La dernière conférence de presse du secrétaire d’État américain Antony Blinken a été interrompue jeudi par deux journalistes qui lui ont reproché le soutien des États-Unis à la guerre d’Israël contre Gaza avant d’être expulsés de force de la salle de presse du département d’État.
Jeudi soir, alors que Blinken saluait l’annonce d’un cessez-le-feu à Gaza faite par le président Joe Biden, Husseini, journaliste indépendant et fervent critique de la politique étrangère américaine, a été écarté de la salle pour avoir dénoncé la complicité des États-Unis dans le génocide du régime israélien contre Gaza.
Au moment où le journaliste prend la parole, Blinken, soucieux bien sûr des questions qui lui sont posées, demande à y répondre plus tard. « Je serai heureux de répondre aux questions dans quelques minutes », lance-t-il.
Husseini pourtant continue à s'exprimer à haute voix, mentionnant les « armes nucléaires » d’Israël, puis déclarant : « J’étais assis ici tranquillement et maintenant je suis malmené par deux ou trois personnes », faisant référence aux agents de sécurité qui l’ont physiquement sorti de la salle.
Un journaliste américain a été violemment expulsé de la conférence de presse du secrétaire d’État Anthony Blinken pour avoir dénoncé la complicité des États-Unis dans le génocide à Gaza. pic.twitter.com/aR9CM154V0
— Press TV Français (@PressTVFrench) January 17, 2025
Blinken a répliqué : « respectez le processus ».
Husseini a alors crié de plus belle : « Tout le monde, d’Amnesty International à la Cour internationale de justice, dit qu’Israël commet un génocide et une extermination, et vous me dites de respecter le processus ? »
« Criminel ! Pourquoi n'êtes-vous pas à La Haye ! Pourquoi n'êtes-vous pas à La Haye ! Pourquoi n'êtes-vous pas à La Haye ! », a crié le journaliste jordano-palestinien alors que la police le portait hors de la pièce.
Le journaliste jordano-palestinien a par la suite posté sur la plateforme X qu’il avait « essayé de poser une série de questions » avant d’être « emmené et menotté », qualifiant cette intervention d’« une force totalement excessive ».
Les réactions à ce poste ont afflué sur le Net: « C’était un effort héroïque, Sam, mais votre dernière question résonnera dans ses oreilles. Il n’y a pas eu de commentaire malin ou de republication de sa part. Il n’y avait pas de retour en arrière. Il est souillé à jamais », a commenté la journaliste britannique Yvonne Ridley.
I was seriously manhandled but I'm back home... thanks for all support folks.
— Sam Husseini (@samhusseini) January 16, 2025
My intention was to ask tough questions at every opportunity during the news conference which State personnel obviously cut short:
* Was the point of the May 31 announcement to block implementation of… https://t.co/1VcopsaYDg
Quelques instants avant l’expulsion de Sam Husseini, Max Blumenthal, rédacteur en chef de The Grayzone — un journal critiquant vivement de nombreux aspects de la politique étrangère américaine — a également interpellé Blinken.
Il a déclaré à haute voix en référence à l'accord de cessez-le-feu :« 300 journalistes à Gaza ont été la cible de vos bombes. Pourquoi avez-vous continué à bombarder alors que nous avions conclu un accord en mai ? » Mercredi, le président Biden a annoncé cette avancée, affirmant que « c'est l'accord de cessez-le-feu que j'ai présenté au printemps dernier. »
« Pourquoi avez-vous sacrifié l’ordre fondé sur des règles au nom de votre engagement envers le sionisme ? » a poursuivi Blumenthal avant d’être conduit vers la porte. « Quel effet cela fait-il d’avoir comme héritage un génocide ? » a-t-il crié.
Le journaliste de Grayzone, Max Blumenthal, a été expulsé jeudi soir de la conférence de presse du secrétaire d’État américain Anthony Blinken pour avoir dénoncé la complicité des États-Unis dans la guerre israélienne à Gaza. pic.twitter.com/lMs6zDsMcR
— Press TV Français (@PressTVFrench) January 17, 2025
Soutenu par les États-Unis et leurs alliés occidentaux, Israël a lancé une offensive contre Gaza le 7 octobre 2023, suite à l’opération Tempête d’Al-Aqsa menée par le mouvement de résistance palestinien Hamas, en réponse à des décennies d’oppression contre les Palestiniens.
Cette offensive sanglante a fait au moins 46 788 morts parmi les Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, et 110 450 blessés. Des milliers d’autres sont également portés disparus ou présumés morts sous les décombres.
Le 21 novembre dernier, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l’ancien ministre des Affaires militaires Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza.