TV
Infos   /   A La Une   /   Iran   /   Moyen-Orient   /   Asie   /   L’INFO EN CONTINU

OCS, Corridor Nord-Sud , guerre en Ukraine... pourquoi l'Iran dérange l'Occident?

Port Chabahar au sud de l'Iran. (Archives)

Le président iranien Ebrahim Raïssi insiste sur le fait que la « nouvelle Asie » dans le monde moderne nécessite une coopération pour développer un modèle endogène pour les États indépendants dans leurs efforts pour surmonter les défis sécuritaires, économiques, médiatiques et cybernétiques. Le Président a fait ces remarques dans une allocution à la 6e Conférence sur l'interaction et les mesures de renforcement de la confiance en Asie (CICA) à Astana, la capitale du Kazakhstan, jeudi. (Regarder la vidéo ci-jointe) "La conception d'un tel modèle est particulièrement importante pour établir un système financier commun et utiliser les monnaies régionales, concevoir des normes et des réglementations pour lutter contre le terrorisme ainsi que renforcer la coopération avec les médias", a-t-il déclaré avant de souligner que "les pays qui se nourrissent de terrorisme et les puissances intimidantes qui ont pris en otage le système financier mondial et continuent de piller les richesses d'autres nations ne peuvent pas servir de partenaires fiables pour façonner l'ordre émergent." L'Iran est-il sur le point de s'imposer à titre d'un vecteur de multilatéralisme? À regarder de plus près son statut au sein de l'OCS et surtout sa pertinence au coeur du Corridor Nord-Sud la réponse est affirmative. 

En effet, depuis que l'Iran a rejoint l'OCS, la coopération du pays avec d'autres membres de l'organisation s'est accélérée. Les intérêts communs ont rapproché plus que jamais les pays tels que l'Iran, la Chine et la Russie. En raison de la montée de tension entre la Russie et la Chine avec l'Occident, ces deux pays sont en train de changer l'approche globale en leur faveur. L'adhésion de l'Iran au programme eurasien de la Chine et de la Russie est aussi complexe qu'importante pour les relations économiques et de sécurité à travers l'Eurasie. Étant donné que Pékin et Moscou tiennent à faire avancer leurs objectifs stratégiques respectifs dans le cadre de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), l’adhésion de la RII à cette instance internationale aura pour effet la modification de l'équilibre stratégique entre les deux pays.

Depuis longtemps, l’Iran se heurte aux sanctions continues qui lui sont imposées, ainsi qu’à l'attitude hostile des États-Unis et d'autres pays occidentaux. Cependant, le pays est récemment entré dans une période de dynamisme, à savoir depuis que le programme du développement du port de Chabahar a commencé.

Le port de chabahar, situé au sud-est de l'Iran à l'embouchure de la mer d'Oman, dispose d’un emplacement stratégique idéal qui relie le sous-continent indien à l'Afghanistan ainsi qu'au Kirghizistan et à l’Ouzbékistan, deux pays d'Asie centrale. Le port de Chabahar joue un rôle important dans la réduction significative du coût et du temps de transport des marchandises entre l'Inde et l'Afghanistan ainsi que dans le domaine du commerce entre le sous-continent indien et l'Asie centrale. Sans ignorer le corridor de commerce international Nord-Sud, qui est pris comme une voie de transport multimodal beaucoup plus rapide pour les échanges commerciaux avec le Continent Vert. De plus, ce couloir permet à la Russie de maintenir son influence sur le Caucase du Sud et la mer Caspienne. La vitesse du commerce entre l'Europe et l'Inde via cette route peut augmenter de 50 à 100 % par rapport au commerce via la route traditionnelle le long du canal de Suez.

Par conséquent, le développement du port de Chabahar a donné à l'Iran la possibilité d'émerger en tant que foyer du commerce régional. Si toutes les capacités de Chabahar sont utilisées, non seulement cette zone pourra faciliter le processus du commerce de l'Inde avec l'Europe, la Russie et les pays membres de la Communauté des États indépendants, mais aussi elle deviendra l'un des ports les plus importants du monde.

La position stratégique de l'Iran au cœur de la bordure sud de l'Eurasie a également fait de ce pays un axe géographique important dans l’initiative « Une ceinture, une Route ». L'Iran n'a pas perdu de temps pour tenter de parvenir à un consensus régional concernant les engagements à long terme envers le port de Chabahar en tant que plaque tournante commerciale majeure de la région. Lors de la récente réunion entre l'Inde et les pays de l'Asie centrale, tous les pays participants ont convenu de la nécessité de renforcer les relations économiques et diplomatiques. À cet égard, l'Iran et l'Inde se sont engagés à fournir aux pays d'Asie centrale une part du port de Chabahar et à envisager des zones exclusives pour leurs opérations commerciales.

L'Inde et l'Iran ont par ailleurs approché d’un accord à long terme pour le commencement des opérations dans le port stratégique de Chabahar ; le contrat à long terme est valable 10 ans et est automatiquement renouvelé. Cet événement intervient à un moment où la Chine se montre de jour en jour intéressée à de vastes investissements dans les ports et autres infrastructures côtières en Iran. La création de nouvelles routes commerciales, avec Chabahar comme plaque tournante, permet à la prospérité de l’Iran et en fait en outre un levier diplomatique en Asie centrale.

Les autorités kirghizes ont annoncé que si le port de Chabahar était utilisé, le temps de transit des marchandises entre le Kirghizistan et l'Inde pourrait être réduit des 30 à 45 jours actuels à seulement deux semaines. De tels développements imminents sont chaleureusement accueillis par l’Iran, car la création de nouvelles routes commerciales, avec Chabahar, augmentera la puissance diplomatique de l'Iran en Asie centrale. Le développement des activités commerciales dans le port de Chabahar est très important, car cela aide à la réouverture des routes commerciales. Une grande partie du précédent blocus était due aux efforts déployés par le Pakistan pour nuire à l'Inde en bloquant ses routes commerciales à travers l'Afghanistan. Cependant, ce blocus a fourni une opportunité à l'Iran de se positionner comme un centre commercial régional en offrant à l'Afghanistan une solution au blocus du Pakistan, qui a étouffé les routes commerciales de ce pays et paralysé le développement de son économie naissante.

Depuis que l'Iran a rejoint l'OCS, la coopération du pays avec d'autres membres de l'organisation s'est accélérée, la coopération avec l'Inde dans la promotion du rôle important du port de Chabahar dans le transit des marchandises entre les pays membres et l'Europe par exemple. Cette coopération va plus loin :  désormais, Téhéran cherche à améliorer la puissance de combat de ses forces armées en organisant de nouveaux exercices avec la participation des pays membres de l’OCS. Le commandant de la marine iranienne, le contre-amiral Shahram Irani, a ainsi déclaré que la marine de la République islamique d'Iran prévoyait d'organiser un exercice naval conjoint avec la Chine, la Russie et un certain nombre d'autres pays dans la pointe nord de l'océan Indien dans un proche avenir. Il a déclaré mercredi 12 octobre que le prochain exercice naval vise à renforcer les capacités de combat des forces iraniennes et s'inscrit dans le cadre de la diplomatie maritime afin d'assurer une sécurité durable. Il a noté que l'Iran avait invité un certain nombre de pays, dont les membres du Symposium naval de l'océan Indien (ION) - un forum visant à accroître la coopération maritime entre les États côtiers de la région de l'océan Indien, à participer à l'exercice conjoint.

Quelque 20 à 30 pays participeront activement à l'exercice conjoint, a déclaré le contre-amiral Irani, ajoutant que les jeux de guerre ont été conçus conformément à un manuel d'instructions compilé par la marine iranienne. Le commandant de la marine iranienne a également noté que l'Iran organisait actuellement un exercice naval conjoint de sauvetage et de secours avec un nombre d'États amis et alliés.

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV