Un doctorant iranien de l'Université d'Alabama a été contraint à l’auto-expulsion après six semaines de détention sans aucune accusation justifiée dans une installation ICE de Louisiane, à 300 kilomètres du campus où il a bâti sa vie.
Les arrestations de l'ICE (Service de l'Immigration et des Douanes des États-Unis) font partie d'une vaste campagne de répression de l'immigration menée par Trump. En tant qu'agence fédérale, le Service peut détenir des non-citoyens n'importe où aux États-Unis.
Alireza Doroudi a été arrêté par les agents de l’ICE en mars et mis en détention dans un centre dans la ville de Jena, dans l’État de Louisiane, à plus de 480 kilomètres de l'endroit où il vivait avec sa fiancée, Sama Bajgani, en Alabama.
Le Département d'État avait accusé Doroudi de poser « d'importantes préoccupations en matière de sécurité nationale ». L'avocat de Doroudi, David Rozas, a affirmé que le gouvernement américain n'a fourni aucune preuve pour étayer cette affirmation.
Étudiant en génie mécanique de l'Université d'Alabama, Doroudi est entré légalement aux États-Unis en janvier 2023 avec un visa étudiant. Son avocat a précisé que Doroudi avait décidé de ne plus s’opposer à son expulsion après que le juge de l'affaire, Maithe Gonzalez, lui a donné jusqu'à la fin du mois de mai pour déposer à nouveau des requêtes et a refusé sa caution.
Sa fiancée Sama Bajgani a précisé qu’il n'avait pas de casier judiciaire, pas d'antécédents politiques comme d’autres étudiants ciblés et aucun problème juridique en suspens.
Le qualifiant d’ « intello » et de « très grand penseur » qui a passé de longues journées au laboratoire, elle a déclaré que Doroudi ne méritait pas ce qui lui est arrivé et que cette arrestation avait bouleversé leur quotidien.
« Je suis très déçue de tout ce qui nous est arrivé et j'ai besoin de temps pour faire le deuil de ce que je vais laisser derrière moi », a-t-elle témoigné. « Tous les rêves, toutes les amitiés que nous avons partagés. »
Dans une lettre adressée à sa fiancée en avril dernier, Doroudi a qualifié sa détention de « pure injustice ». « Je n'ai causé aucun problème dans ce pays. Je ne suis pas entré illégalement. J'ai suivi toutes les voies légales », a-t-il écrit.
Son avocat David Rozas a affirmé qu'il n'avait jamais vu un tel cas en 21 ans de carrière en tant qu'avocat spécialisé en immigration.
Les autorités de l’ICE ont refusé à son client une procédure régulière et l'ont forcé à choisir entre la détention indéfinie et l'auto-expulsion.
« Je suis absolument bouleversé et je pense que c'est une parodie de justice », a déclaré Rozas. « Le gouvernement n'a fourni aucune preuve de la menace que représenterait M. Doroudi pour la sécurité nationale. »
Plus de 1 000 étudiants internationaux à travers les États-Unis ont vu leur visa ou leur statut juridique révoqué depuis fin mars, selon une analyse des données scolaires réalisée par l'Associated Press.
Parmi eux, certains ont participé à des rassemblements de masse dans les campus universitaires américains en soutien aux Palestiniens et contre la guerre génocidaire menée par Israël dans la bande de Gaza.
Rumeysa Ozturk, une étudiante turque diplômée de l'Université Tufts à Somerville, dans le Massachusetts, a été arrêtée en mars suite à des accusations du Département de la Sécurité intérieure selon lesquelles elle se serait livrée à « des activités de soutien au Hamas » après avoir écrit un article d'opinion.
L'article appelait l’université Tufts à « reconnaître le génocide palestinien » et à « divulguer ses investissements et à se désinvestir des entreprises ayant des liens directs ou indirects avec Israël ».
Les étudiants de l'Université de Columbia, Mahmoud Khalil et Mohsen Mahdawi, ont également été placés en détention en raison de leurs actions de soutien à la Palestine.
Comme dans les cas de Doroudi et d’Ozturk, le gouvernement fédéral s’est appuyé sur de vagues allégations selon lesquelles Khalil et Mahdawi représenteraient des « menaces à la sécurité nationale » pour justifier leur détention malgré leur statut de résidents légaux.