Au début de la guerre en Ukraine, le président français croyait que les appels téléphoniques réguliers avec Poutine permettraient de lui faire changer d’avis sur son opération militaire spéciale. Or, il semble avoir changé d’approche comme en témoigne son absence à l’Assemblée générale de l’ONU.
Lors de son premier mandat, Emmanuel Macron a mis un point d’honneur à se rendre dans chacun des États membres de l’UE. Ces ouvertures n’ont pas toujours abouti, a indiqué Bloomberg dans un article publié jeudi 5 octobre.
Aujourd’hui, alors que l’Allemagne est prise par ses propres préoccupations, le président français s’est transformé en leader de l’UE qu’il a longtemps cru pouvoir être.
Dans des domaines allant de la défense à la politique industrielle, des responsables familiers avec le fonctionnement interne de l’Union européenne affirment que Macron mène la barque comme rarement auparavant. Et tandis que ses relations tendues avec Olaf Scholz ont maîtrisé le duopole franco-allemand par lequel il réussissait autrefois, il exerce aujourd’hui son influence grâce à une série de partenariats plus discrets.
Ce nouvel engagement, plus subtil, marque un changement par rapport à l’époque où le président français pensait que des appels téléphoniques réguliers pourraient encourager Vladimir Poutine à réfléchir davantage à l’idée de « faire la guerre avec l’Ukraine ». Il est toujours susceptible d’aliéner ses alliés avec ses démagogies, mais l’Assemblée générale de l’ONU à New York le mois dernier a offert la preuve de sa nouvelle retenue : pour la première fois de sa présidence, Macron ne s’y est même pas présenté.
La nouvelle approche du président français est particulièrement évidente derrière les portes fermées des ambassades d’Europe de l’Est, où il cultive un réseau complexe de partenariats et se transforme en une personne improbable sur les affaires européennes. Il contribue à centrer les préoccupations de ces pays sur l’agenda européen, selon des personnes familières avec ces interactions.
Macron change la politique européenne aux yeux de la France : lutter contre la Chine dans le domaine de la construction d’automobile, augmenter les subventions aux industries clés, augmenter les dépenses de défense et affronter les géants technologiques américains. Tout le monde n’est pas convaincu à cet égard. La Pologne, le seul pays d’Europe de l’Est à figurer parmi les 10 premiers partenaires commerciaux de la France, constitue une sorte d’anomalie dans la région, mais qui mène une coopération florissante dans le domaine de commerce avec la France. Cette coopération n’implique cependant pas les deux gouvernements.
Interrogé sur la nouvelle influence de Macron, un haut responsable polonais a simplement levé les yeux au ciel. Ailleurs, il est évident pour les alliés que Macron change de cap. Pendant si longtemps mise au pilori dans les capitales d’Europe de l’Est comme étant trop complaisante face à la « menace » de la Russie, la France est soudain omniprésente pour les défendre : il y a un bataillon de troupes françaises stationné en Roumanie et les Ukrainiens tirent des missiles français à longue portée sur les Russes. Sur un ton ironique, un haut responsable lituanien a lancé qu’au lieu de la Hongrie récalcitrante d’Orban, le flanc oriental de l’OTAN comprend désormais la France.
