« Téhéran pourra désormais fermer le détroit d’Hormuz pour des raisons politiques sans que son revenu pétrolier soit touché », écrit le site web spécialisé Oil Price. Et si l'axe US OTAn commettait la bêtise de provoquer l'Iran?
Le 22 juillet 2021, l’oléoduc de transfert de pétrole brut de Goureh à Jask a été inauguré lors d’une cérémonie officielle en présence de l’ancien président iranien Hassan Rohani. Ce projet, de pure réalisation iranienne malgré les sanctions et pressions, revêt des aspects stratégiques et sécuritaires plutôt qu’économiques.
« Cet oléoduc doit permettre à Téhéran d'exporter du pétrole à partir de Jask, sur le golfe d'Oman, en gagnant quelques jours de navigation par rapport au port pétrolier de Kharg, dans le Golfe [Persique, NDLR], et surtout d'éviter le détroit d'Hormuz, au cœur de vives tensions stratégiques ces dernières années entre l'Iran et les États-Unis », a écrit France 24 à ce moment-là.
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« Aujourd'hui, la première cargaison de 100 tonnes de pétrole est chargée en dehors du détroit d'Hormuz », a déclaré Hassan Rohani dans un discours télévisé le 22 juillet, la qualifiant d'« étape importante pour l'Iran » qui « sécurisera la pérennité de notre exportation de pétrole ».
Selon Oil Price, « le nouveau terminal, situé près de la ville portuaire de Jask, permettra aux pétroliers d'éviter le détroit d'Hormuz à la tête du golfe Persique, par lequel transite un cinquième de la production mondiale de pétrole ».
Rohani a déclaré que l'Iran avait l'intention d'exporter 1 million de barils par jour de pétrole de l'installation, ce qui, selon les responsables, coûtera quelque 2 milliards de dollars.
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Bref, l’inauguration de l’oléoduc Goureh-Jask et le terminal pétrolier de Jask permettront à l’Iran de non seulement contourner les sanctions imposées par les États-Unis, mais en plus d’entraver la circulation des pétroliers qui traversent le détroit d’Hormuz.
En outre, grâce à cet oléoduc, la quantité de pétrole que l’Iran pourra transférer à la Chine et à d’autres clients asiatiques connaîtra une hausse considérable.
Un professionnel de l’industrie d’hydrocarbure qui travaille pour le ministère iranien du Pétrole a déclaré, sous l’anonymat, que l’exploitation de l’oléoduc Goureh-Jask ne laisserait plus les Américains paralyser le secteur pétrolier de l’Iran en ciblant ses terminaux d’exportation à Lavan ou sur l’île de Siri.
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Au terminal de Jask, le pétrole est stocké à l’intérieur de 20 réservoirs dont chacun a une capacité de 500 000 barils (au total 10 millions de barils) pour qu’il soit chargé, plus tard, dans des VLCC (l'acronyme de Very Large Crude Carrier, soit en anglais "très grand pétrolier transporteur de brut") qui partiront du golfe d’Oman pour se diriger vers la mer d’Arabie et ensuite l’Océan indien.
La deuxième phase de ce projet prévoit le stockage de 30 millions de barils, d’autant plus que les VLCCs seront déployés à l’intérieur des installations navales.
Par ailleurs, un système d'amarrage à bouée sur point unique (SPM), ayant une capacité de chargement de 7 000 mètres cubes par heure, vient d’être installé à Assalouyeh, dans le sud de l’Iran ; ce qui permettra au pays d’augmenter la capacité de chargement des condensats de gaz sur le géant champ gazier Pars-Sud.
Selon une source concordante iranienne, « de nouveaux systèmes d'amarrage à bouée sur point unique seront installés sur le golfe d’Oman durant les mois à venir ».
En plus, le projet de la construction de l’oléoduc Iran-Pakistan-Chine serait très probablement finalisé, ce qui permettra à l’Iran de faire partie des projets pakistanais ; un grand intérêt stratégique pour Téhéran.