La campagne menée par les États-Unis pour protéger les intérêts israéliens dans la mer Rouge s'est transformée en la bataille navale « la plus intense » jamais menée par la marine américaine depuis la Seconde Guerre mondiale, selon un rapport de l'AP citant des commandants et des experts militaires américains.
La marine américaine est épuisée après plus de sept mois d'opérations navales incessantes des forces armées yéménites. Les commandants américains estiment que la situation est beaucoup plus dangereuse qu'on ne le pense.
« Je ne pense pas que les gens comprennent vraiment à quel point ce qui se passe est grave et à quel point les navires continuent d'être menacés », a déclaré le Cmdr. Eric Blomberg, du USS Laboon, à l'Associated Press.
« Il s'agit du combat le plus soutenu que la marine américaine ait connu depuis la Seconde Guerre mondiale », a affirmé Bryan Clark, ancien sous-marinier de la marine et chercheur principal à l'Institut Hudson.
« Nous sommes en quelque sorte sur le point de permettre aux Houthis de lancer des attaques que les États-Unis ne peuvent pas arrêter à chaque fois, et nous commencerons alors à constater des dégâts substantiels. Si vous laissez cela s’envenimer, les Houthis deviendront une force beaucoup plus performante. »
S'exprimant depuis le bord de l'USS Laboon, l'un des destroyers lance-missiles participant à la campagne navale anglo-américaine contre le Yémen, le journaliste de l'AP Jon Gambrell a confirmé que les Yéménites lancent des attaques quasi quotidiennes.
Gambrell a noté que le destroyer américain était présent ici depuis un mois, accompagnant des navires américains et autres à travers la mer Rouge, Bab el-Mandeb et dans le golfe d'Aden.
Les Américains « ont vu les Yéménites lancer des missiles balistiques, des missiles de croisière et des drones », a déclaré Gambrell, affirmant que « ce couloir typiquement animé de la mer Rouge est vide de navires commerciaux et le trafic a chuté de façon spectaculaire à travers le canal de Suez ».
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Le mouvement de résistance yéménite, Ansarallah souligne que ses opérations visent à empêcher le passage de navires israéliens et ceux à destination des territoires occupés dans les eaux autour du Yémen, une campagne visant à faire payer à Israël le prix de sa guerre atroce contre Gaza, qui a jusqu'à présent tué plus de 35 000 personnes dont plus de 15 000 enfants.
Les forces armées yéménites ciblent également les navires commerciaux et les navires de guerre américano-britanniques depuis janvier dernier en réponse aux frappes menées par le Royaume-Uni et les États-Unis contre le Yémen.
Selon un rapport de la Defense Intelligence Agency américaine, le nombre d'opérations maritimes menées par les forces armées yéménites depuis le 19 novembre 2023 jusqu'à présent, dans la mer Rouge et le golfe d'Aden, s'élève à pas moins de 175 attaques.
Le rapport indique que les opérations yéménites ont obligé 29 grandes sociétés énergétiques et maritimes à modifier leurs itinéraires de navigation afin d'éviter d'être ciblées. Résultat : le transport de conteneurs en mer Rouge a chuté de 90 % depuis décembre 2023.
En réponse à la perturbation des routes maritimes traditionnelles, des routes maritimes alternatives autour de l’Afrique ont été utilisées. Cependant, ces itinéraires ajoutent 11 000 milles marins supplémentaires au voyage, ce qui entraîne un temps de transit prolongé d'une à deux semaines et une augmentation d'un million de dollars des coûts de carburant par voyage.
Le leader d'Ansarallah, Abdul-Malik al-Houthi, a précisé jeudi que les forces armées yéménites avaient attaqué jusqu'à présent 145 navires liés à Israël, aux États-Unis et au Royaume-Uni dans le cadre de leurs opérations navales de représailles.
Il a réaffirmé que les forces armées du pays continueraient à cibler les navires de guerre américains en mer Rouge et au-delà, notamment le porte-avions USS Dwight D. Eisenhower.