Les services médicaux en Afrique risquent de « s’effondrer dans les prochaines années » en raison de la montée en flèche des maladies chroniques, a averti un haut responsable de la santé publique.
Lors de la cérémonie d’ouverture du Forum mondial de l’Alliance sur les maladies non transmissibles à Kigali, au Rwanda, qui s’est tenu du 13 au 15 février, le Dr Githinji Gitahi, PDG du groupe Amref Health Africa, a déclaré que l’aide étrangère s’est largement concentrée sur les maladies infectieuses, laissant un vide important dans la lutte contre les maladies non transmissibles (MNT) comme le cancer, le diabète et l’hypertension.
Citant le Dr Gitahi, le journal The Guardian a rapporté jeudi 27 février que ces pathologies, qui représentaient 37 % des décès en Afrique subsaharienne en 2019, devraient devenir la principale cause de décès dans la région d’ici 2030.
Gitahi a exprimé sa préoccupation concernant la situation des patients hospitalisés en Afrique, soulignant que la moitié d’entre eux sont atteints de maladies chroniques et que la plupart d’entre eux ne disposent pas des ressources financières nécessaires pour couvrir les frais de leurs traitements médicaux.
Les gouvernements africains doivent intensifier leurs efforts pour gérer les maladies non transmissibles, car l’aide étrangère s’aligne souvent sur les intérêts des donateurs en matière de prévention de maladies comme le sida et la tuberculose qui pourraient se propager à l’échelle mondiale, a-t-il prévenu.
« Alors que 50 % des admissions à l’hôpital en Afrique sont liées aux maladies non transmissibles et que 80 % des soins liés à ces maladies sont payés directement par les patients, la situation est intenable », a-t-il regretté.
Huit patients sur dix doivent payer eux-mêmes leur traitement, ce que la plupart ne peuvent pas se permettre, note Gitahi, rappelant que les gouvernements manquent de ressources financières pour faire face à ce problème croissant.
Gitahi a accusé les entreprises de privilégier leurs profits et reproché aux gouvernements de ne pas mettre fin aux pratiques commerciales néfastes.
L’expert en santé a ainsi souligné la nécessité d’augmenter les taxes sur les produits nocifs pour la santé comme le tabac, l’alcool et les produits sucrés pour financer les programmes de santé.
Le Dr Gitahi a également pointé du doigt le nouveau président américain Donald Trump. « Le monde se trouve à un tournant critique après le récent gel de l’aide par l’administration américaine, et qui ne fait qu’aggraver la situation. »
Trump dit que dépenser l’argent des contribuables américains pour l’aide étrangère est en contradiction avec son programme « L’Amérique d’abord ».
Après son entrée en fonction le mois dernier, Trump a ordonné le gel de presque tous les programmes d’aide étrangère.
Le Nigeria, le Mozambique, la Tanzanie, l’Ouganda, l’Afrique du Sud, le Kenya, la Zambie et la République démocratique du Congo sont les pays africains les plus touchés par la réduction de l’aide américaine.
Dans l’intervalle, Gitahi a exhorté les dirigeants africains à faire un effort et un investissement conjoints pour maintenir l’hygiène publique et soutenir les soins de santé afin d’éviter l’effondrement des systèmes de santé critiques à travers l’Afrique.
Amref Health Africa, créée en 1957, est la plus grande organisation internationale non gouvernementale de développement de la santé.
L’organisation, dont le siège se situe au Kenya, a pour vocation de fournir des services de santé communautaires et environnementaux aux nations africaines. Elle est communément reconnue comme l’une des principales organisations non gouvernementales opérant dans le domaine de la santé sur le continent africain.