Au lendemain de l’opération surprise du 7 octobre des combattants de la Résistance palestinienne, les Israéliens ont soumis au moins 256 000 demandes de permis de port d’armes, dont beaucoup n’avaient jamais envisagé de posséder une arme auparavant, a rapporté, vendredi 15 décembre, le journal américain New York Times, indiquant que les législateurs israéliens ont approuvé l’assouplissement des réglementations sur la possession d’armes.
Ceci intervient alors que le ministère israélien de la Sécurité intérieure a déclaré que 150 000 Israéliens détenaient des permis de port d’armes en 2021, un chiffre qui avait chuté d’environ 20 % au cours de la décennie précédente.
« Jusqu’au 7 octobre, la politique en matière d’armement en Israël était assez bien équilibrée », a déclaré Tomer Lotan, ancien directeur général du ministère israélien de la Sécurité intérieure, avant d’admettre que les craintes croissantes de nombreux Israéliens ont changé la donne en un seul jour.
En 2022, le régime de Tel-Aviv a délivré 13 000 permis de port d’armes à feu, a indiqué Tomer Lotan, faisant part de l’octroi de 23 000 permis de port d’armes aux Israéliens, jusqu’au 7 octobre de 2023.
Cependant, après l’opération Tempête d’Al-Aqsa du Hamas, 26 000 nouveaux permis de port d’armes avaient été entièrement approuvés en moins de huit semaines, tandis que 44 000 autres Israéliens avaient reçu « approbation conditionnelle », selon l’ancien directeur général du ministère israélien de la Sécurité intérieure.
L’éligibilité à un permis de port d’armes à feu dépend de l’âge d’une personne, de son expérience militaire, de sa profession et de son lieu de résidence – certaines villes sont considérées comme plus dangereuses que d’autres. Les nouvelles réglementations augmentent le nombre de villes éligibles, réduisent le montant requis de l’expérience militaire et permettent à davantage de médecins volontaires et de premiers intervenants de porter les armes.
Cette approche a suscité de vives critiques en Israël de la part d’experts politiques et de certains législateurs, qui craignent que l’assouplissement des réglementations et la prolifération des armes n’entraînent une augmentation des homicides, des suicides, de la violence domestique.
« Israël ne deviendra pas les États-Unis », a déclaré Lotan, en ajoutant : « Mais nous paierons un lourd tribut, en tant que société, pour cette prolifération d’armes privées : plus d’accidents par balle, plus de suicides, plus d’enfants jouant avec des armes et plus de conflits quotidiens. »
Avant le début de la guerre, les entretiens pour obtenir des permis de port d’armes à feu se déroulaient en personne et duraient environ 20 minutes, a souligné Tomer Lotan, avant d’expliquer qu’entre 20 et 30 % des candidats ont été rejetés à la suite des entretiens, qui visaient à éliminer ceux qui ne sont pas aptes à porter les armes.
Après l’opération sans précédent du Hamas sur les territoires occupés palestiniens, le processus d’octroi d’un permis de port d’armes s’accélère en Israël.
À ce propos, Zvika Arran, colon israélien, a décrit le processus beaucoup plus bâclé, en déclarant : « Un appel téléphonique de 20 secondes au lieu d’une conversation prolongée ». Il a reçu son permis de port d’armes par e-mail, seul un jour après avoir terminé son cours de tir de quatre heures.
Au cours de ces dernières semaines, plusieurs images ont été diffusées sur les réseaux sociaux montrant que des colons israéliens portent des armes dans les rues pendant leurs activités quotidiennes, a rapporté la chaîne d’information qatarie Al Jazeera.
Les Palestiniens vivant en Cisjordanie se disent inquiets de la prolifération d’armes parmi les colons extrémistes, dans une situation où leurs actions violentes contre les Palestiniens se sont intensifiées, en particulier après l’opération Tempête d’Al-Aqsa, selon Al Jazeera.