Le principal expert de la Palestine auprès des Nations unies a exprimé des préoccupations majeures concernant la complicité des hauts responsables de l’Union européenne, notamment la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et la haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas.
Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens, a appelé à ce que les hauts responsables de l’Union européenne soient tenus responsables de leur soutien implicite aux crimes de guerre israéliens perpétrés à Gaza.
« Le fait que les deux plus hautes personnalités de l’UE poursuivent leurs relations habituelles avec Israël est plus que déplorable », a déclaré la rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, dans une interview publiée par The Intercept, samedi 3 mai.
Mme Albanese a ajouté : « Je ne suis pas de ceux qui disent : “L’Histoire les jugera”. Ils devront être jugés avant cela. Ils devront comprendre que l’immunité ne peut être synonyme d’impunité. »
Les conséquences des actions israéliennes sont dévastatrices, avec près de 52 500 personnes tuées et la destruction totale des infrastructures civiles dans la région. La majorité des victimes sont des civils, y compris des dizaines de milliers d’enfants et de femmes.
Ce qui avait commencé comme une tentative d’Israël d’échanger des prisonniers avec le Hamas a évolué vers une stratégie soutenue par les États-Unis, visant à une forme de nettoyage ethnique des Palestiniens à Gaza.
L’armée israélienne a intensifié ses frappes meurtrières après avoir rompu, le 18 mars, l’accord de cessez-le-feu de deux mois avec le Hamas.
En outre, depuis le 2 mars, Israël a instauré un blocus total sur l’aide humanitaire, l’approvisionnement en électricité, en nourriture et en eau, établissant ainsi le blocus le plus prolongé depuis le début du génocide à Gaza, qui perdure depuis près de 19 mois.
Les organisations de défense des droits de l’homme ont exprimé leur indignation face à cette situation et ont appelé les États membres de l’Union européenne à adopter des mesures concrètes, notamment en boycottant Israël et en suspendant la vente d’armes au régime israélien.
Malgré ces appels à l’action, la réponse des dirigeants européens a été mitigée. En effet, depuis son accession au pouvoir en décembre, Kallas a attribué la responsabilité de la rupture du cessez-le-feu au Hamas, tout en maintenant des relations diplomatiques normales avec Israël et en affirmant son soutien indéfectible à ce dernier.
Par ailleurs, une plainte a été déposée en mai 2024 contre Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, devant la Cour pénale internationale, l’accusant de complicité dans des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis à Gaza.
Cette situation met en lumière le rôle de l’Union européenne, qui semble être devenue un terrain propice pour les États membres souhaitant établir des relations et conclure des accords avec le régime israélien.
Mme Albanese a souligné l’importance de demander des comptes aux dirigeants de l’Union européenne, en annonçant qu’elle était en train de rédiger un rapport qui mettra en lumière le rôle des banques, des fonds de pension, des entreprises technologiques et des universités dans la destruction de Gaza.
Elle a affirmé que toute personne impliquée dans l’occupation illégale, ainsi que ceux qui lui apportent leur soutien, participent activement à des violations du droit international et des droits de l’homme.
Selon elle, certaines de ces actions peuvent être qualifiées de « crimes », [ce qui soulève des questions éthiques et juridiques sur la responsabilité des acteurs privés et publics dans ce contexte, NDLR].
« Il pourrait y avoir une responsabilité individuelle et une nécessité de rendre des comptes pour ceux qui ont aidé, encouragé ou permis de tels actes criminels », a-t-elle ajouté.