Les titres de la rédaction :
Les analyses de la rédaction :
1. Le Mali suspend la diffusion de la chaîne française LCI pendant deux mois
L’autorité de régulation des médias du Mali a décidé de suspendre la chaîne française d’information LCI pendant deux mois après, selon elle, « des fausses accusations » d’un consultant contre l’armée malienne et ses alliés russes, dans une décision diffusée samedi. « Les services de la télévision LCI sont retirés des bouquets de tous les distributeurs de services de radiodiffusion sonore ou télévisuelle autorisés au Mali pour une période de deux mois » à compter du 23 août 2024, a indiqué la haute autorité de la communication (HAC) malienne.
Selon elle, LCI, chaîne d’information en continu privée du groupe TF1, a diffusé le 27 juillet une émission intitulée « Wagner décimé au Mali : la main de Kiev » avec comme invité le colonel Michel Goya, consultant militaire de LCI. La HAC reproche au colonel Goya d’avoir prononcé « des propos de dénigrement, des affirmations gratuites et des fausses accusations d’exactions contre les forces armées maliennes et leurs partenaires russes ». Elle ajoute que l’invité a aussi appelé « à soutenir ouvertement le terrorisme sous prétexte de soutenir l’Ukraine contre la Russie ».
L’Afrique a toujours compté une grande part des locuteurs francophones. En 2019, selon le ministère français des Affaires étrangères, 59 % des locuteurs quotidiens de la langue française sont Africains. Il était donc tout naturel pour la France de favoriser l’implantation de ses médias dans les nations africaines. L’un des précurseurs de cette présence a été Jeune Afrique, édité à Paris depuis 1960.
En 2018, RFI, le groupe a précisé qu’il comptait 227 correspondants pigistes RFI sur le continent africain, plus 4 envoyés spéciaux permanents et 2 coordinateurs des langues africaines (haoussa, swahili et bientôt mandingue). Le média disposait à Paris d’un peu plus de 352 journalistes dont 37 étaient exclusivement dédiés au service Afrique.
Les médias français ou occidentaux n’ont plus aucune emprise en Afrique, et encore une fois, il serait grand temps qu’ils s’en rendent compte au lieu de se tourner au ridicule aux yeux des Africains et du monde entier.
2. Le Mali déclare l’état de catastrophe nationale en raison des inondations dévastatrices
Lors du Conseil des ministres extraordinaire de ce vendredi 23 août 2024, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le gouvernement a pris acte d’une communication relative à la situation des inondations au plan national, du début de la saison des pluies au 22 août 2024.
Dans le cadre de la prévention et de la gestion des risques de catastrophe, le gouvernement a adopté des mécanismes et mis en place des dispositifs institutionnels parmi lesquels le Comité interministériel de gestion des crises et de catastrophes et le Centre de coordination et de gestion de crises. Le Centre de coordination et de gestion des crises, qui est l’outil opérationnel du Comité interministériel, est activé sur ordre du ministre de la Sécurité et de la Protection civile après avis du Premier ministre.
Il a été constaté également des cas d’effondrement de maisons, des cas de foudre et de vents violents dans certaines régions. Face à cette situation, le Centre de coordination et de gestion des crises a été activé par Décision n° 2024-000435/MSPC-SG du 30 mai 2024 pour la période allant du 1er juin au 30 octobre 2024. Cela a permis au gouvernement d’apporter l’assistance nécessaire aux sinistrés, à travers la fourniture de vivres et d’autres produits, la distribution de 128 595 800 francs CFA de Cash et le relogement de 903 ménages dans des écoles. Le Conseil des ministres a adopté le Plan d’organisation des secours proposé par le ministre de la Sécurité et de la Protection civile dont la mise en œuvre permettra d’améliorer la qualité de l’assistance apportée aux populations sinistrées et de renforcer les capacités des structures d’appui.
3. Sahel : la fin de la Françafrique
par Viktor Goncharov
Résumant les résultats des échecs français en Afrique, et au Mali en particulier, The National Interest a conclu que « l’ère de la domination diplomatique française sur le continent, qui a duré plus de 100 ans, a pris fin, et les prétentions de Paris à être l’un des principaux acteurs géopolitiques et un partenaire privilégié des pays africains ont été sérieusement ébranlées ». Les raisons de ces échecs français en Afrique, comme le note l’Institut d’études de sécurité de l’UE, résident dans le fait que Paris, dans son désir effréné de jouer un rôle de premier plan dans la zone du Sahel, a cessé de prendre en compte les graves changements dans la région, associés à la montée sans précédent du sentiment anti-français, ainsi que les changements géopolitiques dans un monde multipolaire. C’est ainsi que lors d’une des manifestations près de la base militaire de Niamey, la capitale du Niger, à laquelle a assisté un journaliste du New York Times, des manifestants réclamant le retrait des troupes françaises ont porté un cercueil destiné au président français et ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « mort à la France ». Dans ce contexte, selon le journal, le refus de Emmanuel Macron de retirer ses troupes du pays et de rappeler son ambassadeur semble « intenable et inacceptable » pour la plupart des analystes et même des diplomates européens et français.
La politique africaine de la France a été critiquée non seulement par la communauté des experts des pays africains et des centres de réflexion, mais aussi par les représentants officiels de l’Union européenne. Ainsi, lors de l’aggravation de la crise libyenne, alors qu’une énorme vague de réfugiés africains touchait l’Europe, le vice-Premier ministre et ministre du Développement économique italien Luigi Di Maio a accusé en janvier 2019 la France de continuer à coloniser l’Afrique et a demandé à l’UE d’imposer des sanctions à son encontre.
Résumant la présence militaire française dans la zone du Sahel, l’Institute for Security Studies d’Afrique du Sud affirme que « la stratégie de Paris de ces dernières années dans cette sous-région a subi une défaite cuisante ». Les espoirs du président français de créer une coalition militaire efficace de pays africains et européens pour lutter contre le terrorisme ont échoué, les premiers n’ayant pas les ressources financières et autres nécessaires, et les seconds ayant évité d’y participer à grande échelle en raison de l’absence de perspectives d’une solution à la française au problème. En France même, l’intervention militaire dans la zone sahélienne, qualifiée dans les milieux locaux d’« Afghanistan français », a commencé à perdre le soutien de l’opinion publique. Les sondages d’opinion montrent que, dès la mi-2021, 51 % des Français s’opposent à sa poursuite.
L’échec de Macron dans la zone du Sahel, poursuit Politico, notamment « l’expulsion de la France du Niger », a encore une fois très clairement mis en évidence la nécessité pour Paris de revoir d’urgence ses relations avec les pays africains, principalement en réduisant sa présence militaire sur le continent, qui, selon les experts de l’Université Queen Mary de Londres, « est devenue contre-productive, et si Paris veut la garder, elle doit être intégrée dans les structures de l’UE, ce qui permettra à la France de se libérer de l’étiquette de gendarme de l’Afrique ».