Une analyse récente menée par les Nations Unies a révélé qu’au moins 36 frappes israéliennes sur Gaza menées entre le 18 mars et le 9 avril n’ont entraîné que la mort de femmes et d’enfants palestiniens.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a dénoncé, vendredi 11 avril, l'impact sur les civils des frappes israéliennes ces dernières semaines, constatant qu'« un large pourcentage des victimes [de l'agression israélienne] sont des enfants et des femmes » et que des centaines de frappes ont touché des immeubles d'habitation et des tentes depuis qu'Israël a rompu le cessez-le-feu avec le Hamas le 18 mars.
« Entre le 18 mars et le 9 avril, il y a eu environ 224 frappes israéliennes sur des immeubles résidentiels et des tentes de déplacés a fait savoir Ravina Shamdasani, porte-parole du HCDH aux journalistes à Genève, affirmant que pour « 36 frappes répertoriées et corroborées » les victimes « étaient uniquement des femmes et des enfants jusqu’à présent ».
Selon le ministère de la Santé de Gaza, au moins 50 912 Palestiniens ont été tués et 115 981 blessés lors de la guerre israélienne contre Gaza, qui a déclenché en octobre 2023. Le Bureau des médias du gouvernement de Gaza a actualisé son bilan à plus de 61 700 morts, indiquant que des milliers de personnes portées disparues sous les décombres sont présumées mortes.
L'avertissement de l'ONU intervient alors que les secouristes de Gaza ont déclaré qu'une frappe aérienne israélienne avait tué dix membres d'une même famille avant l'aube du vendredi 11 avril.
« Dix personnes, dont sept enfants, ont été transportées à l'hôpital, tuées en martyr à la suite d’une frappe aérienne israélienne qui a visé la maison de la famille Farra, dans le centre de Khan Younès », selon Mahmud Bassal, porte-parole de la Défense civile de Gaza.
Des images publiées de la maison touchée montrent une structure lourdement détruite, avec des dalles de béton abîmées et du métal tordu éparpillés sur le site.
Mme Shamdasani a en outre mentionné une frappe du 6 avril contre un immeuble résidentiel de la famille Abu Issa à Deir al-Balah, qui a entraîné la mort d’une fille, de quatre femmes et d’un garçon de quatre ans.
Elle a souligné que même les zones où les Palestiniens recevaient l'ordre de se rendre à la suite des ordres d'évacuation israéliens, de plus en plus nombreux, étaient également la cible d'attaques.
« Malgré les ordres militaires israéliens ordonnant aux civils de se réinstaller dans le quartier d'al-Mawasi à Khan Younès, les frappes se sont poursuivies contre des tentes abritant des personnes déplacées dans cette zone, avec au moins 23 incidents de ce type enregistrés par le Bureau depuis le 18 mars », a déclaré la responsable de l'ONU, qui a également averti que les frappes militaires à Gaza « ne laissaient aucun endroit sûr ».
Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, la multiplication des ordres d'évacuation israéliens conduisait au « transfert forcé » de personnes vers des espaces de plus en plus restreints dans le territoire palestinien assiégé.
« Soyons clairs : ces soi-disant ordres d’évacuation sont en réalité des ordres de déplacement, entraînant le déplacement de la population de Gaza vers des espaces de plus en plus restreints », a averti Mme Shamdasani.
« Le déplacement permanent de la population civile dans les territoires occupés équivaut à un transfert forcé, ce qui constitue une grave violation de la Quatrième Convention de Genève et un crime contre l’humanité.»
Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a également averti, vendredi 11 avril, que les ordres d’évacuation israéliens laissaient les Palestiniens avec moins d’un tiers de Gaza où vivre, citant le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
« L’OCHA rapporte que plus des deux tiers de la bande de Gaza sont soit sous le coup d’ordres de déplacement actifs, soit désignés comme zones interdites », a-t-il déploré, soulignant que « cela laisse aux Palestiniens moins d’un tiers de la superficie de Gaza où vivre, et que l’espace restant est fragmenté. »