Ce sont des scènes de joie qui ont eu lieu toute la journée du mercredi 30 août dans les rues de Libreville. Des putschistes ont annoncé ce même jour mettre fin au régime en place et avoir poussé à la retraite le chef de l’État, Ali Bongo.
Le commandant en chef de la Garde républicaine, l’unité d’élite de l’armée du Gabon, le général Brice Oligui Nguema, a été nommé « président de la transition » par les militaires putschistes dans un communiqué lu à l’antenne de la télévision Gabon 24, ce mercredi.
« Le général Brice Oligui Nguema a été désigné à l’unanimité président du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions, président de la transition », a déclaré un officier en présence de dizaines d’officiers supérieurs et généraux, qui représentent tous les corps de l’armée gabonaise, selon le communiqué. La durée de la transition des militaires au pouvoir n’a pas été précisée.
La prise du pouvoir par l’armée survient trois heures après l'annonce officielle de la victoire d'Ali Bongo à l'élection présidentielle. Au pouvoir depuis 14 ans, le président sortant briguait un troisième mandat aux élections de samedi 26 août qui ont regroupé trois scrutins, présidentiel, législatif et municipaux, tous sur un seul tour.
Les putschistes affirment avoir agi en raison de « fraude électorale ». Les observateurs internationaux ont également critiqué le vote.
Les opposants affirment que la famille Bongo n’a presque rien fait pour partager les richesses pétrolières et minières de l’État avec les 2,3 millions d’habitants pendant plus d’un demi-siècle à la tête du Gabon.
« La France condamne le coup d'État militaire qui est en cours au Gabon », a annoncé, mercredi 30 août, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, devant la presse en indiquant que Paris « surveille avec beaucoup d'attention l'évolution de la situation ». « Nous rappelons notre attachement à des processus électoraux libres et transparents », ajoute l'Élysée.
Environ 400 soldats français sont encore déployés en permanence au Gabon pour la formation des militaires, notamment dans une base dans la capitale Libreville. Paris entretient des relations économiques avec le pays dans les secteurs minier et pétrolier.
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Quant à l’Allemagne, il a condamné le coup d'État tout en affirmant qu'« il existe des critiques légitimes sur la transparence et la légalité des récentes élections ».
Dans un courriel envoyé à l'AFP, un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères déclare que « même s'il existe des critiques légitimes sur la transparence et la légalité des récentes élections, ce n'est pas aux militaires d'intervenir par la force dans le processus politique. Les Gabonais doivent pouvoir décider librement et de manière autonome de leur avenir ».
Les États-Unis profondément « préoccupés » par la situation au Gabon
Par ailleurs, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a déclaré que les États-Unis étaient profondément « préoccupés » par les événements au Gabon.
« Cela nous préoccupe profondément. Nous resterons un partisan des peuples de la région, un partisan du peuple gabonais et de sa demande de gouvernance démocratique », a-t-il déclaré lors d'un point de presse. « Nous surveillons cela de très, très près. »
« Je pense qu'il est trop tôt pour qualifier cela de tendance », a déclaré Kirby, ajoutant que les États-Unis « resteraient concentrés sur la promotion de la démocratie sur le continent ».
Les États-Unis ont exhorté mercredi l'armée gabonaise à préserver le régime civil tout en exprimant leur inquiétude après le renversement du président Ali Bongo Ondimba à la suite d'un scrutin contesté. « Nous exhortons les responsables à libérer les membres du gouvernement et leurs familles, à assurer leur sécurité et à préserver le régime civil », a déclaré le porte-parole du département d'État américain, Matthew Miller, dans un communiqué.