L’Ukraine et ses principaux alliés européens, de concert avec les États-Unis, ont adressé samedi un ultimatum à la Russie pour accepter un cessez-le-feu « complet et inconditionnel » de 30 jours à partir de lundi, faute de quoi Moscou s’exposerait à de nouvelles « sanctions massives » occidentales.
Le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz et le Premier ministre britannique Keir Starmer sont arrivés à Kiev, samedi matin 10 mai, pour afficher avec le chef du gouvernement polonais, Donald Tusk, leur soutien à l'Ukraine. Les trois dirigeants sont sortis ensemble du train qui les a amenés depuis la Pologne avant de rejoindre le président Volodymyr Zelensky et Donald Tusk.
« Nous venons de décider de soutenir un cessez-le-feu qui débutera lundi prochain, sans aucune condition préalable », a déclaré le dirigeant français.
Des sanctions « massives et coordonnées » ont également été évoquées par Emmanuel Macron, en cas de « violation » de la trêve proposée. Le président français avait brandi plus tôt le bâton des sanctions si Moscou n’accédait pas à cette injonction de cessez-le-feu.
« Si la Russie ne s’engage pas sur ces 30 jours de cessez-le-feu et sur ces discussions, il faut pouvoir prendre des sanctions supplémentaires qui soient beaucoup plus dures pour l’économie russe et en quelque sorte être dissuasif », avait-il déclaré à des journalistes de TF1/LCI depuis le train l’emmenant à Kiev, le tout deux mois après l’entrée en vigueur d’un 16e paquet de sanctions européennes.
Macron a déclaré que le cessez-le-feu « sera surveillé principalement » par les États-Unis, « auquel tous les Européens contribueront ».
« L'Ukraine et ses alliés sont prêts à un cessez-le-feu complet et inconditionnel sur terre, dans les airs et en mer pendant au moins 30 jours à compter de lundi » [le 12 mai], a affirmé sur X le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriï Sybiga, assurant que cette trêve « et des mesures de confiance » pouvaient « ouvrir la voie à des négociations de paix ».
Quasi simultanément, sur Telegram, son ministère avait évoqué des « conversations téléphoniques productives » avec le président américain Donald Trump et les quatre dirigeants européens présents ainsi que Volodymyr Zelensky.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a également exprimé son soutien à la trêve, qui, selon elle, « doit être mise en œuvre sans conditions préalables pour ouvrir la voie à des négociations de paix significatives ».
Depuis deux mois, Kiev fait pression pour un cessez-le-feu immédiat de 30 jours, ce que la Russie a jusqu’à présent refusé de respecter.
Moscou affirme soutenir l’idée en principe, mais insiste sur le fait qu’il y a ce qu’il appelle des « nuances » qui doivent d’abord être abordées
Dans une interview accordée à ABC News et publiée plus tôt samedi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré que le président russe soutient le projet de cessez-le-feu en Ukraine proposé par les États-Unis. « Mais, avant d'aller plus loin, il faut répondre à des questions précises », a-t-il immédiatement tempéré
Interrogé sur la possibilité d'un dialogue avec les dirigeants européens, Peskov a déclaré à la chaîne d'information américaine ABC que Moscou entendait « des déclarations contradictoires de la part de l'Europe ».
« Elles sont généralement axées sur la confrontation plutôt que sur des tentatives visant à ressusciter nos relations d'une manière ou d'une autre », a-t-il déclaré, répondant à une question qui n'était pas directement liée à la proposition de cessez-le-feu.
Peskov a également rappelé qu’un éventuel cessez-le-feu avec l’Ukraine ne saurait être envisageable sans l’arrêt complet des livraisons d’armes en provenance des États-Unis et de l’Europe. « Sinon, ce sera un avantage pour l’Ukraine », a déclaré Peskov.
« L’Ukraine poursuivra sa mobilisation totale, envoyant de nouvelles troupes en première ligne. » Il a ajouté que Kiev profiterait d’un cessez-le-feu pour former des recrues et faire reposer ses unités existantes, ce qui serait, selon lui, inacceptable pour Moscou.
Peskov a rappelé que Vladimir Poutine avait déjà évoqué ces préoccupations lors d’un appel téléphonique avec Trump le 18 mars. Le président russe, affirme-t-il, continue de soutenir un cessez-le-feu, mais reste prudent en raison des « avancées russes sur le front » et de la dynamique actuelle du conflit.
« Alors, si nous parlons de cessez-le-feu, qu’allons-nous faire des livraisons d’armes qui arrivent chaque jour des États-Unis et des pays européens ? », a insisté Peskov, soulignant que la question restait un point de blocage majeur dans les discussions.
Le Kremlin insiste sur la nécessité de garanties concrètes concernant l’arrêt du soutien occidental à l’armée ukrainienne.
Le président américain Donald Trump a déclaré que l'Ukraine devra envisager de céder des territoires, y compris la Crimée, qui a rejoint la Russie après un référendum le 16 mars 2014.