Kamala Harris et Donald Trump ont ferraillé mardi lors d'un premier débat télévisé au ton très offensif, s'accusant mutuellement de mentir et confrontant leurs visions opposées de l'Amérique à moins de deux mois de l'élection présidentielle.
La vice-présidente démocrate et le candidat républicain, qui ne s'étaient jamais retrouvés face-à-face, ont rapidement fait de ce débat sur la chaîne ABC, enregistré à Philadelphie, une foire d'empoigne sur l'économie, la politique étrangère, l'avortement ou encore l'immigration.
Assurant avoir « remis en ordre le bazar » laissé par Donald Trump, Kamala Harris a par exemple reproché à son adversaire de propager un « tissu de mensonges » sur l'avortement et « d'insulter » les Américaines.
Taxant sa rivale de « marxiste », celui-ci a au contraire accusé la vice-présidente d'avoir « copié » le programme de Joe Biden et de « détruire le tissu social de notre pays » en laissant « des millions de personnes affluer dans notre pays depuis les prisons, les établissements psychiatriques et les asiles d'aliénés ».
« Donald Trump nous a laissé le pire chômage depuis la Grande Dépression, la pire épidémie de santé publique depuis un siècle (et) la pire attaque contre notre démocratie depuis la guerre de Sécession », a-t-elle déclaré, faisant référence à ses tentatives d'inverser le résultat de l'élection de 2020.
Trump : Israël aurait « disparu » sous une présidence Harris
Le génocide à Gaza a également alimenté le débat, Harris affirmant qu'elle travaillait 24 heures sur 24 pour obtenir un cessez-le-feu à Gaza.
Trump a cependant déclaré qu'il pensait qu'Israël n'existerait plus sous l'administration Harris. Il a accusé Harris de ne pas faire grand-chose pour garder intact l'allié américain. Sous une présidence Harris, Israël aurait « disparu », a-t-il estimé.
« Elle déteste Israël. Si elle est présidente, je pense qu'Israël n'existera plus d'ici deux ans », a déclaré Trump. « Israël aura disparu ».
Elle a répliqué à Trump en disant que son affirmation selon laquelle elle déteste Israël était « absolument fausse ».
Parallèlement des militants pro-palestiniens ont organisé des manifestations devant le lieu du débat présidentiel à Philadelphie, en Pennsylvanie. Ils ont critiqué le soutien inconditionnel de Washington à Israël, exigeant la fin du génocide en cours à Gaza.
Harris rappelle à Trump qu'il ne se présente plus contre Biden
Harris a déclaré que Trump est la risée internationale qui est facilement manipulée par certains des plus grands dirigeants mondiaux, l'ancien président républicain ayant qualifié Joe Biden et Harris de pires président et vice-président de l'histoire des États-Unis.
« J'ai parcouru le monde en tant que vice-présidente des États-Unis et les dirigeants mondiaux se moquent de Donald Trump. « J'ai parlé avec des chefs militaires, dont certains ont travaillé avec vous, et ils disent que vous êtes une honte », a-t-elle dit, s'adressant directement à lui.
La vice-présidente démocrate a ajouté qu'il était « bien connu que ces dictateurs et autocrates souhaitent que vous soyez à nouveau président parce qu'ils sont très clairs - ils peuvent vous manipuler avec des flatteries et des faveurs, et c'est pourquoi tant de chefs militaires avec lesquels vous avez travaillé m'ont dit que vous êtes une honte ».
Trump: la fin des hostilités entre l'Ukraine et la Russie est dans l'intérêt de Washington
En ce qui concerne la guerre en Ukraine, Trump a déclaré que la fin des hostilités était dans l'intérêt de Washington, tandis que Harris a accusé Trump de se ranger du côté du président russe Poutine.
« Où est notre président ? Ils l’ont jeté de la campagne comme un chien », a-t-il lâché, presque nostalgique. « Vous ne vous présentez pas contre Joe Biden mais contre moi », lui a répondu calmement Kamala Harris. Un peu plus tard, la même rengaine : « Elle est Joe Biden. Elle tente de s’en détacher mais elle est Joe Biden », insiste Donald Trump. Kamala Harris rétorque en riant : « Je ne suis pas Joe Biden et je ne suis certainement pas Donald Trump. Ce que je propose, c’est une nouvelle génération de leadership pour notre pays. (…) Tournons la page et avançons. »
C’est finalement lors de sa déclaration finale que Donald Trump a dégainé l’argument qui aurait pu lui permettre de prendre le dessus plus tôt. Alors que Kamala Harris venait de résumer son programme, le républicain a rétorqué : « Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait avant ? Ils (elle et Joe Biden, NDLR) ont eu trois ans et demi pour réparer les problèmes à la frontière, créer des emplois. » Le milliardaire a terminé sa démonstration en estimant une nouvelle fois que les États-Unis étaient la risée du monde, avec « le pire président et la pire vice-présidente de l’histoire ». Lui qui avait obtenu par tirage au sort le droit de conclure ce débat n’en a donc pas profité pour présenter sa propre vision. Ni pour serrer la main à Kamala Harris avant de quitter la scène.
Avant même la fin du débat, l'équipe de campagne de Trump a envoyé un e-mail déclarant sa « victoire ».
« Le président Trump a livré une performance magistrale lors du débat ce soir, mettant en accusation le bilan lamentable d'échecs de Kamala Harris qui a porté préjudice aux Américains au cours des quatre dernières années », a déclaré l'équipe de campagne dans un communiqué.
Peu après la fin du duel télévisé, Kamala Harris a mis au défi son rival républicain Donald Trump se débattre une deuxième fois, selon un communiqué de son équipe de campagne.
Critiquant la performance de l'ancien président, l'équipe de campagne de Harris a assuré: « La vice-présidente est prête pour un deuxième débat. Donald Trump l'est-il ? »