Les pourparlers entre l'Iran et la troïka européenne ou E3 (Royaume-Uni, France et Allemagne), se sont achevés vendredi à Istanbul.
« Les diplomates iraniens et ceux de l'E3 ont convenu de poursuivre leurs discussions à l'issue d'une réunion consacrée à l'allègement des sanctions contre l'Iran et la question nucléaire », a annoncé le vice-ministre iranien des Affaires étrangères en charge des affaires juridiques et internationales, Kazem Gharibabadi.
Cette rencontre à huis clos, qui a duré plus de trois heures, s'est tenue au consulat d'Iran à Istanbul, la délégation iranienne étant dirigée par Gharibabadi et le vice-ministre des Affaires étrangères en charge des affaires politiques, Majid Takht-Ravanchi.
À l'issue de cette rencontre, Gharibabadi a déclaré sur X que l'Iran et l'E3 avaient eu des discussions « sérieuses, franches et détaillées » concernant la question nucléaire et la levée des sanctions.
Il a ajouté que la partie iranienne avait exprimé de vives critiques à l'égard des positions européennes concernant la récente agression d’Israël contre l’Iran et avait réitéré sa « position de principe », y compris sur le mécanisme de « snapback », lequel permettrait de réimposer des sanctions à l'Iran.
Un diplomate européen, s'exprimant sous couvert de l'anonymat a déclaré que les pays de l'E3 avaient proposé à Téhéran de retarder temporairement le déclenchement du mécanisme, « à condition que Téhéran renoue avec la diplomatie, coopère pleinement avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et réponde aux préoccupations concernant l'augmentation rapide de son stock d'uranium hautement enrichi ». « Le rétablissement des sanctions reste sur la table », a-t-il dit.
L'Iran insiste toutefois sur le fait que ses activités d'enrichissement relèvent de ses droits légaux. Kazem Gharibabadi a réaffirmé sur les réseaux sociaux que les efforts nucléaires de Téhéran devaient être respectés, ajoutant que les pourparlers ne devaient pas servir de « plateforme pour des agendas cachés tels qu'une action militaire ».
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Il a également déclaré que la participation de l'Iran au processus diplomatique dépendait de la « reconstruction de la confiance », en particulier à la lumière du retrait des États-Unis de l'accord de 2015 lors du premier mandat de Donald Trump.
« L'Iran n'a absolument aucune confiance dans les États-Unis », a écrit Gharibabadi.
Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi, a déclaré pour sa part devant les journalistes, que Téhéran insistait sur son droit « absolu » à l’enrichissement à l’intérieur du pays, conformément au Traité de non-prolifération (TNP).
Lors des discussions avec le groupe E3, a-t-il déclaré, l'Iran a soulevé la question « importante » de ses droits conformément au TNP.
« L'enrichissement, qui fait partie de nos droits absolus, doit se poursuivre à l'intérieur du pays », a-t-il ajouté.
Il a déclaré que la levée des sanctions arbitraires avait également été évoquée et que les négociateurs iraniens avaient souligné que « ces sanctions devraient être levées dès que possible ».
Évoquant la question de l'intention de l'Europe de déclencher le « snapback », Takht-Ravanchi a ajouté que les diplomates iraniens ont « clairement et explicitement » exprimé leur opposition à ce mécanisme.
Les pourparlers d'Istanbul interviennent dans le cadre des efforts visant à relancer la diplomatie sur la question du programme nucléaire iranien après que les négociations indirectes entre les États-Unis et l'Iran et les discussions plus larges avec les parties européennes ont été suspendues à la suite d'une agression israélienne non provoquée contre l'Iran le 13 juin.
En 2015, l’Iran a prouvé au monde le caractère pacifique de son programme nucléaire en signant le PGAC avec six puissances mondiales. Cependant, le retrait unilatéral de Washington en 2018 et la réimposition ultérieure de sanctions anti-iraniennes ont laissé l’avenir de l’accord dans les limbes.