L'OTAN va déployer 700 soldats supplémentaires au Kosovo, où 30 membres du personnel de sécurité du bloc ont été blessés lors d'affrontements avec des manifestants serbes locaux. Un autre bataillon sera placé en alerte maximale en cas de nouvelle escalade.
Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a annoncé cette décision lors d'un point de presse mardi 30 mai, affirmant que le déploiement était une réponse aux récentes « attaques » contre la force, qu'il a qualifiées d'« inacceptables ».
Stoltenberg a exhorté les responsables de Pristina et de Belgrade à prendre des « mesures concrètes » pour désamorcer la situation, et a déclaré que les deux parties devraient participer à un dialogue négocié par l'UE.
At least 30 NATO peacekeepers were injured in Kosovo on Monday in clashes with Serb protesters who demand the removal of recently-elected ethnic Albanian mayors ⤵️ pic.twitter.com/qjWouPCluQ
— Al Jazeera English (@AJEnglish) May 31, 2023
De violents affrontements entre les Serbes locaux et la Force de l'OTAN au Kosovo (KFOR) ont éclaté après que les Casques bleus ont tenté de disperser des manifestants qui protestaient contre l'investiture d'un maire albanais dans une zone à majorité serbe. L'affrontement a fait des dizaines de blessés des deux côtés.
Les troubles sont survenus après que les Serbes locaux, qui recherchent depuis longtemps l'autonomie au Kosovo, ont boycotté les élections soutenues par Pristina dans plusieurs régions de la province sécessionniste de Serbie.
Malgré un taux de participation inférieur à 4%, les autorités locales ont accepté les votes comme légitimes, annonçant l'élection de quatre maires albanais.
La KFOR a été créée en 1999 à la suite de l'intervention de l'OTAN dans le conflit du Kosovo au nom des Albanais de souche et de la campagne de bombardements de plusieurs mois, menée par le bloc en Serbie. La force se composait d'environ 50 000 soldats à son apogée, mais a depuis décliné à environ 3 700 soldats aujourd'hui.
Le Kosovo a connu plusieurs vagues de troubles depuis la guerre de 1999. En 2008, les autorités albanaises soutenues par l'Occident ont déclaré unilatéralement l'indépendance de Belgrade. Cette décision a été rapidement soutenue par les États-Unis et de nombreux autres pays occidentaux.
La Russie et la Chine font partie des États qui continuent de considérer le Kosovo comme faisant partie de la Serbie.
Moscou a déclaré que l'OTAN était en grande partie responsable de la récente flambée des hostilités. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a accusé l'alliance de devenir « une source de violence inutile » et un « facteur d'escalade » dans la région.
Elle a exhorté le bloc à « faire taire sa fausse propagande » contre les Serbes locaux, qui, selon elle, ont été accusés à tort d'avoir provoqué des incidents.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que la montée des tensions au Kosovo pourrait entraîner une « énorme explosion » au cœur de l'Europe.
S'adressant aux journalistes lundi, le ministre russe des Affaires étrangères a déclaré que la situation était « alarmante » et a mis en garde contre une éruption majeure dans les Balkans.
En outre, le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, a exhorté, ce mardi, les dirigeants du Kosovo et de la Serbie à désamorcer immédiatement les tensions après les affrontements dans le nord du Kosovo qu’il a qualifiés d’« inacceptables ».
M. Borrell a déclaré qu’il s’était entretenu au téléphone avec le Premier ministre kosovar, Albin Kurti, et le président serbe, Aleksandar Vučić, pour leur demander d’éviter toute « nouvelle action unilatérale ».
« J’ai demandé aux deux parties de prendre de toute urgence des mesures pour désamorcer les tensions immédiatement et inconditionnellement », a déclaré M. Borrell aux journalistes à Bruxelles.