Le ministre iranien des Affaires étrangères, Seyyed Abbas Araghchi, affirme que le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, parties européennes à l’accord nucléaire signé en 2015, ont commis une « grave erreur de calcul » en invoquant les sanctions contre l’Iran. Il exhorte les E3 à saisir cette « brève occasion » avant qu’il ne soit trop tard.
« Comme je l’ai déjà souligné à mes homologues des E3, leur manœuvre n’atteindra pas le résultat escompté. Au contraire, elle ne fera que les marginaliser davantage, en les éliminant de la diplomatie future, avec de lourdes conséquences négatives pour l’ensemble de l’Europe, notamment en termes de crédibilité et de prestige internationaux », a écrit M. Araghchi dans un article publié dimanche 7 septembre par le journal britannique The Guardian.
Le snapback fait référence au rétablissement automatique des sanctions de l’ONU contre l’Iran. Cela est un mécanisme prévu par la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a, en effet, entériné l’accord nucléaire signé en 2015 entre l’Iran et six puissances mondiales.
Le 29 août, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont lancé le compte à rebours pour le retour automatique des sanctions de l’ONU contre l’Iran, surtout un embargo complet sur les armes et d’importantes restrictions bancaires et maritimes.
Cette décision a été immédiatement saluée par les États-Unis, un pays dont le président de l’époque, Donald Trump, avait déchiré en 2018 l’accord sur le nucléaire iranien, officiellement appelé le Plan global d’action commun (PGAC), et rétabli toutes les sanctions.
M. Araghchi a exhorté les E3 à saisir l’occasion avant le rétablissement des sanctions contre l’Iran s’ils souhaitent s’occuper diplomatiquement du dossier nucléaire iranien.
« L’Europe a tort de suivre la stratégie de Donald Trump. Nous sommes ouverts à la diplomatie et à un nouvel accord sur notre programme nucléaire, mais les sanctions doivent être levées. »
Le ministre des Affaires étrangères a invité les E3 à se souvenir de la séquence d’événements qui a conduit l’Iran à prendre des mesures correctives légales dans le cadre de l’accord sur le nucléaire, notamment en augmentant sa capacité d’enrichissement.
« Les trois pays veulent que le monde oublie que ce sont les États-Unis, et non l’Iran, qui ont unilatéralement mis fin à leur participation au PGAC », a-t-il écrit.
« Les E3 omettent également de souligner qu’ils n’ont pas respecté leurs engagements au titre de l’accord, sans parler de leur soutien scandaleux au bombardement de l’Iran en juin. »
Le rétablissement des sanctions de l’ONU contre l’Iran est « une grave erreur de calcul qui ne peut qu’avoir l’effet inverse », a affirmé Araghchi.
Le ministre des Affaires étrangères a souligné que les Européens n’avaient pas respecté leurs engagements après le retrait unilatéral des États-Unis de l’accord et la réimposition des sanctions.
« Les dirigeants européens ont insisté sur le fait que leur “autonomie stratégique” garantirait la poursuite des échanges commerciaux avec l’Iran et que les dividendes promis à mon peuple, notamment la vente de pétrole et de gaz ainsi que des transactions bancaires efficaces, se réaliseraient. Rien de tout cela ne s’est concrétisé », a-t-il écrit.
Araghchi a soutenu que le groupe des E3 avait de facto renoncé à sa participation au PGAC en s’alliant aux États-Unis pour exiger de l’Iran l’arrêt de toutes ses activités d’enrichissement, pierre angulaire de l’accord sur le nucléaire iranien.
« Il est absurde que le groupe E3 revendique sa participation à un accord fondé sur l’enrichissement d’uranium en Iran tout en exigeant que l’Iran renonce à ces mêmes capacités », a-t-il déclaré.
« Soutenir ouvertement les frappes militaires illégales contre des installations nucléaires iraniennes qui sont en principe protégées par le droit international – comme l’a fait le chancelier allemand – ne peut certainement pas être interprété comme “participation” à l’accord », a ajouté le ministre des Affaires étrangères.