Le ministre iranien des Affaires étrangères a condamné dans les termes les plus fermes les propos du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sur la création d’un « État palestinien en Arabie saoudite », les qualifiant d’acte d’agression sans précédent qui menace la paix et la sécurité régionales.
Abbas Araghchi, a fait ces remarques lors d’une conversation téléphonique avec son homologue saoudien, le prince Faisal bin Farhan al-Saud, le lundi 10 février, dans un contexte de tensions croissantes autour des propositions américano-israéliennes pour les Palestiniens de la bande de Gaza et des affaires plus larges qui les concernent.
Le chef de la diplomatie iranienne a dénoncé la proposition de Netanyahu, la qualifiant d’ « acte de provocation éhonté », avertissant qu’une telle rhétorique illustrait les ambitions expansionnistes du régime israélien.
Selon le ministre iranien, ces propos témoignent d'un cynisme sans précédent de la part du régime occupant et représentent une menace directe pour la paix et la sécurité de la région.
Ainsi il a dénoncé les responsables israéliens qui cherchent à éliminer l’identité palestinienne au moyen de déplacements forcés et de l’expansion des colonies de peuplement illégales.
Netanyahu a lancé cette proposition après que le président américain, Donald Trump, a dit que les États-Unis cherchaient à « s’approprier » Gaza dans le cadre d’un soi-disant plan qu’il a avancé sous le couvert de « reconstruire » le territoire palestinien ravagé par la guerre.
Lundi également, Trump a réitéré que dans le cadre de son plan pour prendre le contrôle de Gaza, les Gazaouis n’auront pas « le droit au retour » dans la bande côtière « car ils auront des logements bien meilleurs » ailleurs.
Abbas Araghchi a par la suite dénoncé le plan américano-israélien de déplacement forcé des Palestiniens de Gaza et de leur relocalisation dans d'autres pays qui fait partie d’un projet colonial plus vaste censé anéantir la souveraineté palestinienne, projet contre lequel il a exhorté la communauté internationale à réagir.
De même, le ministre iranien a souligné la nécessité d’une coopération régionale et internationale pour empêcher ce qu’il a qualifié de tentative de « normalisation » du génocide commis par le régime israélien.
Dans la foulée, il a appelé le monde musulman et la communauté internationale dans son ensemble à adopter des mesures immédiates pour garantir que le régime israélien rende des comptes pour les atrocités commises à Gaza et en Cisjordanie occupée.
Pour sa part, Faisal bin Farhan al-Saud a fait part de l’opposition de l’Arabie saoudite au déplacement forcé de Palestiniens de Gaza ou d’autres territoires palestiniens.
Le ministre saoudien des Affaires étrangers a fait écho aux préoccupations d’Araghchi concernant les propos de Netanyahu qu'il a qualifiés de non fondés. De même, le responsable saoudien a évoqué le soutien du royaume à l’autodétermination palestinienne.
Récemment, le Comité de résistance populaire, qui regroupe plusieurs organisations armées palestiniennes, a émis une forte condamnation contre les propos de Trump, les qualifiant de délirants et enracinés dans la fantaisie.
Dans un communiqué, ce comité a dénoncé la comparaison que Trump a fait de Gaza avec une propriété à vendre, ce qui traduit la vision impérialiste historique américaine envers les nations opprimées.
« La terre de Gaza est imprégnée du sang de milliers de martyrs et de civils blessés. Elle n’est pas à vendre, et elle sera toujours un cimetière et un cauchemar pour les occupants et les tyrans », peut-on lire dans le communiqué.
Le Comité de résistance populaire a également qualifié les déclarations répétées de Trump sur le déplacement des Palestiniens de preuve de son ignorance et de son illusion de pouvoir absolu.
Le groupe a insisté sur le fait que malgré cette rhétorique, le peuple palestinien restait ferme sur son territoire, et résisteraient à tout plan de déplacement forcé.
Abdel-Latif al-Qanoua, porte-parole du mouvement de résistance palestinien Hamas basé à Gaza, a également dénoncé les propos de Trump, affirmant que Gaza n’était pas une marchandise immobilière à vendre, mais une partie intégrante du territoire palestinien.
Dans une interview accordée à la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera, il a souligné que les tentatives visant à éliminer la cause palestinienne ne seraient pas acceptées.
« Le régime d’occupation cherche à se soustraire à ses engagements dans le cadre des accords existants, mais nous demeurons déterminés à résister », a affirmé al-Qanoua, dénonçant le régime israélien qui n’avait pas respecté les aspects humanitaires des accords précédents.
Cinq États arabes, à savoir l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar, l’Égypte et la Jordanie, ont conjointement rejeté la proposition de Trump de déplacer la population de Gaza vers l’Égypte et la Jordanie.
Dans une lettre adressée au secrétaire d’État américain Marco Rubio, lesdits pays ont déclaré que la reconstruction de Gaza devait impliquer son propre peuple et que les Palestiniens ne devaient pas être expulsés de force de leur terre. La lettre soulignait que les efforts de reconstruction devaient se faire avec la participation active des Palestiniens et le soutien international plutôt que par le biais de déplacements.