Le Venezuela a dénoncé les États-Unis pour avoir mené une « guerre non déclarée » dans les Caraïbes et a exhorté l’ONU à enquêter sur la dernière frappe américaine contre un navire, qui a fait trois morts.
Le président américain Donald Trump a avancé que les forces américaines avaient mené une troisième frappe contre un navire accusé de trafic de stupéfiants. Il a publié une nouvelle vidéo montrant ce qu’il a présenté comme une frappe américaine ayant selon lui tué trois « narcoterroristes ».
Sans aucune preuve à l’appui de ses allégations ni aucun détail sur le port de départ du navire ni sur l’emplacement exact de la frappe, il a indiqué sur la plateforme Truth Social, Trump que cette « frappe cinétique létale » avait été ordonnée dans la « zone de responsabilité » du Commandement Sud des États-Unis, couvrant 31 pays d’Amérique du Sud, d’Amérique centrale et des Caraïbes.
Ces attaques, menées par des navires de guerre américains et des avions de chasse F-35, ont fait au moins 17 morts ces dernières semaines, selon les rapports.
🇺🇸 🇻🇪 Une troisième frappe a été lancée contre un navire vénézuélien transportant prétendument de la drogue par l’armée américaine pic.twitter.com/jU6S1JoF8y
— Press TV Français (@fr_presstv) September 20, 2025
Dans un communiqué publié vendredi, le ministre vénézuélien de la Défense, Vladimir Padrino Lopez, a qualifié ces frappes de « guerre non déclarée », ajoutant que des personnes, qu’elles soient ou non trafiquantes de drogue, ont été tuées en mer des Caraïbes sans aucune possibilité de se défendre.
Les responsables vénézuéliens affirment que les États-Unis visent des civils et des suspects sans procédure régulière.
Le procureur général du Venezuela, Tarek William Saab, a déclaré que « tirer des missiles sur des pêcheurs sans défense à bord d’un petit bateau équivaut à des crimes contre l’humanité et doit faire l’objet d’une enquête de l’ONU ».
🎥🇻🇪🇺🇸 Manœuvres militaires dans les Caraïbes : le Venezuela mène des exercices terrestres, aériens et navals en réponse au déploiement des navires de guerre américains au large de ses côtes. pic.twitter.com/RZtle1UaBf
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Washington prétend toutefois qu’il s’agit d’opérations s’inscrivant dans le cadre de sa campagne antidrogue dans les eaux des Caraïbes, d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud.
Pourtant, les États-Unis ont fourni peu de preuves à l’appui de leurs allégations, laissant planer des doutes quant au lien réel entre les navires visés et le trafic de drogue.
Les experts soulignent que le trafic de stupéfiants n’est pas passible de la peine de mort selon la législation des États-Unis, rendant ces exécutions contestables, même selon les propres normes de Washington.
En réaction aux offensives militaires américaines, le Venezuela a lancé d’importantes manœuvres militaires sur l’île caribéenne de La Orchila.
Le président Nicolas Maduro affirme que Washington prépare une invasion.
« C’est un plan impérial de changement de régime, visant à imposer un gouvernement fantoche et à voler notre pétrole », a-t-il martelé, exhortant les Vénézuéliens à rejoindre les entraînements des forces militaires et à défendre le pays contre « l’agression impérialiste ».
Même des figures de l’opposition, habituellement critiques envers Maduro, ont condamné les hostilités américaines.
Henrique Capriles, ancien candidat à la présidentielle, a déclaré que l’intervention militaire n’est pas une solution, mettant l’accent sur le fait que « le dialogue politique est la seule voie à suivre, et non les attaques étrangères ».
Les dernières frappes américaines représentent le plus grand déploiement naval dans les Caraïbes depuis des décennies, accentuant les craintes d’une escalade des tensions.
La Colombie dénonce un déploiement militaire américain « excessif » dans les Caraïbes
Dans un communiqué publié vendredi, la ministre colombienne des Affaires étrangères, Rosa Villavicencio, a critiqué la présence militaire américaine « excessive » dans les Caraïbes, la qualifiant de « déstabilisante pour l’Amérique latine ».
Mme Villavicencio a déclaré que le déploiement de plusieurs navires de guerre américains au large du Venezuela est « disproportionné », mettant en garde contre le fait que la menace d’intervention perturbe toute la région.
« Le Venezuela est préoccupé, tout comme l’ensemble de la région, par le risque d’une intervention. Un tel déploiement militaire massif ne peut être justifié », a-t-elle ajouté.
Selon le communiqué, la diplomate colombienne a rejeté les allégations du président américain selon lesquelles les navires, un sous-marin et un escadron F-35 auraient été envoyés pour lutter contre le trafic de drogue.
« Cela n’a rien à voir avec la lutte antidrogue », a-t-elle déclaré, faisant écho aux préoccupations selon lesquelles Washington préparerait une attaque contre le Venezuela, voire un renversement du président Maduro.
Dans son communiqué, elle a qualifié ces frappes d’« illégales », insistant que les suspects doivent être capturés, et non exécutés.
« Cela ne semble pas être la voie légale pour poursuivre des groupes criminels », a-t-elle affirmé.
Ses propos ajoutent une nouvelle tension à des relations déjà tendues entre Washington et Bogota. Plus tôt cette semaine, les États-Unis ont placé la Colombie sur liste noire, sous prétexte de ce qu’ils considèrent comme l’échec du pays latino-américain dans la lutte antidrogue.
Les relations se sont également détériorées en raison de différends personnels et politiques entre Trump et le président colombien Gustavo Petro.
Les deux dirigeants se sont affrontés violemment sur les réseaux sociaux, échangeant des menaces concernant des sanctions et la politique migratoire.
Dans ce droit fil, Mme Villavicencio a écrit que l’inscription de la Colombie sur liste noire « est clairement une décision politique, visant à condamner le président Petro ».