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Les analyses de la rédaction :
1. L'Éthiopie bientôt dans les BRICS ?
L’Éthiopie ne voit pas seulement les BRICS comme une opportunité économique, mais comme un outil politique permettant de faire émerger un monde multipolaire, a déclaré Uriat Cham Ugala, ambassadeur éthiopien en Russie.
L’Éthiopie, qui vient de présenter une demande d’adhésion au BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), y voit une opportunité de bâtir un monde plus équilibré. Le projet par le groupe des cinq ne séduit pas seulement par ses aspects économiques mais aussi politiques, comme l’explique l'ambassadeur éthiopien en Russie.
« Je ne vois pas cela uniquement dans une perspective économique. Il y a un aspect politique. Dans le monde actuel, le multilatéralisme est ignoré : quelques nations puissantes, militairement ou économiquement, dominent le monde et imposent leurs intérêts à d’autres nations. Je pense que beaucoup de pays veulent maintenant passer au multilatéralisme », déclare-t-il ainsi.
Les BRICS regroupent déjà des économies émergentes à forte croissance, en plus de représenter plus de 3 milliards d’habitants soit 40% de la population mondiale, rappelle encore Uriat Cham Ugala.
«Les BRICS, je pense sont un bloc. Une partie de la population mondiale et les économies les plus rapides du monde se trouvent aujourd’hui dans ce bloc. Il est donc naturel que d’autres nations veuillent travailler dans la dynamique de ce groupe, qui encore une fois n’est pas profitable qu’économiquement mais porte les valeurs du multilatéralisme. Nous n’avons plus besoin d’unilatéralisme», explique-t-il ainsi.
Ce 29 juin, l’Éthiopie avait annoncé soumettre une candidature pour adhérer au BRICS. Près d’une vingtaine d’autres pays ont déjà montré leur intérêt pour les travaux du groupe. En Afrique, l’Algérie et l’Égypte ont officiellement déposé une demande. La Tunisie, à couteaux tirés avec le Fonds monétaire international (FMI) concernant un prêt de 1,9 milliards de dollars, pourrait aussi se montrer intéressée.
D’autres pays n’ont pas encore sauté le pas, mais se tournent vers la Nouvelle banque de développement (NBD), instrument financier des BRICS qui souhaite proposer une alternative à la Banque mondiale et au FMI. L’Argentine, le Myanmar ou le Honduras se sont ainsi rapprochés de l’institution bancaire.
2. Mali : clap de fin pour la Minusma
Le clap de fin de la Mission multidimensionnelle intégrée des nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) a pris fin le vendredi 30 juin 2023 par une résolution du Conseil de sécurité adoptée à l’unanimité. Il n’y a pas eu de bras de fer sur la volonté malienne de mettre fin sans délai au mandat des Casques bleus. Ce sont les conditions du départ qui ont été négociées.
Le Mali, après avoir mis à la porte les soldats français de Barkhane, ceux européens de Takuba, renvoient les derniers étrangers présents sur son sol, à l’exception des Russes. Il ne reste plus que les instructeurs russes auprès des Forces armées maliennes (FAMA). Pourquoi cette demande de retrait ?
Avant les Maliens, on a vu la population à Goma s’en prendre aux soldats de la mission de l’Organisation des nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) lors de la résurgence des attaques du groupe armé rebelle M23 en juillet 2022.
Les missions de maintien de la paix des Nations unies dans le format actuel ne sont pas des vaccins contre la guerre, elles ne soignent pas les causes du mal et figent la situation dans le meilleur des cas dans une situation de ni guerre ni paix à cause de leur mandat. L’Organisation des nations unies doit résoudre ce problème du mandat de ces nombreux militaires en voyage touristique, selon un chef d’État africain.
MINUSMA, une mission coûteuse et meurtrière
Voilà dix ans que 53 pays ont décidé de porter secours au Mali à travers la MINUSMA qui est l’opération de maintien de la paix des Nations unies la plus coûteuse (1,2 milliard de dollars par an) parce qu’elle se déroule dans un pays vaste, le deuxième pays le plus étendu d’Afrique. Elle mobilisait 11 500 militaires, 1 500 policiers 1 800 civils déployés dans 11 bases au nord et au centre du Mali. Ils sont 174 Casques bleus qui ont été tués au Mali, depuis 2013 : c’est un record au niveau des pertes en vies humaines pour une mission de l’ONU.
La MINUSMA, c’est aussi 63 aéronefs, dont seize avions qui permettaient de relier Bamako aux zones à haut défi sécuritaire du nord et du centre du pays. L’administration malienne avait aussi recours à ces liaisons aériennes. Les discussions sur les modalités du retrait vont concerner aussi le transfert des bases et de la logistique. Certains ne seraient pas favorables à ce que le matériel de l’ONU soit utilisé par les militaires russes présents dans le pays. Le dead line du retrait est le 31 décembre 2023, soit six mois pour plier bagage. C’est différent du retrait de la MONUSCO qui va se faire graduellement à partir de 2024.
Quand le 16 juin 2023, le ministre des affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop, exigeait le « retrait sans délai » de la MINUSMA devant le Conseil de sécurité, personne ne pensait que l’affaire allait passer comme une lettre à la poste. Le patron de la MINUSMA, El Ghassim Wane, a rappelé que : « Le maintien de la paix est basé sur le principe du consentement du pays hôte, et sans ce consentement, les opérations sont presque impossibles ».
Les Nations unies font face à une insatisfaction des pays qui accueillent les missions de maintien de la paix parce que le mandat des forces onusiennes ne leur permet pas de faire la guerre et de battre militairement les groupes armés auxquels ces pays sont confrontés. Et les populations civiles qu’elles sont censées protéger ne sont pas non plus contentes comme elles l’ont exprimé au Congo il y a un an. Le second volet de ces missions concernant les conditions du retour de la paix est une problématique complexe qui veut agir sur les négociations entre belligérants, le retour de l’administration, les écoles et services de santé qui nécessite plusieurs programmes sur plusieurs années, alors que les populations sont impatientes.
Les missions de maintien de la paix doivent revoir leur format, le principe de forces d’interposition, semble geler la crise et celle-ci perdure et se prolonge tout comme la mission qui n’a pas d’horizon. Le pouvoir de transition malien, après avoir chassé la force Barkhane, avait la MINUSMA dans son viseur surtout pour ses activités de protection des droits de l’homme. Il a ouvert une enquête judiciaire pour « espionnage, atteinte à la sûreté extérieure de l’État et complot militaire » contre les enquêteurs onusiens et leurs « complices » ayant participé au rapport de l’ONU sur le massacre de Moura, un village dans lequel "des centaines de personnes ont été tuées par l’armée malienne et des soldats russes en mars 2022" selon l’ONU. Le rapport sur le massacre de Moura est le point d’orgue de la crise entre le pouvoir malien et la MINUSMA qui est neutre sur cette question puisqu’elle avait épinglé aussi les militaires français qui ont tiré (frappes aériennes) sur des populations civiles lors d’un mariage dans la localité de Bounti en 2021. Cela dit, l'affaire a rapidement été étouffé.
La MINUSMA n’aura plus le droit de faire des observations sur les droits de l’homme, ni de protéger les civils à partir du 1er octobre 2023. Elle prend fin, mais le Mali reste membre de l’Organisation des nations unies et les rapports entre les deux entités vont continuer. Le Mali essaie de prendre son destin en mains par cette décision.
L’Afrique est le continent où il y a le plus de missions onusiennes de maintien de la paix parce qu’il est celui où il y a le plus de crises et de conflits. Le sentiment général est que les missions onusiennes ne sont pas des remèdes à ces crises. Les populations ont l’impression que les missions, MINUSMA, MINUSCA et MONUSCO essaient de lutter pour leur survie, donc pour la guerre, ce qui est la conséquence de leurs mandats. Pour beaucoup, ces missions ne sont pas présentes en Afrique pour la sureté des Africains, mais plutôt pour la préservation des intérêts de l'Occident en Afrique.
3. Burkina Faso : le peuple soutien le gouvernement
Après la suspension des médias français RFI et France 24, le Burkina s'attaque maintenant à LCI.
L'autorité de régulation des médias du Burkina Faso a décidé de suspendre la chaîne française d'information en continu LCI pendant trois mois, après les propos d'une journaliste concernant la situation liée aux violences terroristes qualifiés de "fausses informations".
Les programmes de LCI "sont suspendus pour une durée de trois mois au Burkina Faso sur les bouquets de tout distributeur de services audiovisuels à péage à compter de la notification de la présente décision", indique le Conseil supérieur de la communication (CSC), dans un communiqué publié jeudi.
Selon la CSC, LCI, chaîne privée du groupe TF1, "a diffusé le 25 avril 2023, une émission intitulée +24h Pujadas, l'info en question+, au cours de laquelle, sa journaliste, Abnousse Shalmani, a livré un certain nombre d'informations sur la crise sécuritaire dans le Sahel en général mais aussi sur le Burkina Faso".
Le CSC reproche notamment à la journaliste d'avoir affirmé que "les terroristes" avancent "à toute vitesse en l'absence de tout État dans les localités conquises", d'avoir précisé, sans mentionner de source, que "40% du territoire est occupé par les terroristes" ou encore que "près de 90.000 civils appelés Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) sont utilisés +comme de la chair à canon+ pour protéger les militaires burkinabè contre les terroristes".
L'autorité de régulation estime que ces propos sont de "simples supputations et des insinuations malveillantes", certaines "susceptibles de créer des troubles au sein des populations et fragiliser la collaboration nécessaire recherchée entre l'armée et les civils pour la sauvegarde de la patrie burkinabè".
Début avril, les autorités de la transition du Burkina Faso, dont le président est le capitaine Ibrahim Traoré, avaient expulsé les correspondantes des quotidiens français Libération et Le Monde.
Fin mars, elles avaient ordonné la suspension sine die de la chaîne de télévision France 24, après avoir suspendu en décembre 2022 Radio France Internationale (RFI), médias publics français.
Ces décisions prisent par les Autorités appartiennent au peuple.
À l’appel de la Coordination nationale des OSC du Burkina Faso (CNOSC-BF), plusieurs personnes sont sorties le samedi 1er juillet 2023 à la Place de la nation de Ouagadougou, pour apporter leur soutien aux autorités de la transition.
Comme aux précédents meetings, des manifestants ont apporté leur « soutien indéfectible » au président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, et à son équipe exécutive. « Nous lançons, à cet effet, un appel patriotique en invitant tous les Burkinabè de tous bords à s’unir derrière les autorités de la transition pour une victoire finale et sans condition sur les ennemis du peuple burkinabè menaçant même l’existence de notre nation », a lancé Ghislain Dabiré.
Tout en rappelant son adhésion à la politique actuelle menée par la transition, Ghislain Dabiré a déclaré : « La légitimité du capitaine Ibrahim Traoré et de son gouvernement tire sa source du peuple burkinabè. »
Munis de vuvuzelas, de sifflets et d’autres gadgets, ces manifestants répondaient à l’appel de la Coordination nationale des OSC pour, disent-ils, appeler à une relecture de la Constitution au Burkina Faso. « Nous sommes sortis pour exprimer notre soutien au projet de relecture de la Constitution annoncé par le Premier ministre », a indiqué Sita Ouédraogo, l’un des animateurs du meeting.
Sur le changement constitutionnel, Brigitte Ouédraogo, manifestante et présidente du Collectif des femmes pour la paix et le développement, a invité le capitaine Ibrahim Traoré à procéder, dès les jours à venir, à la relecture de la Constitution afin que celle-ci reflète les aspirations des Burkinabè. « Les Burkinabès veulent un pays où ils seront ceux qui prennent les décisions. On veut que cette Constitution reflète cela parce qu’on a vu que cette démocratie que les impérialistes nous ont imposée a montré ses limites. Donc nous voulons écrire ce que nous voulons, ce que nous voulons que le Burkina soit dans les jours à venir », a-t-elle déclaré.
Ces organisations de la société civile disent non à la « manipulation du peuple burkinabè par certaines organisations internationales telles que la CEDEAO et l’Union européenne ». « Non aux valets locaux et à leurs politiques internes de déstabilisation ; non aux politiques françaises et de diabolisation du Burkina Faso », ont brandi les manifestants, soutenant que c’est « maintenant ou jamais » que la « réelle adversité impérialiste » commence.
Après les leaders d’OSC, les chefs coutumiers et les représentants des différentes confessions religieuses présents sur place sont montés tour à tour sur le podium pour passer leurs messages. Tout en exprimant leur adhésion au projet de relecture de la Constitution, ils ont dit être engagés auprès du pouvoir de la transition pour le retour de la paix au Burkina Faso.
Ce meeting, il faut le rappeler, a vu la participation de plusieurs autres leaders d’OSC et d’activistes venus du Congo, du Mali, de Guinée et de la France, selon les organisateurs. L’activiste malien Adama Diarra alias « Ben le cerveau » a brillé de sa présence. Dans son intervention, il a demandé au peuple burkinabè d’aller vers une nouvelle Constitution, à l’instar du Mali.