Alors que des droits de douane de 15 % sont entrés en vigueur ce jeudi pour les produits de l’Union européenne exportés aux États-Unis, l’accord trouvé la semaine dernière entre l’Union européenne et Washington est loin d’enthousiasmer les entreprises en Allemagne.
L’accord UE-USA suscite l’inquiétude plutôt que l’optimisme parmi les entreprises allemandes, la majorité d’entre elles anticipant une augmentation des charges, selon une enquête publiée mercredi par la Chambre de commerce et d’industrie allemande (DIHK).
Cette enquête, qui a recueilli les réponses d’environ 3 500 entreprises allemandes, montre que 58 % d’entre elles s’attendent à ce que l’accord entraîne de nouvelles charges. Parmi les entreprises directement engagées sur le marché américain, ce chiffre s’élève à 74 %.
L’accord, finalisé fin juillet entre la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président américain Donald Trump, stipule que la plupart des exportations de l’UE vers les États-Unis seront désormais soumises à un droit de douane de 15 %. En contrepartie, l’UE s’est engagée à stimuler les importations de produits énergétiques américains et à augmenter les investissements sur le marché américain.
Helena Melnikov, directrice générale de la DIHK, a qualifié cet accord de « pilule amère » pour l’économie allemande. Au lieu d’atténuer les tensions commerciales, l’accord risque d’augmenter les coûts opérationnels, d’introduire des obstacles bureaucratiques supplémentaires et de nuire à la compétitivité.
« Il n’est pas certain que ce compromis tienne sur le long terme », a-t-elle estimé. Pour elle, « la Commission européenne doit faire pression pour obtenir de véritables améliorations économiques lors des prochaines négociations ».
Depuis mars, les États-Unis ont imposé des droits de douane croissants sur les importations de l’UE, notamment l’acier, l’aluminium, les automobiles et les pièces détachées, des mesures qui ont déjà infligé des dommages importants aux exportateurs allemands, a ajouté Mme Melnikov.
Selon l’enquête de la DIHK, près de 75 % des entreprises interrogées ont subi les effets négatifs de la politique commerciale américaine, principalement en raison de l’incertitude politique et de l’augmentation des droits de douane.
La situation est encore plus désastreuse pour les entreprises ayant des activités directes aux États-Unis : environ 90 % d’entre elles font état d’effets négatifs. Plus de la moitié d’entre elles disent prévoir de réduire leurs échanges avec les États-Unis, tandis que 26 % ont l’intention de réduire ou de suspendre leurs investissements sur le marché américain.
Deux tiers des entreprises interrogées se tournent vers d’autres marchés, en particulier les économies émergentes d’Asie.
« La politique tarifaire des États-Unis ne fait pas de gagnants », a souligné Mme Melnikov. « Elle nuit aux entreprises et aux consommateurs des deux côtés de l’Atlantique. »
Parmi les entreprises touchées par les hausses tarifaires, 84 % disent qu’elles vont répercuter au moins une partie de la hausse des coûts sur leurs clients américains, ce qui pourrait alimenter les pressions inflationnistes aux États-Unis.
Un récent sondage vient de révéler que plus de la moitié des Allemands sont mécontents de la performance de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, notamment après l’annonce du nouvel accord commercial entre Bruxelles et Washington.
Réalisé par l’institut INSA pour le journal Bild, le sondage montre que 51 % des 1 002 Allemands interrogés entre le 31 juillet et le 1er août désapprouvent la performance de Von der Leyen. En revanche, 31 % se déclarent favorables, tandis que 18 % restent indécis.
Selon les résultats, 66 % des personnes interrogées estiment que l’accord tarifaire aura un impact négatif sur l’économie allemande. Seuls 14 % estiment qu’il sera bénéfique, et 10 % ne prévoient aucun effet.