Au moment où les États-Unis tentent de créer de nouvelles alliances militaires dans la zone indo-pacifique pour contrer l’influence accrue de la Chine dans la région, les autres pays n'ont d'autre alternative que d’y riposter en formant eux aussi des alliances. Pour Joe Biden et d’autres hommes politiques américains, se concentrer seulement sur l'Asie de l'Ouest et du Sud-Ouest signifie que les États-Unis et leurs alliés ont cédé la zone Indo-Pacifique aux Chinois comme terrain de concurrence du XXIe siècle au rival traditionnel qui est une puissance stratégique, tant à l’échelle régionale qu’internationale.
En d'autres termes, l’ère de stabilité de l'après-Seconde Guerre mondiale où les États-Unis étaient le pilier de l'ordre mondial est révolue ; d’où les efforts fournis par Washington pour consolider sa position sur la nouvelle scène bien qu’ils se soient rendus compte que leur suprématie militaire à travers le monde prend fin.
Biden, étant prêt à se retirer partiellement des sphères d’influence plus anciennes des États-Unis, le Moyen-Orient, entre autres, afin de défier ses rivaux classiques russo-chinois dans l'Indo-Pacifique, n'a d'autre choix que de redéfinir les anciennes alliances et d'en créer de nouvelles. L’exemple clair en est le traité de sécurité d’« Aukus », un accord militaire entre les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Australie pour lequel les Américains ont contourné la France, un ancien partenaire.
Résistance, meilleure option pour réduire les effets de la pression
Au cours de ces dernières années, la stratégie de défense américaine a été basée sur l'hypothèse que la Russie et la Chine, en tant que puissances révisionnistes, tenteraient d’affaiblir la position américaine et d’imposer leurs modèles à l’ordre mondial.
En réponse à une question sur la coopération Iran-Chine, Biden a affirmé le 28 mars 2021 qu'il était préoccupé par cette question depuis plusieurs années. Cela montre que plutôt que leurs partenaires européens, les États-Unis sont de plus en plus inquiets sur la convergence croissante entre l’Iran, la Russie et la Chine.
À vrai dire, les gouvernements au pouvoir en Iran, en Russie et en Chine sont d’une identité politique indépendante, qui les autorise à défendre leur existence. Au moment où les États-Unis parlent ouvertement de créer de nouvelles alliances et de renforcer les anciennes coalitions sous prétexte de se tourner vers les pays de la zone Indo-Pacifique, les États qui ne font pas partie des alliances américaines n'auront d'autre choix que de faire de même pour déjouer les conspirations américaines.
Le 23 octobre, des navires de guerre chinois et russes ont traversé pour la première fois le détroit qui relie la mer du Japon à l'océan Pacifique dans le cadre d'un exercice maritime conjoint, qui pourrait être interprété comme le début d’une coopération tripartite dans la région stratégique du Pacifique.
Dans le même temps, la Chine et la Russie cherchent à créer un nouvel ordre mondial, en créant des instances internationales telles que l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et l'Union économique eurasienne (UEEA), ainsi qu’en réalisant des projets tels qu’« Une ceinture, une Route ».
Dans ce cadre, le durcissement des sanctions occidentales n’a eu pour conséquence que de rapprocher les trois pays que sont l'Iran, la Russie et la Chine et d’augmenter leur capacité de résistance à la pression : lors des pourparlers de Vienne, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a évoqué la nécessité de lever les sanctions contre l'Iran tandis que son homologue russe, Sergueï Lavrov, a souligné la convergence entre Moscou et Pékin sur la nécessité du retour des États-Unis à l’accord nucléaire iranien. Pour sa part, le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, indique que « les représentants de la Chine et de la Russie à Vienne jouent un rôle positif dans les pourparlers sur la levée des sanctions, en soutenant les droits nucléaires de la République islamique d'Iran et insistant sur la levée des sanctions illégales contre Téhéran. De tout cela, il ressort que la convergence tripartite Téhéran-Moscou-Pékin va dans le bon sens.