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L'inquiétude des communautés bédouines de Cisjordanie face au plan de colonisation israélien

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le campement bédouin de Jabal al-Baba, près de la colonie israélienne de Maale Adumim, en Cisjordanie occupée, à la périphérie de Qods. Photo datée de 2020. ©AFP

Le nouveau projet israélien de colonisation en Cisjordanie occupée suscite de grandes inquiétudes car il menace une vingtaine de communautés bédouines palestiniennes et risque de couper le territoire en deux. 

Le régime israélien a approuvé, mercredi 20 août, un projet de construction de colonies en Cisjordanie baptisé E1, pour construire 3400 nouveaux logements, qui diviseront le territoire palestinien en deux parties, le nord et le sud. La semaine dernière, le ministre israélien des Finances d'extrême droite Bezalel Smotrich a promis « d'enterrer l'idée d'un État palestinien ». 

Ce projet menace une vingtaine de communautés bédouines, qui redoutent d'être chassées de leurs terres. Jabal al-Baba, à quelques kilomètres à l'est de la noble Qods, fait partie de ces territoires menacés.

« Ici, on ne nous fera bouger que par la force », assure Atala Jahalin, responsable de la communauté bédouine de Jabal al-Baba. « Mais nous risquons de nous retrouver coincés entre une nouvelle route israélienne et un mur de séparation, en état de siège, comme si nous étions en prison », craint-il.

Des arrêtés d'expulsion ont déjà été envoyés à la population par l'armée israélienne il y a une dizaine de jours, avant même la validation du plan de colonisation. « On s'attend à voir arriver l'armée à chaque seconde. Ils nous chasseront et emporteront nos maisons, nos souvenirs, nos vies. »

La division de la Cisjordanie en deux parties inquiète également les habitants concernés par le nouveau projet israélien, qui vise à « développer les colonies à l'est de la ville et prendre le contrôle jusqu'à la mer Morte, ce qui divisera le nord et le sud du territoire », explique Atala Jahalin.

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Le responsable estime que le peuple palestinien a été « abandonné par le monde entier ». « Je n'attends plus rien des pays arabes ou européens. Si Bezalel Smotrich ou Itamar Ben-Gvir veulent quelque chose, leurs souhaits sont exaucés », déplore-t-il.

À quelques kilomètres au nord de Jabal al-Baba, la communauté de Khan al-Ahmar, où des tentes et des abris constitués de plaques de tôle se nichent dans les collines arides, est également en péril.

« Notre avenir est le même que celui des bédouins de l'est de Ramallah ou de la vallée du Jourdain qui ont été attaqués par les colons, harcelés, déplacés de force et tués. Les familles ont dû se séparer pour intégrer les grandes villes voisines dans des gouvernorats différents », note à RTS, Eid Khamis Al-Jahaleen, chef de la communauté bédouine et activiste.

Selon le septuagénaire, Israël vise ainsi à « transformer chaque ville de Cisjordanie en prison à ciel ouvert ». « Bethléem, Ramallah, al-Khalil, Ariha: toutes seront des prisons dont on ne pourra plus sortir. Ce projet de colonies est le plan d'un régime sioniste extrémiste qui veut rendre la vie impossible aux Palestiniens, puis exiger la paix. Mais on ne peut pas accepter la paix dans ces conditions », soutient Eid Khamis al-Jahaleen.

Dans le village, l'inquiétude gagne les familles, qui s'attendent à être expulsées d'un jour à l'autre. « Tout le monde est très inquiet et en colère. Je suis née et j'ai étudié ici. Tout le monde se connaît, nous avons des liens très forts. Rien de comparable avec n'importe quel autre endroit », témoigne Nesreen, une résidente de Khan al-Ahmar.

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Comme des milliers d'autres Palestiniennes et Palestiniens menacés par le nouveau plan de colonisation, la jeune femme de 22 ans ne sait pas où elle pourrait reconstruire sa vie. « J'ai essayé de trouver, mais je ne vois aucun endroit qui ne soit pas sous le contrôle de l'armée israélienne. »

Ces communautés sont les victimes directes de la politique du ministre d’extrême droite Bezalel Smotrich. « Ils continueront à parler d’un rêve palestinien », souligne-t-il. « Et nous construirons une réalité juive. »

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a condamné fermement cette décision. « Les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée violent le droit international et vont directement à l'encontre des résolutions des Nations Unies. L'avancement de ce projet constitue une menace existentielle pour la solution à deux États », a souligné son porte-parole dans un communiqué.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV