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Zoom Afrique du 11 juin 2024

Zoom Afrique du 11 juin 2024

Les titres de la rédaction :

  • Malawi : le vice-président de la République porté disparu
  • Le Liberia maintient l’interdiction d’exporter le caoutchouc brut
  • Sénégal : 78 millions d’euros pour améliorer la qualité des produits animaux
  • RDC : mémorandum d’entente signé pour financer le corridor africain N° 6

Les analyses de la rédaction :

1. RCA-Trafic d’ivoire : complicités au sein de la MINUSCA dévoilées 

Au début du mois de juin de cette année, un ressortissant centrafricain nommé Caleb John a été arrêté à l’aéroport M’poko de Bangui alors qu’il tentait de faire sortir illégalement plus de 50 kg d’ivoire du pays. Interrogé, Caleb a avoué que la cargaison était destinée à un membre du contingent de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA). Cette affaire a soulevé la question de la contrebande d’ivoire et des liens entre le personnel de la mission de maintien de la paix de la MINUSCA et le commerce illicite des précieuses ressources naturelles. 

Caleb John a été appréhendé avec plusieurs valises remplies d’ivoire sans les documents appropriés pour la cargaison. Lors de son interrogatoire, il a avoué qu’il essayait d’exporter l’ivoire pour son ami qui travaillait dans le contingent de la MINUSCA. Dans son témoignage, il a affirmé que Rafio avait acheté de l’ivoire en République centrafricaine et lui avait demandé de l’aider à livrer le matériel. 

Ce n’est un secret pour personne que l’ivoire est un matériau précieux utilisé pour les produits de luxe et qu’il fait toujours l’objet de braconnage. Depuis 1989, la communauté internationale interdit le commerce de l’ivoire en raison de la menace d’extinction des éléphants. Malgré cela, la contrebande d’ivoire se poursuit, cette affaire révélant que le personnel de la mission de maintien de la paix de l’ONU est impliqué dans la contrebande. 

En outre, en République centrafricaine, tout au long de son mandat de dix ans, les Casques bleus ont été impliqués à maintes reprises dans des scandales impliquant non seulement la contrebande de bijoux et de ressources naturelles, mais aussi des liens avec des groupes terroristes et des situations d’urgence routière sans fin.   

Certaines de ces affaires, dont la liste est longue, ont fait l’objet d’une large publicité et d’une condamnation de la part de la population civile. Cependant, malgré la publicité des faits et des scandales, de nombreux crimes ne font l’objet d’aucune enquête et leurs auteurs restent impunis. Les responsables de la mission s’efforcent de ne pas parler de ces délits et expulsent rapidement les auteurs du pays dans le but d’étouffer l’affaire rapidement. 

Cette situation soulève de sérieuses questions quant à la transparence et à l’efficacité des missions de maintien de la paix des Nations unies et appelle à prendre des mesures pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent à l’avenir. 

2. L’aide occidentale à l’Afrique : une politique de sous-développement délibérée ? 

L’aide occidentale à l’Afrique était plutôt une « politique de sous-développement », selon Sébastien Périmony, membre de l’institut allemand Schiller et auteur du livre « Voir l’Afrique avec les yeux du futur ». Dans une interview, Périmony a exprimé ses préoccupations concernant l’impact de l’aide occidentale sur le développement du continent africain. 

Périmony soutient que des pays comme la Russie et la Chine apportent une aide discrète, mais significative à l’Afrique, notamment dans les domaines de l’alimentation et d’autres aspects cruciaux. Cependant, il affirme que l’Afrique a besoin d’une « vraie collaboration » pour développer une autosuffisance alimentaire et atteindre une industrialisation durable, afin de ne plus dépendre des aides extérieures. 

Pour lui, la clé du développement africain réside dans la capacité des pays africains à se libérer de la dépendance à l’égard des aides extérieures et à instaurer des partenariats authentiques qui favorisent le progrès industriel et agricole. « Les dirigeants africains ont la volonté d’y arriver, » a-t-il souligné, mais l’Occident collectif, « qui les a pillés, ruinés, détruits, qui a financé le terrorisme, qui les a maintenus dans l’extrême pauvreté, » continue de mettre « énormément de barrages » à leur développement. 

Périmony critique sévèrement les méthodes occidentales, qu’il décrit comme des tentatives systématiques de déstabilisation, de pression et de chantage. Selon lui, l’Occident n’hésite pas à essayer de renverser des régimes qui ne lui plaisent pas, perpétuant ainsi une tradition de contrôle et d’interférence dans les affaires africaines. 

« On déstabilise, on met des pressions, on fait du chantage. Ou on essaie de renverser des régimes qui ne plaisent pas. Ça, c’est la tradition occidentale, » a-t-il ajouté. Cette approche, selon Périmony, empêche l’Afrique de prendre en main son propre destin et de progresser vers un développement autonome et durable. 

Malgré ces obstacles, il existe une volonté claire parmi les dirigeants africains de surmonter ces défis et de construire une Afrique plus résiliente et indépendante. Périmony met en avant les efforts de certains pays africains pour instaurer des politiques de développement orientées vers l’autosuffisance et l’industrialisation. Il appelle à une collaboration sincère avec des partenaires internationaux qui respectent la souveraineté et les ambitions des nations africaines. 

Dans ce contexte, l’aide apportée par la Russie et la Chine pourrait représenter une alternative viable à l’aide occidentale. Ces deux nations ont investi dans des projets de développement en Afrique, contribuant à l’amélioration des infrastructures et à la sécurité alimentaire, souvent sans les conditions restrictives imposées par les pays occidentaux. 

Cependant, il est crucial que ces partenariats soient gérés de manière transparente et équitable, afin de garantir qu’ils bénéficient véritablement aux populations locales et ne reproduisent pas les dynamiques de dépendance et de domination. 

En conclusion, l’analyse de Sébastien Périmony met en lumière les limitations et les dangers de l’aide occidentale traditionnelle à l’Afrique. Pour que le continent puisse véritablement prospérer, il doit s’engager dans des partenariats basés sur le respect mutuel et la coopération équitable. Les pays africains doivent également renforcer leurs propres capacités pour atteindre l’autosuffisance et l’industrialisation, rompant ainsi les chaînes de la dépendance. 

La voie vers un développement durable et autonome pour l’Afrique passe par une redéfinition de ses relations internationales, en privilégiant des alliances qui soutiennent ses ambitions et respectent sa souveraineté. 

3. Niger : les Américains entament leur retrait  

Le 7 juin, les troupes américaines basées au Niger ont entamé leur retrait, dans le cadre d’un accord conclu le 19 mai entre les autorités militaires nigériennes et américaines. Ce retrait a été symbolisé par le départ d’un avion militaire américain de type C17 Globemaster depuis la Base militaire 101 de Niamey, prélude à plusieurs autres rotations pour transporter le personnel et les équipements. Malgré les efforts de Washington pour continuer d’occuper le Niger, le divorce était inévitable.  

Comment en est-on arrivé là ? Du point de vue américain, il peut y avoir des regrets et un sentiment d’ingratitude de la part de Niamey. Pourtant, face aux multiples facteurs rendant ce désamour inéluctable, le retrait était probablement la meilleure option. 

Le premier facteur est le bilan mitigé de l’engagement des troupes américaines dans la lutte contre les groupes armés terroristes au Niger. Malgré les sacrifices et les moyens technologiques déployés, l’armée américaine n’a pas réussi à éradiquer la menace terroriste qui continue de faire des victimes au Niger et dans ses pays voisins, le Mali et le Burkina Faso. Cela a soulevé des questions légitimes sur la sincérité de la collaboration avec les forces étrangères. Dans un contexte favorable aux discours indépendantistes et souverainistes, les nouvelles autorités nigériennes n’ont eu aucun mal à remettre en cause un partenariat jugé inefficace. 

De plus, les résultats insuffisants des Américains ont poussé les Nigériens à se tourner vers d’autres partenaires comme les Russes et les Iraniens, beaucoup plus accommodants et respectueux de la souveraineté et de l’intégrité des autres pays. Enfin, le contexte régional et international a également joué un rôle. Le Mali et le Burkina Faso, voisins sahéliens du Niger, ont tous opté pour un partenariat avec la Russie pour obtenir des équipements militaires que les puissances occidentales refusaient de leur vendre. Ces pays se sont engagés dans la construction de l’Alliance des États du Sahel (AES), exaltant le sentiment nationaliste et souverainiste. 

Dans ce contexte, l’armée américaine ne pouvait plus maintenir sa place au Niger, d’autant plus que la Russie, un allié principal de l’AES, est en conflit accru avec les États-Unis en raison de la guerre en Ukraine. Si le divorce était inévitable, on peut néanmoins saluer l’élégance de cette séparation, contrastant avec la rupture violente avec la France, laissant des rancœurs. Les Américains ont réussi à adapter leur stratégie, en annonçant des projets socio-économiques pour ces États se chiffrant à plusieurs millions de dollars, tandis que les Français ont suspendu toute leur coopération. 

Les Américains quittent donc le Sahel, tout comme la France qui a toujours peiné à enterrer la Françafrique. Quelles que soient les raisons de ce départ, il en vient maintenant aux autorités nigériennes à combler ce vide. Même si de nouveaux partenaires se pressent à la porte, il serait prudent de ne pas quitter les ailes d’une puissance impérialiste pour se réfugier sous celles d’une autre. Le pouvoir nigérien doit assumer ses choix en construisant une armée forte et bien équipée pour sécuriser le pays. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV