Le cabinet israélien a acté vendredi le limogeage de Ronen Bar, le chef de l'agence de sécurité intérieure Shin Bet, en qui le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit ne plus avoir confiance.
Le bureau du Premier ministre israélien a annoncé,dans un communiqué, que « le cabinet a approuvé à l'unanimité la proposition de Netanyahu de mettre fin au mandat » de Bar, qui quittera ses fonctions lorsque son successeur sera nommé ou au plus tard le 10 avril.
Dans une lettre adressée aux membres du cabinet, Netanyahu a justifié cette décision par « une perte de confiance professionnelle et personnelle persistante au directeur du service de Shin bet », qui empêche « le gouvernement et le Premier ministre d'exercer efficacement leurs pouvoirs, ce qui porte atteinte aux capacités opérationnelles du Shin Bet » et à l’administration du régime .
En référence à l’opération de représailles de la Résistance palestinienne Hamas, Tempête d’Al-Aqsa, la lettre a indiqué que cette perte de confiance s'est consolidée au cours de la guerre, au-delà de l'échec dans la guerre génocidaire contre la bande de Gaza, et en particulier ces derniers mois.
Des motivations basées sur « l'intérêt personnel » selon Ronen Bar
Ronen Bar, à la tête du Shin Bet depuis octobre 2021 pour un mandat de cinq ans, a rapidement réagi à la décision de Netanyahu, affirmant qu'il se défendrait devant les « instances appropriées ».
Dans une lettre rendue publique jeudi soir, il a affirmé que les motivations de son limogeage, annoncé dès dimanche par Netanyahu, sont basées sur « l'intérêt personnel » et ont pour but d'« empêcher les enquêtes sur les événements qui ont conduit au 7-Octobre et sur d'autres graves affaires examinées actuellement par le Shin Bet ».
L'annonce de son limogeage avait déjà soulevé l'indignation de l'opposition, déclenchant des manifestations qui dénonçaient une « menace contre la démocratie » et accusaient Netanyahu de vouloir concentrer les pouvoirs dans les mains de l'exécutif.
Jeudi soir, plusieurs milliers de personnes sont descendus dans la rue pour manifester devant la résidence privée du Premier ministre israélien, puis devant la Knesset, le Parlement israélien, où les ministres étaient réunis.
Les critiques israéliens affirment que Netanyahu exploite les menaces extérieures pour réprimer la dissidence et maintenir son emprise sur le pouvoir à un moment où plus de 60 % des colons ont appelé à son retrait de la politique.
Un nouveau sondage a également révélé un niveau record de 47 % de méfiance envers l’armée israélienne.
Ronen Bar avait déjà laissé entendre qu'il démissionnerait avant la fin de son mandat, mais selon ses termes et en assumant la responsabilité de l'échec de son agence à prévenir l'attaque du 7 octobre du Hamas. Une enquête interne du Shin Bet, rendue publique le 4 mars, a reconnu des failles dans la collecte de renseignements qui auraient pu alerter les autorités du régime.
L'enquête a aussi critiqué l'exécutif, et Benjamin Netanyahu indirectement, jugeant que la politique d'apaisement face au mouvement palestinien ces dernières années avait « permis au Hamas de bâtir un impressionnant arsenal militaire ».