Dans un article du 20 août, paru dans le journal israélien Israel Hayom, Eldad Beck écrit que l'Iran est le plus grand gagnant des évolutions que traversent l’Afghanistan parce qu'il peut maintenant affirmer qu'il a besoin de fabriquer une arme nucléaire pour se défendre des menaces provenant de tous les côtés. « Les talibans en Afghanistan n’ont pas étayé l'argumentation iranienne selon laquelle Téhéran doit être équipé d’armes nucléaires contre les menaces sécuritaires de toutes parts ? », s’interroge l’auteur de l’article. En juin 2014, lorsque Daech a commencé à s’enraciner en Irak, un haut-commandant kurde a déclaré qu’on pourrait en finir avec ce groupe terroriste en deux semaines, mais personne n'a montré aucun intérêt à le faire. Ce commandant kurde a ensuite révélé les noms des groupes et des pays qui voulaient maintenir la survie de Daech, parmi lesquels les États-Unis.
L'administration Obama a appuyé Daech pour inciter l'Iran à entrer dans une guerre contre le terrorisme. Les Américains voulaient se rapprocher de l'Iran, ce qui signifie qu'il pouvait se présenter comme un partenaire dans la guerre contre le terrorisme. Washington avait une excuse pour présenter l'Iran comme une entité avec laquelle ils pouvaient et devaient négocier .Un an plus tard, l'accord nucléaire a été signé.
L'actuelle administration démocrate a-t-elle décidé de se retirer de l'Afghanistan pour que l'Iran puisse à nouveau être considéré comme une entité sur laquelle elle peut compter dans la bataille commune contre le terrorisme ? Le retrait américain est-il destiné à ouvrir la voie à un accord nucléaire renouvelé ? Ou pire, les talibans viennent étayer les justifications de l’Iran de se renforcer contre les menaces sécuritaires ? Pour quelle raison les Américains ont-ils insisté sur un retrait aussi humiliant d'Afghanistan ?, s’interrogent les experts estimant que Kaboul ravive la mémoire de Saïgon, de la guerre du Vietnam. Interrogé en juillet sur le retrait final des troupes américaines d’Afghanistan, après vingt ans de conflit, le président Joe Biden avait refusé d’y voir un parallèle avec le retrait du Vietnam en 1975.
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« Il n’y aura pas de situation où vous verrez des gens se faire exfiltrer en hélicoptère depuis le toit de l’ambassade américaine en Afghanistan, avait-il martelé. Ce n’est pas du tout comparable ».
Pourtant, au lendemain de la prise de Kaboul par les talibans, de nombreux internautes ont partagé un cliché d’Associated Press montrant un hélicoptère de l’armée américaine quittant l’Afghanistan, ce 15 août 2021. Beaucoup ont alors fait le rapprochement avec la photo, étrangement similaire, d’un même hélicoptère, quittant Saïgon, au Vietnam, après la défaite américaine, le 30 avril 1975. À l’époque, ce n’était pas les talibans, mais l’armée du Nord Vietnam et le Front de libération du Sud-Vietnam (Viet Cong) qui avaient alors repris la capitale, rebaptisée ensuite Hô Chi Minh Ville. Selon l'AP, il s’agit d’un cadeau du ciel, offert à Téhéran et l’agenda n'aurait pas pu être mieux choisi : les images de forces militaires américaines fuyant, vaincues, d'un État musulman sont une formidable incitation à la politique iranienne, même si le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan pourrait renforcer l'axe anti-iranien au Moyen-Orient. Les talibans à confession sunnite étaient autrefois soutenus par les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite. Mais aujourd'hui, le Qatar, allié arabe de l'Iran a établi des relations étroites avec ce groupe.
Mais la situation au Moyen-Orient évolue rapidement. Les Iraniens, s’opposent comme toujours aux Américains. Ils savent à quel moment agir. Après les attentats du 11 septembre 2001, les Iraniens ont tenu des réunions secrètes avec les Américains et leur ont transmis des renseignements sur les talibans car ils voulaient les éradiquer. Ces dernières années, l'Iran a établi des liens avec les talibans. Téhéran peut désormais instrumentaliser ce groupe pour concrétiser ses revendications. Il cherche à convaincre plus que jamais l'Occident, qu’il se sent menacé par l'Afghanistan, et il est un allié avec qui ils doivent négocier.
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Les Européens craignent l’afflux de déplacés. L'Iran a déjà mis en place une zone frontalière pour les accueillir. L'Europe serait heureuse de payer l'Iran pour s'assurer qu'ils y restent. À l’époque où il semblait que Téhéran était confronté aux défis importants, l'Iran s'est avéré être le grand gagnant du retrait américain.