Il y a un lien subtil entre l’adhésion de la Turquie à l’Organisation de coopération de Shanghai et la nouvelle approche politique établie par Erdogan par rapport à la Syrie, les intérêts nationaux de la Turquie obligeant le président turc à dissoudre au plus vite la base où sont stationnées les forces de l’Armée syrienne libre (ASL).
Dans un article publié par l’agence de presse Tasnim dimanche 14 août, Mehmet Ali Guller, analyste turc, offre une perspective nouvelle et innovante quant aux développements en Syrie : il fait une proposition audacieuse au président Erdogan en insistant que l’adhésion de la Turquie à l’Organisation de coopération de Shanghai dépend du changement de l’approche politique par rapport à la Syrie.
À son retour de Sotchi, indique-t-il, Erdogan a déclaré aux journalistes que Poutine l’avait invité à assister à la réunion de l’Organisation de coopération de Shanghai, qui doit se tenir en Ouzbékistan en septembre. Pour la Turquie qui a reçu le « statut de partenaire du dialogue » lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai en juin 2012, l’invitation de Poutine à Erdogan n’accélérera-t-elle pas le processus de son adhésion à l’OCS ?, a-t-il interrogé.
Créée le 26 avril 1996 sous le nom de « Shanghai Five » avec la participation de la Chine, de la Russie, du Tadjikistan, du Kirghizistan et du Kazakhstan, l’Organisation de coopération de Shanghai s’est fixé pour mission de lutter contre le séparatisme et l’extrémisme, notamment en empêchant les États-Unis de profiter de l’effondrement de l’Union soviétique pour se diriger vers les pays d’Asie centrale en utilisant les organisations séparatistes et extrémistes qui y opèrent.
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En 2001, avec la participation de l’Ouzbékistan, « Shanghai Five » est devenu l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Aujourd’hui, l’OCS compte neuf membres avec l’acceptation de l’Inde, du Pakistan et enfin de l’Iran. Pour rappel, ce dernier avec la Turquie a exprimé leur désir de devenir membre de l’OCS en 2007. La demande de la Turquie a été refusée tandis que l’Iran est devenu membre observateur puis membre à part entière. Plus tard en juin 2012, l’OCS a accepté la demande d’Ankara sur le « statut de partenaire de dialogue ».
À l’heure qu’il est, affirme l’analyste, la Turquie fait face à deux défis majeurs. D’abord, en tant que membre de l’OTAN, elle considère la Chine et la Russie comme des ennemis, qui eux, estiment que l’adhésion d’Ankara à l’OCS est une considération tactique pour entraîner une rupture au sein de l’OTAN, et ce, à un moment critique où le monde se bat pour le pouvoir. Par ailleurs, les relations qu’entretient Ankara avec divers groupes extrémistes sous l’égide de l’Armée syrienne libre vont à l’encontre des principes fondamentaux de l’Organisation de coopération de Shanghai, dont l’objectif est de lutter contre le terrorisme séparatiste et extrémiste. À titre d’exemple, le soutien de la Turquie à l’Armée syrienne libre et aux groupes présents à Idlib fait obstacle à son adhésion à l’OCS. À cet effet, la résolution des conflits à Idlib et la normalisation des relations avec la Syrie facilitent l’ouverture de la voie à l’adhésion de la Turquie à l’OCS.
Déjà, les propos du ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, concernant sa rencontre avec son homologue syrien Faisal al-Miqdad à Belgrade et les efforts d’Ankara pour créer un compromis entre les rebelles syriens et le gouvernement de Bachar al-Assad ont provoqué des plaintes au sein de l’Armée syrienne libre créée par Ankara et utilisée pendant 10 ans dans le but de renverser le gouvernement syrien, indique l’autre précisant que dès après l’annonce, les rebelles syriens sont descendus dans les rues et ont brûlé le drapeau turc dans plusieurs villes dans le nord de la Syrie à savoir, Afrin, Jarabulus et Azaz.
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Selon lui, Ankara devrait faire la paix avec Damas et y consacrer du temps et de l’énergie, non pas en tâchant de réconcilier le gouvernement Assad et l’ASL dont la mauvaise réputation en tant que groupe terroriste n’est plus à faire. Par contre, ajoute-t-il, la Turquie ferait mieux de faire preuve de bonne volonté devant le gouvernement syrien à commencer par dissoudre la base abritant les forces de l’ASL dès que possible.
Les analyses publiées dans la presse syrienne dont le journal Al-Watan, insistent sur le fait que toutes les démarches d’Erdogan vont dans le sens de créer une zone de sécurité et de pénétrer en Syrie en construisant de petits blockhaus pour les réfugiés, a regretté Guller avant de conclure que la normalisation des relations avec la Syrie s’avère une nécessité stratégique pour la Turquie qui n’a pas à tarder de prendre une position claire et explicite face à la destruction du quartier général de l’Armée syrienne libre.