Les forces affiliées aux Émirats arabes unis, qui étaient stationnées le long de la frontière occidentale du Yémen et sur les rives de la mer Rouge, ont quitté la plupart de leurs positions. En fait, elles ont évacué une zone de 120 km de large et 10 km de profondeur. Il s'agit d'un événement majeur qui annonce des changements fondamentaux et géopolitiques dans le processus de la guerre au Yémen. Et comment ?
En effet les tentatives saoudo-émiraties de bloquer la connexion d'Ansarallah à la mer Rouge datent des premières heures de la guerre. Saoudiens et Émiratis avaient pour objectif dès le début de mettre les Yéménites dans une situation très difficile et de briser leur résistance, mais ce qui s'est passé sur place est le contraire et c'est le plan des Saoudiens et des Émiratis qui s’est soldé par un échec. En effet, après environ cinq ans de tentatives visant à occuper la côte ouest du Yémen, ils ont finalement été contraints de quitter une grande partie de la côte.
Au fait, la victoire d'Ansarallah à Hudaydah ouvrira la voie sur le monde extérieur et cette victoire constitue un événement stratégique, beaucoup plus important que la libération de Maarib. Parce que Maarib se trouve au centre du Yémen, tandis que Hudaydah est une porte d'entrée des plus strategiques de la région de Bab et- Mandeb.
Or cet échec émirato-saoudien à maintenir Hudaydah est plus qu'un aveu la coalition ayant admis son échec, et l’acceptation de la défaite affecte naturellement le moral des agents saoudiens-émiratis à Taëz, à Aden, à Mukalla et dans d'autres zones sous leur contrôle. Le politologue Saadollah Zarei affirme: « Au cours de ces derniers jours, les combattants d’Ansarallah avaient porté des coups durs aux forces émiraties et à leurs agents depuis trois axes. »
« Les Émiratis se sont rendus compte qu'après la fin de l'opération de l'armée yéménite et d'Ansarallah à Maarib, qui est très imminente, la prochaine destination sera Hudaydah; ils ont donc décidé de quitter la ville côtière à l'avance afin d'éviter d'une manière ou d'une autre une perte définitive et de suggérer que “nous nous sommes retirés intentionnellement”, et ce alors que l’évacuation de Hudaydah n'était pas un choix pour Abou Dhabi, mais une contrainte », a-t-il dit avant d'ajouter : « Ce qui s’est passé sur la côte ouest du Yémen, augmente la pression sur les Saoudiens, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, et affaiblit gravement la position de l'Arabie saoudite. Surtout que celle-ci est toujours sous pression, pression qui s'intensifiera après la fuite des forces émiraties des côtes occidentales du Yémen.
Pour Abou Dhabi et ses alliés, la guerre au Yémen est terminée et ils doivent accepter la situation actuelle en faveur d’Ansarallah. Dans les prochains jours, il paraît que nous assisterons à une série de pourparlers directs entre Ansarallah et les parties du sud (forces soutenues par les Émirats arabes unis) pour mettre fin à la guerre au Yémen. »
Signe des temps l'annonce de la libération de Hudaydah a coïncidé avec l'abattage d'un septième drone dans le ciel de Maarib.
Dans un communiqué, le général Yahya Saree, porte-parole des forces armées yéménites, a déclaré que le drone avait été abattu avec une « arme appropriée » au-dessus du district d'al-Juba.
Il s'agissait du deuxième drone ScanEagle à être abattu par les défenses aériennes d’Ansarallah au-dessus de Maarib en moins d'une semaine, et le sixième cette année.
Le 20 juin, un premier drone a été abattu au-dessus du district de Sirwah. Le 21 juin, un deuxième a été abattu au même endroit. Le 14 août et le 27 septembre, un troisième et quatrième drones ont été abattu au-dessus du district de Medghal. Le 9 novembre, le cinquième drone a été abattu au-dessus du district d'al-Juba.
Le drone était très probablement une variante du ScanEagle 2 qui est entrée en service dans l'armée américaine en 2014. Cet exemplaire a une vitesse de pointe de 148 km et une autonomie de plus de 16 heures. Il est principalement utilisé pour des missions d’espionnage. Il est équipé d'un capteur capable de jour et de nuit, d'un système vidéo entièrement numérique et d'un système de navigation avancé.
Les États-Unis ont peut-être utilisé des drones ScanEagle pour espionner l'offensive en cours d’Ansarallah contre la coalition dirigée par les Saoudiens. Une autre possibilité est que ces drones aient été livrés à l'Arabie saoudite plus tôt cette année dans le cadre d'un contrat non annoncé.
Il convient de noter que l'administration Biden a prétendu qu'elle avait mis fin au soutien « offensif » à la coalition plus tôt cette année.
Elles annoncent que les forces armées yéménites se trouvent à trois ou quatre kilomètres du point de sécurité d'al-Falaj à l'entrée sud de Maarib.