En Afrique du Sud, plusieurs cliniques offrant des services de prise en charge du VIH mettent la clé sous le paillasson. La faute ; la réduction de l’aide à Pretoria, décidée par le président américain en raison de la position du gouvernement sud-africain concernant la guerre génocidaire d’Israël dans la bande de Gaza et de la loi d’expropriation que Donald Trump juge « discriminatoire ».
Et pourtant, des sources américaines ont annoncé en juillet que le programme mondial de lutte contre le VIH serait épargné par un plan de coupes budgétaires de plusieurs milliards de dollars que le Congrès a transmis au président Donald Trump.
En tout état de cause, l’Afrique du Sud doit faire face à un défi sanitaire après la décision des États-Unis de réduire de 427 millions de dollars leur soutien financier. Cette décision, prise sous l’administration Donald Trump dans le cadre de coupes budgétaires dans l’aide extérieure, a conduit à la fermeture de cliniques gratuites et privé de traitement de nombreux patients.
Effectivement, en Afrique du Sud, c’est le gouvernement qui finance l’essentiel du programme de lutte contre le VIH en distribuant gratuitement des antirétroviraux, dans les cliniques publiques en particulier, tandis que l’USAID soutenait 17 % de ce budget ; et malgré des avertissements de la société civile sur une éventuelle remontée du nombre d’infections, le ministère sud-africain se veut rassurant. « Nous essayons tous d’aller de l’avant », résumait en juillet le docteur Kate Rees, spécialiste de santé publique au sein de l’Anova Health Institute, une organisation qui était l’un des premiers bénéficiaires du Pepfar (Plan d’urgence du président américain pour la lutte contre le sida) en Afrique du Sud.
Le président Donald Trump a officialisé en février 2025 la fin de l’aide américaine à Pretoria, justifiant cette mesure par la loi sud-africaine sur l’expropriation des terres, qu’il a faussement jugé discriminatoire envers les fermiers blancs.
Dans un décret, Trump a ordonné la suspension de tout financement tant que Pretoria poursuivra ce qu’il considère comme des « pratiques injustes et immorales ».
Le président américain a également invoqué d’autres motifs, notamment l’accusation portée par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice, en raison de sa guerre génocidaire contre la bande de Gaza. « Les États-Unis ne peuvent pas soutenir un gouvernement qui commet des violations des droits dans son propre pays et qui, en outre, sape la politique étrangère américaine », a lancé le président américain.
Enfin, le décret prévoyait une assistance à la « réinstallation » des personnes qui s’estiment victimes de discrimination raciale.
Un premier groupe de 49 personnes, principalement des familles d’agriculteurs issus de la minorité blanche d’Afrique du Sud, a atterri à la mi-mai à l’aéroport international de la capitale Washington.
Peu avant l’arrivée de cette cinquantaine d’Afrikaners aux États-Unis, Donald Trump a tenté de justifier leur accueil en évoquant un prétendu « génocide blanc », une accusation jugée « infondée » par les responsables sud-africains.
Frappée de 30 % de droits de douane sur la plupart de ses exportations, l’Afrique du Sud est en effet une cible récurrente du président américain, qui lui reproche une prétendue persécution de ces fermiers blancs descendants des premiers colons européens.
Le ministère des affaires étrangères sud-africain « a fait part de sa profonde déception » dans un communiqué diffusé à la mi-août. « Nous trouvons que le rapport [annuel du département d’État] est un récit inexact et profondément erroné qui ne reflète pas la réalité de notre démocratie constitutionnelle », a-t-il exposé. « Le fait que le rapport s’appuie sur des informations hors de leur contexte et [sur] des récits faux est très préoccupant », a déploré Pretoria mardi 12 août.
Dans un contexte où l’appui américain au génocide perpétré par Israël contre les Gazaouis depuis bientôt deux ans est de notoriété publique, et alors que les contestations de rue aux États-Unis cinq ans après le meurtre de l’Afro-Américain George Floyd par la police laissent place à un sévère retour de bâton, l’on voit le locataire de la Maison-Blanche invoquer des soucis désuets et creux liés au génocide et à la discrimination raciale. Certes le lecteur avisé ne restera pas insensible aux motivations politiques abjectes qui cachent derrière cette approche.