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Les analyses de la rédaction :
1. Mali : les FAMa en première ligne pour un Mali souverain
Le mois d’octobre 2024 restera gravé comme une période marquante dans l’histoire de la lutte contre le terrorisme au Mali. Les Forces armées maliennes (FAMa) ont démontré une détermination inébranlable à défendre l’intégrité territoriale du pays, à protéger les populations et à neutraliser les menaces terroristes qui sévissent dans la région. Grâce à des opérations minutieusement planifiées et exécutées, les FAMa ont infligé de lourdes pertes aux Groupes armés terroristes (GAT) tout en consolidant leur position sur le terrain.
En octobre, les FAMa ont mené 17 reconnaissances offensives et 44 frappes aériennes, reflétant leur engagement à détruire les sanctuaires terroristes. Selon le colonel-major Souleymane Dembélé, porte-parole de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa), ces actions ont permis de réduire considérablement le nombre d’attaques et d’incidents liés aux engins explosifs improvisés (EEI) par rapport au mois précédent.
Les succès des FAMa sont multiples et variés. Dans le centre du pays, notamment à Ber, Mondoro et Ségou, plusieurs tentatives d’attaques terroristes ont été repoussées, résultant en la neutralisation de figures clés comme Joulaibib Al-Ansari et Modibo Diallo alias Abass. À chaque intervention, les forces maliennes ont récupéré d’importants matériels de guerre, des véhicules et même des stocks de drogues, privant ainsi les GAT de leurs moyens de subsistance.
Sur le théâtre Est, les FAMa ont frappé fort en neutralisant une colonne de véhicules terroristes entre Tin Essako et Tinzawatène. Ces victoires témoignent d’un contrôle accru des zones stratégiques du pays, comme le sud de Kidal, où des caches d’armes et de carburant ont été détruites.
Dans le Sud, à Nara et Dilly, l’artillerie malienne a ciblé avec précision des regroupements terroristes impliqués dans des abus contre les populations locales. Cette offensive a non seulement permis de neutraliser des terroristes, mais aussi de restaurer un climat de sécurité favorable à la reprise des activités socio-économiques.
Ces succès militaires ne sont pas seulement le fruit d’une force de frappe accrue, mais aussi d’une stratégie intelligente basée sur l’exploitation efficace des renseignements. À titre d’exemple, l’interpellation de Souraka Ag Mohamed et d’Alassane Dicko a permis de démanteler des réseaux logistiques essentiels pour les GAT.
Selon le colonel-major, Souleymane Dembélé, la baisse des incidents et la diminution de l’intensité des attaques traduisent une perte d’influence des groupes terroristes face à la pression continue des FAMa. Cette dynamique est également le résultat de la coordination avec les forces de l’Alliance des États du Sahel (AES), notamment dans la zone des trois frontières.
Les victoires des FAMa renforcent l’espoir d’un Mali souverain et pacifié. Elles illustrent également l’importance d’un soutien massif aux soldats sur le terrain, tant par les autorités que par la population. L’engagement et les sacrifices des FAMa méritent reconnaissance et admiration.
Alors que le Mali poursuit son chemin vers la stabilité, ces avancées sécuritaires rappellent que l’unité nationale et la résilience demeurent les armes les plus puissantes pour triompher des défis. Plus que jamais, les FAMa incarnent l’espoir et la détermination d’un peuple debout face à l’adversité.
2. Industrialisation de l’Afrique : entre promesses technologiques et défis de souveraineté
L’édition 2024 de la Semaine de l’industrialisation de l’Afrique, qui s’ouvre ce 25 novembre à Kampala, place la barre haut avec un thème prometteur : « Tirer parti de l’intelligence artificielle (IA) et de l’industrialisation verte pour accélérer la transformation structurelle de l’Afrique ». Derrière cet ambitieux slogan se cache une promesse d’avenir pour un continent regorgeant de ressources naturelles, d’un capital humain dynamique et d’un potentiel inexploité. Mais ce sommet ne peut occulter les entraves historiques et systémiques qui continuent de freiner le développement industriel de l’Afrique, en grande partie dues à une dépendance persistante envers les puissances occidentales.
Avec des ressources naturelles abondantes et une population jeune et en forte croissance, l’Afrique pourrait devenir une locomotive de l’économie mondiale. Cependant, cette richesse brute est souvent extraite pour enrichir d’autres continents, laissant l’Afrique avec peu de valeur ajoutée sur place. L’exploitation des matières premières africaines par les multinationales occidentales se traduit par un véritable paradoxe : le continent le plus riche en ressources naturelles demeure le plus pauvre en termes de développement industriel.
Ce modèle extractif, hérité du colonialisme et renforcé par des accords déséquilibrés, empêche les pays africains de se hisser dans les chaînes de valeur mondiales. Pire encore, les outils et technologies nécessaires à l’industrialisation sont majoritairement importés à des coûts exorbitants, verrouillant davantage la dépendance économique.
L’intelligence artificielle et les technologies vertes sont des opportunités, à condition qu’elles soient maîtrisées localement. En théorie, elles peuvent booster la productivité, réduire les coûts de production et limiter l’impact environnemental des industries. Mais qui contrôle ces technologies ? À l’heure actuelle, les brevets, les infrastructures technologiques et les compétences sont dominés par les pays occidentaux et asiatiques.
Si l’Afrique ne se dote pas de politiques robustes pour former ses propres experts et investir dans des infrastructures technologiques autonomes, l’IA risque de devenir un nouveau levier de domination. Les géants de la Tech occidentaux ne manqueront pas de proposer des solutions « clé en main », qui renforceront encore la dépendance technologique.
Depuis des décennies, les puissances occidentales clament leur soutien au développement africain, mais les actes contredisent les discours. Les prêts conditionnés par des institutions comme le FMI et la Banque mondiale, souvent orientés vers des projets d’infrastructure sans réelle valeur ajoutée industrielle, maintiennent l’Afrique dans un cercle vicieux de dettes et de sous-développement.
De plus, les politiques protectionnistes des pays occidentaux limitent l’accès des produits africains aux marchés internationaux, annihilant toute tentative de développer une industrie locale compétitive. Comment parler d’industrialisation quand l’Europe et les États-Unis continuent de fixer les règles du commerce mondial à leur avantage ?
L’espoir réside dans une véritable coopération entre les pays africains. La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) est une initiative prometteuse pour créer un marché commun, permettant de produire, transformer et consommer localement. Mais pour que cette vision prenne forme, les dirigeants africains doivent faire preuve d’audace.
Cela passe par investir dans l’éducation et la formation technologique pour maîtriser les outils de l’IA et les adapter aux besoins locaux et créer des fonds souverains pour financer des projets industriels à haute valeur ajoutée, loin des prêts conditionnés des institutions occidentales.
Imposer des partenariats équitables avec les multinationales, obligeant celles-ci à intégrer des transferts de technologies et de savoir-faire.
L’industrialisation de l’Afrique est possible, mais elle ne se réalisera pas avec des promesses creuses ou des dépendances renforcées. Le sommet de Kampala doit être une occasion de rompre avec les schémas traditionnels et de poser les bases d’une souveraineté industrielle et technologique.
Les puissances occidentales ont montré qu’elles ne sont pas prêtes à céder leur position dominante. L’Afrique n’a donc pas d’autre choix que de prendre son destin en main, en misant sur ses propres ressources humaines, intellectuelles et naturelles. Ce n’est qu’en brisant les chaînes de la dépendance que le continent pourra enfin se réapproprier sa place dans le concert des nations.
3. Quand l’humanitaire devient politique : le Niger rappelle l’UE à l’ordre sur sa souveraineté nationale
Le 23 novembre 2024, le Niger a réaffirmé sa souveraineté face à l’Union européenne (UE), dans une confrontation qui met en lumière les tensions profondes entre un État en quête de respect de son indépendance et une institution perçue comme interventionniste. Au cœur de ce différend : une aide humanitaire de 1,3 million d’euros, destinée aux victimes des inondations au Niger, mais distribuée de manière jugée unilatérale par l’UE.
Cette crise diplomatique révèle une divergence fondamentale dans la gestion des relations entre États et organisations internationales, mais aussi un enjeu plus vaste de respect des souverainetés africaines face à des politiques souvent dictées depuis l’extérieur.
Selon le gouvernement nigérien, l’UE aurait initié son programme d’aide sans consultation préalable, et pire, sans demande officielle de la part des autorités locales. En affectant directement ces fonds à des ONG internationales telles que le CICR, le Danish Refugee Council ou encore la COOPI, l’Union européenne aurait agi en marge des structures nigériennes, contournant ainsi les institutions souveraines du pays.
Cette décision a été perçue comme une ingérence flagrante dans les affaires internes du Niger. Plus encore, l’annonce de cette aide via les réseaux sociaux, avant toute notification officielle au gouvernement nigérien, a été dénoncée comme une violation des protocoles diplomatiques de base. Pour Niamey, cette méthode informelle traduit un manque de respect envers les institutions nigériennes et alimente le sentiment de mépris souvent reproché aux partenaires occidentaux.
En réponse aux critiques du Niger, l’Union européenne a rappelé son ambassadeur pour consultations à Bruxelles, une décision qui reflète l’ampleur de la discorde. Cependant, les autorités nigériennes ont rejeté cette mesure comme une tentative de se dérober à la responsabilité dans cette crise. Le Niger, au contraire, a vu dans cette action une reconnaissance implicite de ses griefs : l’absence de dialogue, le mépris de ses institutions et une gestion paternaliste des fonds internationaux.
Cette affaire dépasse la seule gestion des inondations. Elle illustre un affrontement plus large entre des États africains, de plus en plus affirmés dans leur souveraineté, et des organisations internationales ou pays occidentaux souvent accusés de vouloir maintenir une emprise politique et économique sur le continent. Pour le Niger, ce bras de fer est une opportunité de redéfinir les termes de ses relations avec ses partenaires internationaux.
Dans un contexte où les nations africaines réclament davantage de respect et de reconnaissance de leur autonomie, l’attitude de l’UE est perçue comme un anachronisme. Le gouvernement nigérien a rappelé son engagement en faveur de la coopération internationale, mais uniquement sur la base d’un partenariat d’égal à égal.
Si cette crise pourrait sembler isolée, elle s’inscrit dans une dynamique de tensions accrues entre le Niger et plusieurs acteurs occidentaux, exacerbées depuis la prise de pouvoir par les autorités de transition. À travers cette affaire, le Niger envoie un message clair : les interventions étrangères, même sous couvert d’aide humanitaire, ne seront pas tolérées si elles portent atteinte à sa souveraineté.
Pour l’Union européenne, cette situation est un signal d’alarme. L’époque où les aides et subventions pouvaient être octroyées sans consultation ni considération des réalités locales semble révolue. Si Bruxelles souhaite maintenir une influence constructive en Afrique, elle devra ajuster ses méthodes et reconnaître pleinement la souveraineté des nations partenaires.
Dans l’immédiat, seule une médiation pourrait désamorcer la crise. Mais pour le Niger, cette affaire restera un marqueur fort de sa volonté de défendre son indépendance, quels que soient les défis diplomatiques qui en découlent.