Les titres de la rédaction :
Les analyses de la rédaction :
1. Mali-Barrick Gold : une bataille pour la souveraineté économique
Le Mali, riche de son sous-sol, mais longtemps exploité par des multinationales étrangères, marque un tournant historique dans la gestion de ses ressources naturelles. La tension actuelle avec Barrick Gold, multinationale canadienne, illustre parfaitement cette volonté de reprendre le contrôle sur ses richesses.
Tout a commencé par un audit explosif mettant en lumière un déficit colossal dans les revenus de l’État liés aux activités minières de Barrick Gold. Les autorités maliennes accusent l’entreprise de détournements de fonds estimés entre 300 et 600 milliards de FCFA, une somme qui aurait pu contribuer au développement national.
En plus des accusations de corruption et de blanchiment d’argent, Barrick Gold est critiquée pour son non-respect des règles fiscales maliennes, ce qui a conduit à une série d’arrestations parmi ses employés. Le dernier épisode en date est le mandat d’arrêt émis contre Mark Bristow, PDG de la société.
Ces actions s’inscrivent dans une dynamique plus large où le Mali affirme son indépendance face aux multinationales. Le cas Barrick Gold n’est pas isolé. En 2021, la société australienne Resolute Mining avait également été confrontée à des sanctions du gouvernement malien avant de trouver un accord.
En mettant au défi ces entreprises, Bamako met fin à l’exploitation des ressources naturelles au détriment des intérêts du peuple malien.
Ce bras de fer avec Barrick Gold s’inscrit dans un contexte où le Mali cherche à redéfinir ses partenariats internationaux. Le pays, membre de l’Alliance des États du Sahel (AES), travaille activement à réduire sa dépendance économique et politique vis-à-vis des puissances occidentales.
Barrick Gold, qui opère principalement en Afrique, est souvent perçue comme le symbole d’une exploitation néocoloniale. En s’attaquant à cette multinationale, le Mali réaffirme sa souveraineté et sa volonté de garantir que ses richesses servent d’abord ses citoyens.
L’affaire Barrick Gold dépasse les frontières maliennes. Elle représente un précédent qui pourrait inspirer d’autres pays africains à exiger davantage de redevances et à imposer des règles plus strictes aux multinationales.
Les États africains doivent se montrer solidaires face à ces enjeux pour garantir une gestion équitable des ressources naturelles, réduire la pauvreté et investir dans des secteurs prioritaires comme l’éducation, la santé et les infrastructures.
Le Mali, en confrontant Barrick Gold, montre la voie vers une gestion souveraine de ses ressources naturelles. Cependant, cette lutte est loin d’être terminée. Elle nécessite un soutien national et régional pour contrer les pressions internationales et garantir que ces actions profitent réellement au peuple malien.
Dans cette bataille, le Mali devient un exemple à suivre pour une Afrique maîtresse de son destin.
2. Le Cameroun suspend plusieurs ONG pour activités suspectes
Le 6 décembre dernier, le ministre de l’Administration territoriale du Cameroun, Paul Atanga Nji, a frappé fort en suspendant plusieurs ONG et associations pour une durée de trois mois. Les organisations visées, dont l’Association charitable socio-culturelle du Cameroun (ACSCC), Reach Out Cameroun (ROC), le Réseau des défenseurs des droits de l’homme en Afrique Centrale (REDHAC) et la L.M Nanje Fondation INC, se retrouvent accusées de pratiques jugées contraires aux lois et règlements en vigueur dans le pays.
Selon les autorités camerounaises, les motifs sont clairs et graves :
Financements illicites et exorbitants qui ne correspondent pas aux activités déclarées.
Atteintes au système financier national, mettant en péril son intégrité.
Opacité sur l’usage des fonds reçus, avec l’absence de justifications claires.
Non-respect des règles juridiques régissant les ONG, révélant des défaillances structurelles.
Les ONG, souvent perçues comme des vecteurs de solidarité internationale, suscitent de plus en plus de suspicion sur le continent africain. Si certaines remplissent effectivement des missions humanitaires essentielles, d’autres apparaissent comme des outils d’ingérence politique et économique. Derrière des appellations flatteuses et des campagnes de levée de fonds internationales, certaines organisations servent des agendas obscurs, financés par des puissances étrangères ou des intérêts privés.
Au Cameroun, les accusations portées contre ces ONG ne sont pas isolées. Depuis plusieurs années, de nombreux États africains dénoncent le rôle trouble de certaines organisations qui se cacheraient derrière des causes nobles pour :
Déstabiliser des gouvernements souverains sous couvert de défense des droits humains.
Soutenir des mouvements insurrectionnels ou alimenter des crises internes via des financements illicites.
Porter atteinte à l’image des États africains, amplifiant des récits négatifs dans les médias internationaux.
La décision du ministre Paul Atanga Nji s’inscrit dans une volonté affirmée de défendre la souveraineté du Cameroun face à des influences extérieures. À travers cette mesure, le gouvernement montre bien que le Cameroun ne tolérera plus d’activités qui pourraient nuire à la stabilité nationale, quel que soit le masque porté par leurs instigateurs.
Cette posture reflète une prise de conscience plus large en Afrique : il est temps pour les pays du continent de reprendre le contrôle sur leur destin. Les ONG doivent opérer dans la transparence totale, respecter les lois locales et prouver leur engagement réel envers les populations qu’elles prétendent aider.
L’Afrique, riche en ressources humaines et naturelles, ne peut plus se permettre d’être le théâtre d’expérimentations sociopolitiques déguisées en missions humanitaires. Si les ONG veulent continuer à opérer sur le continent, elles doivent être prêtes à répondre de leurs actes devant les institutions africaines.
Le Cameroun, en prenant cette décision courageuse, ouvre la voie à une réflexion plus large : comment s’assurer que l’aide internationale serve réellement les intérêts des peuples africains, et non ceux d’agendas étrangers ?
3. Quand la Justice française étouffe les voix qui dénoncent les crimes en Afrique
La condamnation de Charles Onana, journaliste d’investigation et politologue renommé, par la 17e chambre du tribunal judiciaire de Paris soulève des questions profondes sur la liberté d’expression et les responsabilités de la France dans des tragédies internationales. Cette décision judiciaire, qui l’accuse de complicité de contestation d’un crime contre l’humanité dans son livre Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise, publié en 2019, interpelle les observateurs sur plusieurs plans : juridique, historique, et politique.
Charles Onana, connu pour ses recherches rigoureuses sur les conflits en Afrique, notamment au Rwanda et en République démocratique du Congo (RDC), a consacré sa carrière à mettre en lumière des zones d’ombre dans l’histoire contemporaine. Son ouvrage incriminé remet en question certaines versions officielles des événements liés au génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, notamment le rôle ambigu des forces internationales et des acteurs politiques.
Cette condamnation semble, pour beaucoup, être une tentative de restreindre un débat légitime et de protéger certains intérêts diplomatiques au détriment de la vérité historique. Les déclarations du prix Nobel de la paix, Denis Mukwege, qui qualifie cette décision de « politisation de la Justice », renforcent cette perception. Mukwege rappelle, à juste titre, que des crimes de guerre documentés en RDC continuent d’être ignorés, alors même que la communauté internationale accorde une complaisance troublante à certains responsables présumés.
La plainte, déposée par la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), la Ligue des droits de l’homme (LDH) et l’association Survie, ne peut être dissociée du contexte politique dans lequel elle s’inscrit. Paris, accusé depuis des années d’entretenir des relations ambiguës avec certains dirigeants rwandais et congolais, semble poursuivre une stratégie de silence face aux atrocités documentées par des chercheurs indépendants comme Charles Onana.
Dans son plaidoyer, Onana a rappelé le lourd tribut payé par les populations congolaises, avec plus de 10 millions de morts dans des conflits largement ignorés par la communauté internationale. Ce chiffre dramatique devrait mobiliser les défenseurs des droits de l’homme, mais les priorités semblent ailleurs. Pire, ceux qui osent dénoncer ces réalités sont poursuivis.
Devant le tribunal de Paris, la diaspora congolaise et d’autres soutiens de Charles Onana se sont mobilisés pour dénoncer une injustice flagrante. Le verdict a été vécu comme une tentative d’intimider ceux qui osent remettre en question les récits officiels.
Cette affaire va au-delà de la personne de Charles Onana. Elle met en lumière les limites de la Justice française lorsqu’il s’agit de traiter des dossiers où les responsabilités de Paris pourraient être indirectement impliquées. Elle questionne également la souveraineté des intellectuels africains et de leurs alliés, souvent réduits au silence par des institutions qui prétendent défendre la liberté d’expression.
La décision de faire appel prise par Charles Onana est un acte courageux. C’est aussi un appel à la communauté internationale et aux citoyens engagés à soutenir les voix qui osent s’élever contre l’injustice. Il ne s’agit pas seulement d’un homme ou d’un livre, mais de la dignité et de la mémoire de millions de victimes oubliées.
Paris doit se rappeler que sa prétention à être le défenseur des droits de l’homme perd toute crédibilité si elle continue de persécuter ceux qui cherchent à établir la vérité sur des massacres qui ont endeuillé des nations entières. Soutenir Charles Onana, c’est défendre la justice et la vérité.