour entrer sur le territoire malien, applicable selon certaines sources dès le 1er novembre 2025.
« Le Mali, tout en restant ouvert à la coopération internationale, se doit de protéger la dignité de ses citoyens à l’étranger. Nous espérons que cette mesure encouragera un dialogue diplomatique constructif sur la mobilité entre nos deux pays », a déclaré un membre de cabinet de ce département ministériel.
Certains acteurs de la société civile malienne saluent la réponse du gouvernement, qu’ils qualifient d’acte de souveraineté.
Le programme pilote américain, qui devrait être évalué après une période de six mois, s’inscrit dans une série de mesures migratoires plus strictes adoptées ces dernières années. De leur côté, les autorités maliennes appellent à des discussions bilatérales pour aboutir à un mécanisme plus équitable.